Centre sylvicole de Forestville : un trésor insoupçonné

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 31 mai 2023
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Le Haïtien Farlin Civil est technologue forestier au Centre sylvicole de Forestville depuis deux ans, mais il y travaille depuis quatre ans. Le voici accompagné de Chantale St-Pierre, employée de longue date.

S’il y a un endroit méconnu à Forestville, c’est bien le Centre sylvicole de Forestville. On ne peut imaginer que 15 millions de petits arbres y grandissent en moyenne annuellement et qu’il est l’un des meilleurs producteurs de la province. 

Pourtant, l’installation fait partie du paysage forestvillois depuis bientôt 40 ans (fondé en 1986). Au fil des années, le centre sylvicole s’est développé et, plus récemment, il s’est modernisé. C’est ce qu’a pu découvrir la dizaine de participants à la visite de l’entreprise le 27 mai dans le cadre du Mois de l’arbre et des forêts. 

Le nombre de tunnels qui servent à la production des différentes variétés de plants est en augmentation et s’élève aujourd’hui à 39. Les infrastructures sont maintenant équipées de robots automatisés pour l’arrosage des arbres ainsi que pour l’ouverture de la toile.

« Avant, tout était à la main pour ouvrir les toiles sur les côtés. Ça prenait 10 personnes le matin pour faire le tour et les ouvrir. Maintenant, avec l’automatisation, ça prend seulement une personne qui appuie sur un bouton », explique Farlin Civil, technologue forestier qui travaille au centre sylvicole depuis quatre ans. 

En ce qui concerne l’arrosage des tunnels, le nouveau système robotique permet d’humidifier et de fertiliser les plants en une ou deux journées. Il y a parfois des ratés, quand survient un problème avec le robot, mais ça demeure une meilleure option.

« Il y a 39 tunnels qui sont surveillés par 4 personnes. Ça peut donc arriver que si un robot s’arrête en plein milieu du tunnel, le surveillant ne s’en aperçoive que 10 minutes plus tard. Ça tue alors les arbres qui ont reçu trop de fertilisant », ajoute Chantale St-Pierre, responsable de l’ensemencement, qui œuvre au sein de l’entreprise depuis 34 ans. 

Elle peut d’ailleurs témoigner que le travail au centre sylvicole n’est plus le même qu’au début. « On est beaucoup mieux équipé aujourd’hui. Ce n’est plus difficile physiquement comme avant. Il faut aimer travailler dehors et parfois à la chaleur », soutient-elle. 

Pour se déplacer sur le vaste terrain, les employés ont une option plus verte désormais, soit des voiturettes de golf. « On a encore des quatre-roues pour ceux qui doivent aller plus rapidement d’un endroit à un autre », renchérit Mme St-Pierre. 

De minuscule graine à petit arbre 

Tout part d’une petite graine et, ensuite, tout le processus de production est assuré par l’équipe en place, ce qui peut prendre entre 1 an et demi et trois ans.

Les récipients de moyennes et petites dimensions (25, 36, 45, 67 et 113 cavités) sont préparés sur le site. 

Ils sont ensuite disposés dans les tunnels et les travailleurs débutent l’éclaircie, qui consiste à ne laisser qu’un seul arbre par cavité, soit le plus beau et le plus centré, et à le débarrasser de toutes les mauvaises herbes.

Leur cycle de vie se poursuit jusqu’à ce que les plants arrivent à l’étape de la livraison.

Ils sont tout d’abord classés par le personnel, puis inspectés par le ministère afin d’en assurer la conformité dans le respect des critères et des normes de qualité établis.

« C’est le ministère qui décide où seront plantés les arbres qu’on a produits. Ils sont parfois destinés à du reboisement sur la Côte-Nord, mais pas toujours. Ça arrive qu’on en produise pour d’autres régions », de faire savoir Chantale St-Pierre. 

Des travailleurs étrangers en renfort

Même si le travail au centre sylvicole n’est plus autant difficile physiquement, le manque de main-d’œuvre se fait sentir. Le caractère saisonnier de l’emploi n’aide pas à attirer des employés. 

« Avec les conditions actuelles offertes par l’assurance-emploi, les gens ne faisaient pas le tour et vivaient le trou noir à l’hiver. Ceux qui se trouvaient un autre emploi ne revenaient pas au printemps », se désole la responsable de l’ensemencement. 

En 2018, l’entreprise s’est tournée vers les travailleurs étrangers afin de compléter son équipe. Au total, 12 Guatémaltèques sont arrivés en poste cette année-là. Ils sont toujours revenus travailler à la pépinière saison après saison. Cette année, quatre nouveaux entrent en poste. 

« C’est vraiment agréable de les avoir avec nous. Ils se sont bien intégrés, ils parlent très bien français et ils sont habitués à la chaleur », souligne Mme St-Pierre, qui est surnommée la maman du groupe. 

Les travailleurs internationaux sont logés à même le site et ils ont aussi accès à une cuisine. Ils font partie de la grande famille du centre sylvicole et contribuent grandement à son succès. 

De son côté, Farlin Civil est originaire de Haïti. Il a choisi le Québec pour effectuer ses études en foresterie et il ne l’a plus quitté. 

« J’ai fait mes stages à la pépinière et j’ai décidé de rester. Je travaille donc plus en horticulture qu’en foresterie, mais j’aime les connaissances que j’ai apprises ici. Je vais dans la forêt pour le plaisir à la place », raconte-t-il. 

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