Grèves du secteur public: le terme «flexibilité» de Legault contrarie le front commun

Par Katrine Desautels 2:02 PM - 10 Décembre 2023 La Presse Canadienne
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Les travailleurs de la santé et des services sociaux du Québec font grève devant l’hôpital du CHUM à Montréal, le mardi 21 novembre 2023, alors que quatre syndicats représentant environ 420 000 travailleurs ont débrayé pour une grève de trois jours partout au Québec. Des centaines de milliers de travailleurs du secteur public québécois, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation, devraient faire grève aujourd’hui pour une deuxième journée.LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi

La «flexibilité» que demande le premier ministre François Legault dans les négociations des conditions de travail du secteur public ne passe pas auprès du front commun, qui a dénoncé dimanche matin le manque de sentiment d’urgence de la part du gouvernement.

Le front commun intersyndical, qui regroupe la CSN, la CSQ, l’APTS et la FTQ, soit 420 000 travailleurs, débraie pendant une séquence de sept jours jusqu’au 14 décembre. Le groupe syndical se dit prêt à déclencher une grève générale illimitée s’il n’y a pas d’entente avec le gouvernement d’ici la fin de l’année.

Il est prévu que les quatre membres du front commun se réunissent de nouveau les 18 et 19 décembre pour faire le point sur l’évolution de la négociation.

«Nous, les syndicats, nous sommes prêts à négocier 24h/24 sept jours sur sept jusqu’au 19 décembre pour avoir une entente de principe, a déclaré en conférence de presse dimanche Maxime Ste-Marie, président du Conseil provincial des affaires sociales du Syndicat canadien de la fonction publique. Après ça, on prendra les moyens qu’il faut pour se faire entendre, mais c’est sur qu’après les Fêtes, il va falloir évaluer tous les moyens. […] S’il faut se rendre en grève générale illimité après les Fêtes, on le fera.»

Des médiateurs sont entrés en scène à certaines tables sectorielles en fin de semaine, mais cela n’est pas suffisant selon le front commun.

Les tables sectorielles sont celles où sont négociées les conditions de travail autres que les salaires et le régime de retraite, dans les secteurs comme l’éducation et la santé. Les parties y discutent par exemple des mouvements de personnel et de l’organisation du travail.

Mercredi, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a déposé une nouvelle offre salariale de 12,7 % sur cinq ans à l’ensemble des employés de l’État, mais les syndicats l’ont trouvée insuffisante.

Jeudi, le premier ministre François Legault a dit être prêt à se montrer plus généreux «au plan monétaire», mais il exige en revanche plus de souplesse dans l’application des conventions collectives.

En faisant référence au terme «flexibilité» que M. Legault a répété à mainte reprise vendredi au sujet des négociations, laprésidente du Syndicat québécois des employées et employés de services, Sylvie Nelson, a vivement critiqué la flexibilité demandée par le premier ministre.

«On aurait aimé ça que ses représentants patronaux aux tables sectorielles soient flexibles et qu’ils négocient en fin de semaine. Ils ont refusé de négocier en fin de semaine», a-t-elle affirmé.

M. Ste-Marie a abondé dans le même sens. «C’est une grève historique, a-t-il souligné. C’est la plus longue grève, sept jours consécutifs pour un front commun dans les 50 dernières années. Malgré cela, aucun sentiment d’urgence au niveau patronal aux tables de négociation sectorielles. Ici, on représente des travailleurs de la santé, la majorité des tables de négociations ne négocie pas ce week-end, c’est inacceptable.»

Les autres grèves

À compter de lundi prochain, ce sera au tour de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) de débrayer également. L’organisation syndicale qui représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques sera en grève jusqu’au 14 décembre aussi.

Ces deux grèves qui touchent le secteur de la santé entraîneront des reports dans les chirurgies et les différents rendez-vous.

Ces grèves du front commun et de la FIQ s’ajoutent à celle, illimitée, des 66 000 enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement, amorcée le 23 novembre, et qui n’a pas été interrompue depuis.

-Avec des informations de Lia Lévesque.

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