Ligne Micoua-Saguenay – Les organismes économiques de la région y voient une menace

Par Steeve Paradis 6 mars 2019
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La directrice du développement socioéconomique chez Innovation et développement Manicouagan, Karine Otis, est accompagnée des préfets des MRC de Minganie et de Manicouagan, Luc Noël et Marcel Furlong, lors du dépôt du mémoire régional. Photo Le Manic

La directrice du développement socioéconomique chez Innovation et développement Manicouagan, Karine Otis, est accompagnée des préfets des MRC de Minganie et de Manicouagan, Luc Noël et Marcel Furlong, lors du dépôt du mémoire régional. Photo Le Manic

Baie-Comeau – « Ce mémoire est un cri du cœur. » Voilà, d’entrée de jeu, comment l’ensemble des organismes économiques et des MRC de la Côte-Nord ont lancé leur mémoire présenté au BAPE sur le projet de ligne électrique entre les postes Micoua et Saguenay, un projet de près de 700 M$.

« C’est la première fois que la Côte-Nord n’appuie pas un projet d’Hydro-Québec. » Cette affirmation de la directrice du développement socioéconomique chez Innovation et développement Manicouagan, Karine Otis, lors du dépôt du mémoire le 26 février, en dit long sur l’état d’esprit de la région face au projet.

Pour les signataires, le projet ne contribue en rien au développement économique nord-côtier. « Comment se fait-il qu’aucune stratégie à ce jour ne vise à doter la Côte-Nord des mêmes outils de développement que les autres régions du Québec? », soutient le mémoire.

La Côte-Nord économique estime plutôt que le projet cantonne la région dans son rôle de région productrice pour le reste du Québec. « On veut que les projets de la Côte-Nord aient les mêmes chances de se réaliser qu’ailleurs au Québec », a déclaré Mme Otis.

Le mémoire demande aussi au BAPE de se pencher sur « l’ensemble des éléments qui gravitent autour de la planification du déploiement du réseau électrique par Hydro-Québec et non simplement sur la construction de cette ligne et de ses impacts immédiats ».

Maximiser les retombées

Les MRC et ses organismes économiques exigent notamment que la société d’État « intègre l’ensemble des pratiques qui favorisent la maximisation des retombées économiques régionales dans ses contrats dans le cadre du projet ».

Ils insistent aussi pour que la clause de sous-traitance dans les contrats majeurs soit incluse dans le projet. « La Côte-Nord peut faire beaucoup de choses, mais pas construire la ligne », de faire valoir Karine Otis.

La région convient de la nécessité pour Hydro de sécuriser le corridor Manicouagan-Québec, l’un des principaux objectifs pour la construction de cette ligne. Mais elle réclame en contrepartie que la société d’État travaille à planifier le déploiement du réseau du transport local d’électricité pour favoriser les raccordements industriels au moindre coût possible.

« La Côte-Nord veut bien « fournir le Québec », mais elle a le même droit au développement que les autres régions et surtout, oui surtout, que l’est des États-Unis », conclut le mémoire.

Rappel du projet

Rappelons au passage que ce projet de ligne Micoua-Saguenay est d’une longueur de 262 kilomètres, prévoyant l’érection de près de 600 pylônes. Le tracé est situé à 88 % sur des terres publiques. Le promoteur devra acquérir 13 résidences, des droits de servitude sur 84 terrains privés et le déplacement d’un campement innu.

Pour cette deuxième phase d’audience publique, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement a reçu 13 mémoires, soit 11 en provenance du Saguenay-Lac-Saint-Jean et 2 de la Côte-Nord. L’autre mémoire provenait de la MRC de La Haute-Côte-Nord. Le BAPE a maintenant jusqu’au 20 mai pour déposer son mémoire au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Ce dernier disposera ensuite de 15 jours pour rendre ce rapport public.

Avec Charlotte Paquet

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