Plan d’Hydro-Québec: entre 155 et 185 milliards $ d’investissements

Par Stéphane Blais 12:15 PM - 2 novembre 2023 La Presse Canadienne
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Le président d’Hydro-Québec, Michael Sabia à l’inauguration du complexe La Romaine. Photo La presse Canadienne/ Jacques Boissinot

Hydro-Québec s’engage dans une importante «phase de croissance qui nécessitera des investissements considérables».

Le Plan d’action 2035, présenté jeudi matin, prévoit qu’Hydro-Québec devra investir entre 155 et 185 milliards $ dans les prochaines années.

Hydro-Québec veut décarboner l’économie et créer de la richesse et pour y arriver, elle estime avoir besoin entre 150 à 200 TWh additionnels pour répondre à la demande d’électricité au Québec d’ici 2050, soit deux fois plus d’électricité qu’actuellement.

Dans le plan stratégique 2022-2026 qui avait été présenté par l’ancienne PDG Sophie Brochu au printemps 2022, la société d’État avait plutôt annoncé une prévision de 100 TWh additionnels.

«Nous entrons dans une longue période d’investissement et de croissance», a déclaré le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, dont le plan inclut la construction de nouvelles centrales hydroélectriques et la construction de 10 000 éoliennes.

La construction de nouveaux barrages n’est pas exclue, mais elle ne fait pas partie du plan présenté jeudi.

En termes de production d’électricité supplémentaire, «c’est l’équivalent de la production de la centrale LG-2, Manic-5 et le Complexe de la Romaine», a résumé M. Sabia.

Hydro-Québec compte investir de 90 à 110 milliards $ d’ici 2035 pour augmenter sa capacité de production et rehausser la capacité de son réseau de transport.

Également, entre 45 et 50 milliards $ doivent servir à assurer la fiabilité des infrastructures, ce qui permettra, selon le fournisseur d’électricité, de réduire la fréquence des pannes de 35 % sur un horizon de 7 à10 ans.

Il faut également ajouter à ces sommes, des investissements qui ne sont pas encore chiffrés, mais qui visent à assurer la «fiabilité et la qualité du service».

Le total des investissements dans la prochaine décennie se situe entre 155 et 185 milliards $.

Centrales hydroélectriques

L’augmentation de la capacité des centrales hydroélectriques existantes et la construction de nouvelles centrales devraient, selon les estimations d’Hydro-Québec, permettre d’augmenter la capacité de 3800 à 4200 mégawatts (MW), «assez pour électrifier tous les foyers de Montréal», a imagé le PDG d’Hydro-Québec.

Hydro-Québec n’a pas spécifié combien de nouvelles centrales elle compte construire.

«Il est trop tôt pour arriver à une conclusion et il faut discuter avec les communautés autochtones», a souligné Michael Sabia.

Solaire, éolien et nucléaire

La société d’État veut diversifier les sources de production d’énergie d’ici 2035.

La quantité d’éoliennes devrait passer de 4000 actuellement, à 14 000 en 2035, ce qui correspond en superficie occupée à l’équivalent de l’île de Montréal.

L’énergie solaire et le stockage par batteries sont également étudiés par le producteur d’électricité qui estime que «le raccordement de petits parcs solaires au réseau de distribution» pourrait atteindre 300 MW. 

Hydro-Québec envisage également de convertir la centrale thermique existante de TransCanada à Bécancour au gaz renouvelable (GNR) afin d’aider à la stabilisation du réseau pendant les périodes de grand froid.

Quant à l’énergie nucléaire, Hydro-Québec étudie le potentiel du site existant de Gentilly-2 pour accueillir une centrale ou de petits réacteurs modulaires.

«Le nucléaire ne fait pas partie de ce plan, mais ça reste quelque chose que nous allons continuer d’étudier», a toutefois précisé Michael Sabia.

Transition énergétique

La société d’État prévoit que d’ici 2035, 75 % de la nouvelle électricité servira à la décarbonation.

La décarbonation des industries devrait utiliser 35 % de la nouvelle électricité produite et 40 % de l’électricité supplémentaire sera destinée à chauffer les bâtiments et électrifier les transports.

Le 25 % restant servira «à la croissance économique».

Énorme besoin en main-d’œuvre

Environ 35 000 travailleurs de la construction par année devront être mobilisés pour la réalisation des nouvelles infrastructures, selon les estimations du plan.

Hydro-Québec reconnaît que dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, le recrutement constitue un «énorme défi» et qu’une collaboration avec le milieu de la construction et le gouvernement est nécessaire.

«La mise en place des programmes de formation et développement des compétences accéléré devra se poursuivre pour que nous puissions compter rapidement sur une main-d’œuvre qualifiée et flexible», précise-t-on.

Hydro-Québec évalue que les impacts de ses investissements sur le produit intérieur brut (PIB) du Québec «pourraient s’élever à plus de 100 milliards $ à l’horizon 2035».

Tarifs résidentiels et commerciaux

Lors de la conférence de presse, Michael Sabia a répété que le Québec bénéficie d’une ressource qui lui permet d’avoir les tarifs résidentiels les plus bas parmi ceux des pays du G7.

Le PDG s’est engagé à ce que «les tarifs restent bas et abordables».

Les augmentations de tarifs n’excéderont pas l’inflation ou 3 % pour la clientèle résidentielle, selon le plan.

Hydro-Québec compte aussi offrir des tarifs adaptés pour encourager la clientèle à diminuer sa consommation et à consommer de l’électricité en dehors des heures de pointe.

Le plan prévoit également d’augmenter les «appuis financiers pour couvrir jusqu’à 50 % du coût d’achat d’équipements écoénergétiques, comme les thermopompes, les thermostats intelligents et les contrôleurs de chauffe-eau».

Il est possible qu’Hydro-Québec augmente les tarifs pour les industries et les entreprises, mais le PDG n’a pas élaboré sur le sujet lors de la conférence de presse.

«Est-ce qu’il y a des possibilités d’augmentation des tarifs pour les clients d’affaires, la réponse est oui», a indiqué Michael Sabia en ajoutant que «l’écart (des tarifs) qui existe actuellement entre les autres pays et le Québec est tellement important que nous avons une marge très intéressante» et «nous allons continuer à garder un écart important pour la compétitivité du Québec».

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