Le duc-d’Albe éclipsé par le pont

Par Shirley Kennedy 14 décembre 2016
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L’architecte du Groupe en Recherche Urbaine, Pierre Brisset lors de la présentation de son mémoire devant la Commission d’enquête. Photo Haute-Côte-Nord

L’architecte du Groupe en Recherche Urbaine, Pierre Brisset lors de la présentation de son mémoire devant la Commission d’enquête. Photo Haute-Côte-Nord

Tadoussac – La seconde partie de la commission d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur le projet de construction d’un duc-d’Albe au quai garage de Tadoussac, a donné lieu à des discours concordants dans l’ensemble. Ce sont une vingtaine d’intervenants qui sont passés à tour de rôle devant la Commission, chargée d’entendre l’opinion et les suggestions du public, pour qui le duc-d’Albe n’était que prétexte dans la majorité des cas.

Outre les données plus techniques présentées par l’architecte Pierre Brisset, premier intervenant de cette seconde partie de l’audience publique, les allocutions et mémoires des maires, représentants de la MRC, représentants socio-économiques et industriels abondent tous dans le même sens: le pont est une nécessité pour la pérennité de la Côte-Nord et la sécurité des utilisateurs de la route 138.

L’architecte Brisset, montage visuel à l’appui, a voulu faire la preuve qu’il est possible de construire un pont à des coûts raisonnables (entre 250 et 300 M$ par des soumissions à l’international) et plus en retrait afin de préserver le cachet de Tadoussac. À long terme selon Pierre Brisset, un pont permettrait au gouvernement d’économiser 25 M$ par an par rapport au maintien des traversiers.

Le maire de St-Siméon, Sylvain Tremblay, a mentionné qu’il n’entretenait plus d’espoirs de la part du gouvernement pour la construction d’un pont. L’élu de Charlevoix préconise une concertation d’envergure des municipalités et MRC. « Je propose que les municipalités et les MRC qui longent la route 138, financent, avec l’aide de la Caisse de dépôt du Québec, l’infrastructure (ou même le privé) ».

En très forte présence, la délégation de Sacré-Cœur (représentants de Bersaco, de Boisaco, de Sacopan, de Ripco, de la Société de développement, mairesse Gagnon, Jeannot Simard et Marc Gilbert) a parlé d’une seule voix, enjoignant Michel Germain et Jacques Locat, président et commissaire de la Commission d’enquête, d’oublier le duc-d’Albe, de ne pas affecter les nouveaux traversiers qui ont été commandés et de mentionner au gouvernement du Québec que la construction d’un pont s’avère la seule et unique solution pouvant résoudre toutes les problématiques rattachées au développement durable de la Côte-Nord.

Pierre Breton, vice-président de la Société du Pont sur le Saguenay, a proposé qu’on invite les gens à se prononcer pour ou contre la construction d’un pont via une vaste consultation. « C’est difficile d’accepter qu’un ministre nomme une commission pour un poteau sans se préoccuper de le faire pour faire construire de nouveaux traversiers », a-t-il mentionné.

Claire Gagné, propriétaire de l’Auberge Maison Gagné, a partagé son impatience quant au dossier du réaménagement de la route qui est à l’étude depuis 2009. « Comment nos élus peuvent-ils laisser de petites familles inconscientes du danger demeurer stationnées au bas d’une pente de 10% sur 2 km avec des mastodontes chargés qui doivent eux aussi s’immobiliser derrière eux dans les mêmes conditions. C’est pourquoi la construction d’un bassin de rétention est nécessaire afin de les placer en retrait et hors de tout danger ». Mme Gagné a confirmé que les trois commerces touchés par la file d’attente (incluant le sien), ont proposé d’être relocalisés pour qu’on réalise le bassin de rétention.

Jour 2

L’audience s’est poursuivie le lendemain alors que deux intervenants se sont prononcés en faveur de la construction d’un duc-d’Albe au quai de Tadoussac afin d’assurer la pérennité du service de traversiers entre Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac. Le maire de la municipalité de Tadoussac, Hugues Tremblay, maintient toujours sa position, mais espère avoir une route plus sécuritaire à Tadoussac. « Nous désirons réitérer notre appui au projet en vue d’accueillir les futur traversiers afin de maintenir et bonifier les services actuels », déclare-t-il. De plus, Guy Therrien, un citoyen de Tadoussac, s’est prononcé en désaccord avec la plupart des intervenants, en mentionnant que les problématiques relevées ne se produisent pas à chaque jour tout au long de l’année. Ce dernier affirme que lorsque les différentes personnes parlent de trafic, de syndrôme de la traverse ou d’achalandage, cela reflète seulement quelques jours dans une année. La Corporation Véloroute des Baleines, de son côté, désire simplement s’assurer que les travaux de construction d’un duc-d’Albe vont demeurer sécuritaires pour les usagers de la véloroute. Cependant, six de ces huit personnes qui ont présenté un mémoire le mercredi matin, demandent fermement d’abandonner la construction d’un duc-d’Albe. La municipalité des Escoumins ainsi que celle des Bergeronnes se sont exprimées sur le sujet. André Desrosiers, maire des Escoumins, a déclaré : « L’élément-clé permettant de contrer les inconvénients et d’assurer une qualité de vie à la population demeure la construction d’un pont sur le Saguenay. » Dans le même sens, Francis Bouchard, maire des Bergeronnes, accompagné de Joëlle Pierre, agente de développement de la municipalité, ne croit pas que ceci améliorera la situation économique, sociale, touristique et environnementale. « C’est un plaster sur un cancer », ajoute M. Desrosiers. Paul Joncas, directeur de la Société d’expansion de Baie-Comeau, abondait dans le même sens que la majorité des intervenants et s’est opposé au projet de construction du duc-d’Albe au coût de 1 M$.

En de nombreuses occasions, le président de la Commission d’enquête, Michel Germain, a répété que l’évaluation de la pertinence d’un pont n’était pas dans le mandat qui leur était dévolu mais qu’ils « allaient tenter de porter l’essentiel de leur message jusqu’au ministre ». Le rapport du BAPE sera remis au plus tard le 6 mars 2017 au ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel. Ce dernier disposera par la suite de 60 jours pour rendre le rapport public.