Mason Graphite commencera la construction cet automne

Par Charlotte Paquet 10 août 2018
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Le président et chef de la direction de Mason Graphite, Benoît Gascon (à gauche), a effectué une mise à jour du projet du lac Guéret lors d’une séance d’information publique tenue à Baie-Comeau mercredi soir. Il était accompagné de Luc Veilleux, vice-président exécutif et chef de la direction financière. Photo Le Manic

Le président et chef de la direction de Mason Graphite, Benoît Gascon (à gauche), a effectué une mise à jour du projet du lac Guéret lors d’une séance d’information publique tenue à Baie-Comeau mercredi soir. Il était accompagné de Luc Veilleux, vice-président exécutif et chef de la direction financière. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Avec en poche le décret gouvernemental l’autorisant à réaliser son projet d’exploitation du gisement du lac Guéret depuis quelques semaines, la minière Mason Graphite est plus que jamais à deux pas de lancer les travaux de construction de son usine de traitement de Baie-Comeau. Et ce n’est pas l’arrivée prochaine de la saison froide qui l’en empêchera.

Fidèles à une tradition de début d’été instaurée en 2015, les hauts dirigeants de l’entreprise ont fait le point avec la population sur leur projet le 11 juillet. Près de 80 personnes ont assisté à la présentation. D’année en année, la rencontre permet de confirmer les avancées et, cette fois-ci, l’échéancier de réalisation s’est davantage matérialisé pour le projet de 200 M$, créateur de 100 emplois.

« Notre objectif, c’est de commencer la construction fin octobre début novembre. C’est sûr que commencer l’été, c’est mieux », a admis le président et chef de la direction de Mason Graphite, Benoît Gascon. Mais qu’à cela ne tienne, les travaux peuvent tout aussi bien s’amorcer en automne, selon lui. Un an plus tard, ce sera l’étape de la mise en service du concentrateur de Baie-Comeau. Au début de 2020, la production commerciale de poudre de graphite s’amorcera.

Quelques étapes restent cependant à finaliser avec le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDELCC), mais elles n’inquiètent pas la direction.

La confiance règne aussi concernant pour la recherche de financement. « Vu qu’on a levé de l’argent en début d’année (soit 45 M$), on en a un peu », souligne M. Gascon. Les discussions se poursuivent avec Ressources Québec, le Fonds de solidarité de la FTQ et la Caisse de dépôt et de placement du Québec en vue d’aller chercher des fonds. « Le timing qu’on a avec eux, c’est d’être capable de ficeler tout ça dans les deux prochains mois », précise-t-il.

Résidus à valoriser
Le traitement du minerai pour le transformer en poudre de graphite créera des résidus qui seront confinés dans un parc à résidus. L’entreprise met beaucoup d’efforts à trouver des façons de les valoriser ou même de les neutraliser complètement.

Quatre études sont en cours à cet effet. L’une d’elles concerne l’utilisation des résidus pour produire du géopolymère, un matériau qui pourrait remplacer le béton. Il est aussi question de production d’acide sulfurique, qui pourrait être utilisé par Mason dans ses produits à valeur ajoutée, créant de l’économie circulaire.

Parlant de valeur ajoutée, l’entreprise poursuit depuis près de trois ans les démarches en vue de la construction d’une usine de deuxième transformation de graphite à Baie-Comeau, à deux pas de son usine de traitement.

« On veut commencer l’étude de faisabilité avec les discussions avec les clients et, en 2019, arriver avec le plan défini, on a besoin de tant, ça va faire combien de volume et tels types de produits », cite en exemple M. Gascon. Il y a quatre ou cinq ans, rappelle-t-il, Mason Graphite ne planifiait pas lancer à Baie-Comeau la deuxième transformation du minerai extrait de son gisement du lac Guéret, mais la donne a changé.

Les marchés
Mason Graphite demeure le seul fabricant de graphite en Amérique du Nord, grâce à son usine de Mont-Laurier. L’arrêt des opérations d’extraction à sa mine du lac des Îles, amorcées en 1990 et rendues en fin de vie, devrait passablement coïncider avec le début de la production commerciale dans la Manicouagan.
Au fil des ans, les marchés continuent d’exploser. « Le marché est là. Il est en progression depuis tout le temps », assure le grand patron, qui exporte son graphite en Amérique du Nord et en Europe. L’Asie est sur son écran radar.

« La beauté du graphite, c’est qu’il y a beaucoup d’applications différentes. On n’est pas monoapplication. Ce n’est pas comme avec une mine de fer où si le marché s’effondre, tout s’effondre », explique en substance M. Gascon.

Le minerai comme tel n’est pas rare, assure-t-il. « Il y en a partout. Mais de l’exploiter commercialement, correctement et faire de l’argent avec, c’est plus rare. Il y a plus que démarrer une opération. Il y a un savoir-faire », raconte celui qui, dans les années 90, est le seul qui a survécu parmi tous les promoteurs qui ont tenté de transformer ce minerai.

Le graphite est un additif dans la fabrication d’innombrables produits. La poudre provenant de la première transformation est notamment utilisée dans les briques réfractaires pour les hauts fourneaux dans la production de l’acier, les garnitures de freins des automobiles, les lubrifiants et l’électronique derrière les écrans plats des téléviseurs.

Quant aux paillettes de graphite qui pourraient sortir d’une usine de deuxième transformation à Baie-Comeau, elles seraient intégrées aux batteries de lithium-ion des véhicules électriques, les batteries alcalines ou encore les garnitures de freins plus haut de gamme, entre autres choses.

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