Un début de saison froid pour les agriculteurs

Par Renaud Cyr 8:15 AM - 2 juin 2023
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Plusieurs légumes sont cultivés en serre par les agriculteurs de chez nous, comme la tomate, le concombre, le poivron et l’asperge. Photo Serre Colombier

Les températures printanières ont somme toute été assez froides dans l’ensemble de la région, annonçant un début de saison lent pour les agriculteurs du coin. Bien que le plantage ne soit pas amorcé, les récoltes s’annoncent belles et les hausses de prix minimes.

Les cultures n’ont débuté qu’en serre pour le moment, et le plantage sera amorcé avec le retour des températures chaudes.

Cette semaine marquait l’arrivée du temps chaud et ensoleillé dans la région, avec des maximums dépassant 20 °C.

Même s’il est difficile pour nos agriculteurs de se prononcer sur la productivité de la saison estivale aussi tôt dans la saison, le départ en serre se déroule bien.

« On voit de jour en jour comment ça se passe », explique Barbara Sirois, cheffe horticultrice à la Serre Colombier. « Ça change à chaque semaine. Il a plu récemment et ça a apporté de la fraîcheur », poursuit-elle.

« Je vais commencer à semer bientôt, mais il fait quand même froid la nuit en ce moment. Malgré ça, ça va quand même très bien », de poursuivre la cheffe horticultrice.

La Serre Colombier fait affaire à l’externe pour les engrais et la tuyauterie, mais selon Barbara Sirois la légère hausse des prix n’aura pas d’impact dramatique sur le détail.

Même son de cloche du côté de la Bioferme du Nord de Forestville, où la culture n’a débuté qu’en serre pour le moment.

« Nous avons une serre de 32 pieds par 96 pieds et une petite pépinière de 25 pieds par 25 pieds dans lesquelles nous faisons pousser des tomates, des poivrons et des concombres », lance sa copropriétaire Karine Masseau.

« J’ai déjà commencé à récolter des asperges des 500 plants que nous avons plantés en automne dernier, et à venir jusqu’à maintenant, nous avons sorti environ 4 livres », dévoile-t-elle.

Du nouveau à l’horizon

Kristine Levasseur-Blanchette de la ferme Martial Jr. Hovington des Bergeronnes confirme le retour du service d’autocueillette implanté l’an dernier pour la saison 2022.

« L’an dernier nous avions déjà semé à pareille date, mais nous avions eu un épisode de gel qui a perturbé notre début de saison. Cette année, nous allons commencer les semences plus tard », indique-t-elle.

La ferme des Bergeronnes s’est récemment dotée d’une serre de 15 pieds de large par 100 pieds de long pour les tomates et les concombres, pour complémenter sa production existante d’une superficie de 0,8 acre.

« Cette année, nous avons augmenté notre superficie de 0,5 acre, et nous allons introduire le pois mange-tout. Tout le reste de nos récoltes sera en autocueillette du vendredi au dimanche », annonce-t-elle.

À la Serre Colombier, l’ancien bar situé en face de l’établissement a été acquis pour le transformer en kiosque de vente.

« Nous voulons faire un marché public pour la saison. Il ne sera peut-être pas prêt en début de saison, mais il sera ouvert plus tard au courant de l’été », assure Barbara Sirois.

Le kiosque mettra plus d’espace à la disposition de l’équipe et des visiteurs, qui proviennent d’un peu partout.

« Il y a surtout des gens de Baie-Comeau, Forestville et Portneuf-sur-Mer qui viennent à la serre. J’ai quand même beaucoup de touristes qui viennent de France, de Belgique, et même des États-Unis. C’est assez étonnant », révèle la cheffe horticultrice.

Du côté de la Bioferme du Nord, les paniers de légumes reviennent avec une légère augmentation due au contexte inflationniste, « mais rien de catastrophique », assure Karine Masseau.

« On fonctionne avec un prix fidélité, donc les clients de l’an dernier ont leur panier au même prix », indique-t-elle.

Moins de pluie, plus de chaleur

L’utilisation d’une serre est monnaie courante pour allonger la saison et équilibrer la production, surtout dans notre région aux températures plus froides que nos voisins du sud.

Cependant, l’été amène son lot d’épisodes de grandes chaleurs et de sécheresses, ce qui semble être un phénomène nouveau comparativement aux dernières années.

« Nous avons de grosses chaleurs que nous n’avions pas avant et il y a moins de pluies, sur lesquelles nous ne pouvons plus compter comme on le faisait il y a 4 ou 5 ans », note Karine Masseau.

« Avant, on s’adaptait beaucoup pour le froid avec des couvertures et des tunnels, et maintenant on s’adapte à la chaleur », conclut-elle.

L’atlas agroclimatique du Centre de Référence en Agriculture et Agroalimentaire du Québec (CRAAQ) comporte des projections de l’index de chaleur des UTM (unités thermiques maïs), qui indiquent l’accumulation de chaleur contenue dans le sol, propice à l’agriculture.

« Les scénarios de changements climatiques utilisés indiquent que les dates de début du cumul pourraient être 5 à 15 jours plus hâtives, les dates de fin du cumul de 5 à 15 jours plus tardives et les cumuls de 450 à 850 UTM plus élevés », peut-on lire dans le rapport des projections.

Nos agriculteurs pourraient donc bénéficier d’une plus longue saison dans le futur, qui inclut également les départs de saison en serre, mais devront adapter leur consommation d’eau.

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