Périodes de garde obligatoire imposées au personnel des urgences de Forestville et des Escoumins

Par Johannie Gaudreault 9:17 AM - 18 Décembre 2020
Temps de lecture :

Présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois, Nathalie Savard, dénonce les périodes de garde obligatoires imposées. Photo : Archives

La direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord est en train de « créer une situation explosive dans les urgences de Forestville et des Escoumins, selon le Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ).

« En voulant imposer des périodes de garde obligatoire aux infirmières durant leurs congés, elle les pousse au-delà de leurs propres limites humaines, ce qui devient irresponsable et dangereux », affirme Nathalie Savard, présidente du SIISNEQ-CSQ.

Mme Savard demande aux dirigeants du CISSS de la Côte-Nord « de retrouver leur bon sens et de renoncer à la garde obligatoire dans les urgences de Forestville et des Escoumins », par voie de communiqué.

« La quinzaine d’infirmières qui seraient touchées font déjà du temps plein, du temps supplémentaire et, certaines, des 12 heures. Il me semble que c’est déjà assez. C’est absolument inhumain d’exiger en plus de ces travailleuses qu’elles assument des périodes de garde durant leurs congés. Ces personnes ne sont pas des robots. Elles ont leur propre vie personnelle et leur famille. Jusqu’où a-t-on le droit de pousser des êtres humains? », questionne Nathalie Savard.

Cette dernière est d’autant plus choquée que la direction du CISSS de la Côte-Nord n’a jamais essayé de discuter avec le syndicat « avant de prendre une décision aussi insensée ».

« L’employeur a convoqué les infirmières pour leur annoncer qu’il allait mettre en place une garde obligatoire. Depuis le début de la pandémie, on essaie de nous forcer à faire de la garde pour assurer les services. La véritable intention de la direction est de profiter de la garde pour économiser sur le dos des infirmières », explique la présidente du SIISNEQ-CSQ.

En effet, il faut savoir que la travailleuse qui doit faire huit heures de garde n’est rémunérée que pour une heure de travail, rappelle Mme Savard.

« C’est une aubaine pour un employeur qui prévoit un déficit de plus de 42 M$ causé principalement par son recours à la main-d’œuvre indépendante. Une main-d’œuvre provenant du privé qui, elle, est exempte de l’obligation de faire de la garde ou du temps supplémentaire », ajoute la leader syndicale.

Nathalie Savard ajoute que lorsqu’une infirmière est de garde, de soir ou de nuit, elle doit nécessairement prévoir la présence d’une gardienne à la maison au cas où elle devrait aller travailler. Ce qui veut dire devoir payer une gardienne pour huit heures de travail, alors qu’on ne reçoit qu’une heure de salaire.

« L’employeur sait très bien qu’il abuse de son pouvoir et profite de la situation de crise sanitaire pour exploiter encore plus son personnel. C’est décourageant et les infirmières touchées sont bouleversées et profondément choquées », déclare-t-elle.

Intervention exigée du ministre de la Santé

De son côté, la présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), Claire Montour, appelle le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, à intervenir pour ramener à la raison la direction du CISSS de la Côte-Nord.

« Est-ce que le ministre va laisser l’employeur continuer à pousser les salariées à démissionner de leur poste pour aller joindre une agence privée, et ainsi revenir travailler aux urgences sans plus d’obligation de faire du temps supplémentaire et de la garde? Si la façon de gérer notre système public de santé du gouvernement de la CAQ est de permettre à des gestionnaires de pousser le personnel au bout de ses forces, c’est extrêmement inquiétant », conclut Mme Montour.

Partager cet article