(VIDÉO) Embâcles inquiétants sur la rivière Portneuf

Par Shirley Kennedy 7:00 AM - 5 janvier 2021
Temps de lecture :

Le secteur des « chutes du 22 » est le plus problématique avec un immense plateau de glace.

La situation sur la rivière Portneuf est devenue à ce point inquiétante qu’à la demande de la municipalité de Portneuf-sur-Mer, la MRC de La Haute-Côte-Nord, supportée par la direction régionale de la Sécurité publique, a pris les choses en main le 4 janvier.

Alors que plusieurs embâcles sur la rivière Portneuf ont été constatés sur une distance de trois kilomètres, le début des bouchons et aussi le plus impressionnant plateau de glace se situe à la hauteur de la chute à Boulé, communément appelée les « chutes du 22 miles ».

Les plateaux de glace ont entraîné un débordement de chaque côté du cours d’eau, se frayant un passage sur les terrains de villégiature. À ce jour, environ six chalets sont inaccessibles et près de la moitié sont d’ores et déjà considérés comme perte totale.

Une dizaine de résidences secondaires pourraient être affectées si la situation ne s’améliore pas. Les villégiateurs et utilisateurs du chemin de la rivière Portneuf craignent le débordement lorsque le courant emportera les embâcles, un phénomène qui pourrait mettre en péril leur sécurité.

Au moment d’aller sous presse, la préfète de la MRC de La Haute-Côte-Nord, Micheline Anctil, confirmait que les professionnels étaient « à pied d’œuvre sur le dossier afin de documenter l’état de la situation complète. »

De son côté, le directeur général de la municipalité de Portneuf-sur-Mer, Simon Thériault, confirme que son administration est en contact avec la haute direction de la Société Innergex dans ce dossier.

Rappelons que le phénomène est attribuable à la hausse du niveau de l’eau qui est passé de 1,5 à 2 mètres dans la nuit du 26 au 27 décembre, brisant le couvert de glace en aval du barrage PN1 de la Société Innergex.

Les accumulations d’eau de 80 mm et la fonte de la neige en raison du redoux ont ainsi causé ces embâcles sur la rivière, emportant une dizaine de cabanes de pêche.

Désolation

Michel Chamberland, propriétaire d’un chalet à moins d’un kilomètre des « chutes du 22 », a tenté de se rendre à ses installations en canot, mais le courant et la température de l’eau ont eu raison de lui et ses acolytes.

« Un drone a été utilisé pour visualiser le secteur et l’eau se fraie un chemin autour de mon chalet. Nous avons un petit espoir. C’est décourageant parce qu’au fil des années on investit temps et argent, mais on ne risquera pas nos vies pour ça », a-t-il laissé tomber.

D’autres propriétaires sur le qui-vive quant aux prochains soubresauts de la rivière Portneuf, opinent dans le même sens que M. Chamberland. France Martel et Carl Tremblay observent avec intérêt les clichés et vidéos envoyés par des connaissances. L’eau est à quelques mètres de leur chalet.

Les Longue-Rivois retiennent leur souffle et souhaitent qu’au final, il y ait plus de peur que de mal. « C’est plate mais c’est du matériel. On ne prend pas de risques et on attend », ajoute Mme Martel.

Hydro-Québec

Alors que la rumeur voulant que le débit du barrage Itomamo situé au Saguenay-Lac-St-Jean soit à l’origine du phénomène, Hydro-Québec a fait une mise au point, par l’entremise de Julie Dubé, Chef relations avec le milieu.

Cette dernière affirme que bien au contraire, le barrage Itomamo a servi à contrôler le cours de la rivière. La situation aurait été pire si une partie de l’eau provenant des pluies diluviennes n’avait pas été dérivée vers le réservoir Bersimis, selon Mme Dubé.

« Nos ouvrages sur la rivière Portneuf, dont le barrage Itomamo, nous permettent de soutirer de l’eau de la rivière pour la dériver vers le réservoir de Bersimis-1 et non l’inverse. Une petite quantité d’eau assure un débit écologique toute l’année dans la rivière. Le 25 décembre, le débit qui sortait de la vanne du barrage Itomamo était de 1,6 m3/s et les pluies ont fait gonfler la rivière ce qui a amené le débit à un maximum de 2,4 m3/s. C’est une petite quantité d’eau considérant le débit de cette rivière ».

Partager cet article