Deux Nord-Côtiers au cœur de la guerre en Israël

Par Johannie Gaudreault 1:45 PM - 12 octobre 2023
Temps de lecture :

Avant que les attaques du Hamas surviennent, les Nord-Côtiers vivaient un des plus beaux voyages de leur vie. Photo courtoisie

Stéphane Pigeon et sa conjointe Stéphanie Poirier se sont retrouvés prisonniers des bombardements en Israël. Le couple nord-côtier s’en sort indemne physiquement, mais psychologiquement, il restera marqué à jamais de ce voyage dont il rêvait depuis longtemps.

Ensemble, ils allaient retrouver un couple d’amis et visiter les plus beaux attraits du pays du Moyen-Orient. C’est finalement un climat de guerre qui aura davantage marqué leur périple.

Les larmes aux yeux et la voix cassante, le Longue-Rivois d’origine, résidant depuis plus de 30 ans à Sept-Îles, se considère chanceux. Il est passé à un cheveu d’être une cible du Hamas, groupe terroriste à l’origine des attaques contre Israël.

« La veille, on est passé dans tous les endroits où est-ce que ça brassé, on était là. On a juste été chanceux, c’est une question de timing », raconte-t-il en entrevue il y a quelques heures. Le jour de la première attaque, le 7 octobre, sa conjointe et lui séjournaient au nord du pays, à Regba, chez leurs amis.

Après avoir visité le désert du Néguev, le plateau du Golan, des jardins de lavande et un vignoble, le couple nord-côtier voulait passer du bon temps avec ceux qui les ont accueillis à bras ouverts. Mais, le samedi matin, les plans ont été chamboulés.

« Ils sont partis faire un jogging comme tous les samedis matin et ils ont invité ma conjointe. Durant la course, le téléphone s’est mis à sonner un peu partout. C’était le drame. Tout a débuté là. À partir de là, le ton a changé solide. Tout le monde est devenu anxieux », témoigne Stéphane Pigeon.

L’heure n’était plus au tourisme, il fallait maintenant se protéger d’une guerre.

« On a préparé le bunker parce que toutes les maisons maintenant en Israël doivent avoir un bunker. Mais on n’a pas eu besoin d’aller dedans. Il n’y a pas eu d’alarme directement à l’endroit où on était, mais dans les villages autour oui », poursuit le Septilien qui entendait les bombardements et les roquettes exploser à 5 ou 10 km de chez lui.

« Le stress monte, monte et monte. Ce qui se passait à Gaza, ça inquiétait nos amis. C’était une sauvagerie incroyable ce qui s’est passé. C’est horrible », commente-t-il après avoir vu les images diffusées dans les médias.

Le groupe d’amis passait désormais son temps à vérifier les alertes de roquettes autour de leur résidence. « En mangeant, on entendait des explosions », se remémore M. Pigeon, qui est allé voir la ligne de défense avant que tout commence au nord.

Stéphane Pigeon est originaire de Longue-Rive, mais il réside à Sept-Îles depuis plus de 30 ans. Photo courtoisie

Partir le cœur gros

Malgré toute l’angoisse et la peur d’être la cible de bombardements, c’est de laisser des amis en situation de guerre qui a le plus bouleversé le Nord-Côtier.

« On les a laissés nos amis, j’en pleure encore. Nous, on avait juste le goût de partir et eux, ils avaient juste le goût de rester pour défendre leur quartier. Ça me fend le cœur! »

Pour Stéphane Pigeon et Stéphanie Poirier, « quitter des amis qui ont tout fait pour qu’on parte au plus vite », c’était le plus difficile. « Pour vrai, l’amitié, c’est du solide. Dans toute cette histoire, la morale c’est ça », ajoute le père de famille qui se sentait comme un fardeau pour ses proches.

Au final, les deux résidents de la Côte-Nord se sont débrouillés pour quitter Israël aujourd’hui, à la date prévue pour la fin de leur voyage, mais dans toutes autres conditions.

M. Pigeon dit d’ailleurs ne pas s’être senti supporté par le gouvernement du Canada. « Le gouvernement ne nous a pas aidés, vraiment pas du tout. On a tout fait de nos moyens », se désole-t-il affirmant que le jour férié de l’Action de grâce a eu son rôle à jouer.

« Chaque jour j’appelais pour voir s’il y avait un dénouement. Mais tout ce qu’on me disait, c’est de ne pas bouger. Ils ont envoyé des avions et ils ne nous l’ont même pas communiqué. On était inscrits et ils ne nous ont jamais écrit à part pour nous dire de ne pas bouger », renchérit-il avec déception. Le couple prendra l’avion à Chypre dans deux jours pour revenir au Canada.

Contexte

Rappelons qu’une attaque a été menée par des militants du Hamas samedi. Ces derniers ont fait irruption en Israël, tuant des centaines d’habitants dans des maisons et des rues proches de la frontière avec Gaza et provoquant des échanges de tirs dans les villes israéliennes. Le Hamas et d’autres groupes militants à Gaza détiennent en otage environ 150 soldats et civils, selon Israël.

L’attaque survenue ce week-end, que le Hamas a qualifiée de représailles à la détérioration des conditions de vie des Palestiniens sous occupation israélienne, a attisé la détermination d’Israël à écraser l’emprise du groupe à Gaza. La guerre, qui a déjà fait au moins 1900 morts dans les deux camps depuis samedi, devrait s’intensifier.

Avec La Presse canadienne

Partager cet article