La plus vieille cloche d’Amérique française prend sa retraite

Par Renaud Cyr 12:30 PM - 3 août 2023
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Louise, la cloche fabriquée avec les mêmes spécifications que celle de 1647 résonnera à la petite chapelle lors de son installation au courant de l’été. Photo Courtoisie

La plus vieille cloche d’église d’Amérique française a déjà cessé de sonner depuis un bon moment déjà. Coup de théâtre : une jeune cloche vigoureuse prendra sa place au sommet du beffroi de la petite chapelle de Tadoussac au courant de l’été.

C’est en 1647 que la cloche de bronze de 40 livres débarque à Tadoussac pour rythmer la vie des pionniers affairés à la traite des fourrures, la trappe et le commerce maritime.

Initialement sise dans la première église connue de la Nouvelle-France située près de l’Anse à Cale Sèche, la cloche connaîtra un début de carrière mouvementé puisque l’église sera décimée par les flammes en 1664.

« Probablement que la cloche a été sauvée lors de l’incendie de la chapelle en briques, et qu’elle a été utilisée de nouveau lors de la construction de la petite chapelle,  100 ans plus tard que nous connaissons aujourd’hui », raconte Claude Brassard, directeur du Développement économique, social, culturel et touristique à la MRC de la Haute-Côte-Nord.

À l’époque, la Nouvelle-France compte un peu moins d’habitants que la ville de Forestville aujourd’hui (3 543 en 2023), répartis sur les rives du fleuve Saint-Laurent en amont de Tadoussac, la porte d’entrée du continent.

La cloche représente la modernité des vieux pays pour les croyants établis dans le nouveau monde, entourés d’immenses forêts et d’imposants cours d’eau vierges.

Aujourd’hui, elle ne sonne plus. Il convient toutefois de lui laisser une chance. Elle a animé les fêtes, les funérailles, les mariages et les messes comme pas une, en plus des traditionnels tintements quotidiens de l’angélus.

Bien qu’elle soit toujours en un morceau, son état est discutable. Perchée en haut de la petite chapelle, elle est « fêlée, et ne sonne plus », détaille Claude Brassard.

Bras de fer avec le ministère

C’est lors de la restauration de la petite chapelle en 2018 que Claude Brassard alors à l’emploi de la municipalité de Tadoussac fait remarquer l’état amoché de la cloche au ministère de la Culture et des Communications.

« Je leur ai dit que la cloche était plus vieille de 100 ans que la petite chapelle que nous connaissons aujourd’hui », explique-t-il.

« J’ai proposé au ministère de la descendre et de l’exposer dans la chapelle pour raconter son histoire. Le ministère m’avait répondu qu’il ne voulait pas la déplacer de peur de dénaturer la chapelle », se rappelle l’ancien directeur du Tourisme, de la culture et du patrimoine à Tadoussac.

La suite de l’histoire a de quoi impressionner.

En 2019, l’Association Haute Vallée Charente-Québec fait un voyage à Tadoussac pour suivre les traces du père Jean-Baptiste Labrosse, missionnaire jésuite qui s’établit en 1754 dans la région.

« On a tenu des célébrations pour le 200e anniversaire du père Labrosse avec un goûter et un événement commémoratif, et je conte l’histoire de la cloche à la responsable de l’Association Hélène Granet. Plus tard j’ai reçu un courriel disant qu’une nouvelle cloche allait être coulée », se rappelle Claude Brassard.

« Ça a mis de la pression sur le ministère. J’ai reçu leur approbation lorsque j’étais en Europe », ajoute-t-il.

Festivités

La délégation sera reçue le samedi 16 septembre prochain avec un cocktail à l’église Ste-Croix et le spectacle musicohistorique Légendes d’un peuple d’Alexandre Belliard.

Le dimanche 17 septembre, la délégation française et les représentants politiques d’ici participeront à un dîner en après-midi et une cérémonie protocolaire autour de l’ancienne et nouvelle cloche.

Restez à l’affût : vous entendrez peut-être bien sonner la nouvelle cloche pendant votre visite à Tadoussac cet été.

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