Pessamit veut innover avec une aire protégée autochtone

Par Steeve Paradis 9:03 AM - 4 Décembre 2020
Temps de lecture :

Le Conseil des Innus de Pessamit vient de rendre public son projet d’aire protégée dans le secteur du réservoir Pipmuakan. Outre bien sûr la protection des espèces fauniques qu’on y retrouve, Pessamit dit souhaiter que ce projet marquera un premier pas vers une réconciliation entre autochtones et allochtones.

Déposée au premier ministre François Legault il y a un mois, l’aire protégée projetée couvre une superficie de 2 761 kilomètres carrés. Elle se trouve près du réservoir du même nom, à environ 150 kilomètres au nord-est de la ville de Saguenay.

« Ce projet vise à protéger les derniers massifs de forêt intacts dans le secteur afin d’y préserver la culture et le patrimoine innus, ainsi que l’habitat du caribou forestier, une espèce en péril », fait valoir la Première Nation des Innus de Pessamit dans un communiqué.

« Le Pipmuakan nous permet de maintenir le lien avec notre territoire ancestral, un lien fondamental pour le maintien de notre culture et la survie de notre peuple », ajoute le chef de la communauté, Jean-Marie Vollant.

La survie du caribou forestier est l’un des enjeux de la création de cette aire protégée, soutient Pessamit, « afin de freiner le recul continu de l’aire de répartition de minashkuau-atiku ( le nom innu du caribou forestier) vers le nord ».

Si le Pipmuakan est aux yeux de la communauté un lieu de transmission et de partage de la culture, il représente également un espace de recherche et de cocréation des expertises innues et scientifiques.

« Depuis plusieurs années, nous cumulons les données d’observation fauniques, documentons nos connaissances traditionnelles et développons notre expertise sur ce territoire, tout particulièrement en lien avec de minashkuau-atiku, en étroite collaboration avec des experts et des chercheurs de divers milieux », a indiqué le chef Vollant.

Un projet pilote

Avec l’aire protégée Pipmuakan, Pessamit veut également développer un projet pilote en créant une aire protégée conçue et dirigée par des autochtones « dans le respect de la vision innue, qui saura assurer des retombées positives pour la communauté ».

La Société pour la nature et les parcs (SNAP) section Québec se range derrière le projet de Pessamit, qui contribuerait à ce que le Québec puisse atteindre sa cible de 17 % d’aires protégées d’ici la fin de 2020. À ce chapitre, il est minuit moins cinq secondes.

« Le projet de protection du Pipmuakan du Conseil des Innus de Pessamit démontre l’importance de mieux intégrer les valeurs bioculturelles et les visions du monde autochtone dans nos efforts de conservation », de lancer le directeur général de SNAP Québec, Alain Branchaud, dans un communiqué de l’organisme. Au passage, M. Branchaud invite le gouvernement à s’inspirer du projet de Pessamit « dans sa réflexion pour la mise en place d’aires protégées d’initiative autochtone ».

Jean-Marie Vollant convie pour sa part M. Legault à collaborer à la mise en place de l’aire protégée Pipmuakan dès maintenant. « Nous vous tendons la main afin d’effectuer ensemble un premier pas vers la réconciliation de nos peuples », a conclu le chef.

Partager cet article