Donner une voix à l’itinérance en Haute-Côte-Nord
La Nuit des sans-abri était organisée pour la première fois en Haute-Côte-Nord l'an dernier. Photo Johannie Gaudreault
Les personnes sans domicile fixe ne vivent pas toutes à Montréal ou Québec. L’itinérance est un enjeu en Haute-Côte-Nord alors que 16 cas ont été recensés depuis janvier. La Nuit des sans-abri était l’occasion de leur donner une voix.
Pour une première fois, la Nuit des sans-abri était organisée le 20 octobre en Haute-Côte-Nord, à Forestville, là où on retrouve le plus de problèmes d’itinérance sur le territoire. Sur les 16 cas listés, 13 concernent des Forestvillois.
Le travailleur de rue du Centre de dépannage des Nord-Côtiers, Marc-André Fortin, dévoile réaliser 80 % de ses interventions à Forestville et assure que l’itinérance est bien présente dans notre coin.
« L’itinérance prend différentes formes ici, partage-t-il. Ce sont des gens qui se font mettre dehors de leur logement, j’en ai beaucoup sur l’aide sociale, du monde qui ne trouve pas de logement puisqu’ils n’ont plus de nom dans la ville pour travailler ou pour se trouver un logement. On ne verra pas personne dormir sur les bancs. »
En tant que travailleur de rue, M. Fortin accompagne les sans-abri en les aidant à trouver une solution à leur problème.
« J’ai un gars qui reste dans un campeur. Pour cet hiver, on est en train de l’aider à l’isoler un peu. On lui a acheté une chaufferette électrique pour qu’il ait de la chaleur tout l’hiver. Il est là parce qu’il a une dette de ticket et le seul moyen pour lui de payer sa dette, c’est d’avoir zéro frais de logement », raconte-t-il.
Les enjeux de santé mentale font aussi partie du phénomène. C’était le cas pour un jeune qui n’a pas voulu collaborer avec l’organisme.
« Il a dormi dans le cabanon d’un OMH pendant un mois jusqu’à ce que la police vienne l’avertir qu’il n’avait pas le droit. Ils ont changé les cadenas. Il n’a pas accepté notre aide », témoigne Marc-André Fortin, qui œuvre au Centre de dépannage depuis bientôt un an.
Infirmier auxiliaire de formation, M. Fortin fait de l’itinérance sa priorité puisque selon lui, « c’est le pire problème ». « J’ai du budget pour les aider. Ils mangent, on va même leur payer des nuits à l’hôtel quand ça n’a pas de bon sens. On a aussi des ententes pour de l’hébergement d’urgence l’hiver et l’été. »
« Ils n’ont pas de voix »
Pour le coordonnateur clinique au Centre de dépannage des Nord-Côtiers, Philippe Vaugeois, « il fallait » organiser la Nuit des sans-abri cette année, pas dans le but de bien paraître, mais « pour créer un mouvement qui vient du milieu ».
« C’est une branche de la population qui est sous-représentée. On ne les voit pas, ils n’ont pas de voix. On est là en tant que représentant de ces gens-là, pour leur donner une voix et leur donner des plateformes », ajoute-t-il.
« La Nuit des sans-abri, ça souligne que ça existe, ça reconnaît qu’il y a des gens qui vivent des difficultés à travers ces situations-là. Puis, ça donne le message qu’on veut s’en occuper aussi », poursuit M. Vaugeois.
Le coordonnateur clinique souligne que dans la région, on fait plutôt face à de l’itinérance cachée. « Je vais coucher sur le sofa d’un ami jusqu’à ce que la chicane prenne et que je devienne indésirable. Je vais ailleurs, j’essaye de me stabiliser et ça ne marche pas », explique-t-il en mentionnant que « souvent, ce sont des gens qui ont subi des traumas complexes ».
La pénurie de logements fait aussi partie de la problématique. « Ce qu’on voit, ce sont des transformations de logements qui deviennent inabordables, des logements loués seulement pour les travailleurs de la santé ou étrangers. Ça fait partie de la réalité », fait savoir Philippe Vaugeois.
« Les rénovictions, les gens qui sont incapables de payer leur loyer parce que le coût de la vie augmente, ils n’y arrivent plus. Ce sont toutes des raisons pourquoi les gens se retrouvent à la rue ou proches de l’être », renchérit-il.
Un événement festif
L’événement en est à sa 34e édition au Québec et se veut une façon de sensibiliser à l’itinérance. Organisé par le Centre de dépannage des Nord-Côtiers en collaboration avec la Ville de Forestville, les pompiers et le Motel 4 saisons, l’événement a rassemblé une vingtaine de personnes.
Philippe Vaugeois est étonné de l’implication des partenaires qui ont permis notamment d’offrir un ragoût irlandais et du pain frais aux gens présents. Feu de joie, animation, système de son et chapiteaux étaient aussi de la partie.
Toute la population était invitée à l’activité. Il était possible de faire don de vêtements chauds qui seront remis à des gens dans le besoin par le Centre de dépannage des Nord-Côtiers.
« On invite la population à être solidaire, à participer pour souligner la réalité et montrer la volonté de travailler à améliorer la situation de l’itinérance », affirme M. Vaugeois assurant que la Nuit des sans-abri est avant tout un événement festif et positif.
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