20 ans de revendications pour Action-Chômage Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 11:20 AM - 4 novembre 2023
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Le conseil d’administration d’Action-Chômage Côte-Nord : Claude Huard, Annie Bellavance, Marlène Thiffault, Laura Marandet (employé), Danielle Tremblay, Marie-Eve Théberge, Line Sirois, directrice, et Nadine St-Gelais, est fier des accomplissements de l’organisme en 20 ans d’existence. Absente sur la photo : Geneviève Perrier

C’était soir de fête le 3 novembre à l’Accueil de Portneuf-sur-Mer. Action-Chômage Côte-Nord célébrait ses 20 ans d’existence et, par le fait même, les bons coups de son histoire. 

Même s’il reste du chemin à faire, la directrice générale, Line Sirois, est convaincue que l’organisme a fait avancer la cause au fil des manifestations et des revendications.

« Il y a 20 ans, à Ottawa, ils ne savaient qui on était. Mais aujourd’hui, on les agace royalement. Hier (le 2 novembre), on était dans les bureaux de M. Trudeau en train de placarder avec des autocollants, des pommes pourries à terre. On a occupé son bureau pendant 10 heures », raconte-t-elle.

Action-Chômage a gagné des batailles. « On ne peut pas dire que ça n’a pas avancé, ce serait mentir. On a la semaine d’attente qui a été éliminée, on a des prestations spéciales pour les proches aidants, et 26 semaines pour les personnes malades. Si on avait rien fait, on n’aurait rien de tout ça et on n’aurait reculé en plus », se remémore Mme Sirois, fière du parcours de l’organisme. 

Toutefois, le comité qui agit au nom des chômeurs de la région n’a pas encore tout ce qu’il demande.

« On n’a pas ce qu’on veut. Ce qu’on veut, c’est une reconnaissance des régions. En région, ce n’est pas comme à Montréal et Québec. Les emplois, l’hiver, il y en a beaucoup moins. Quand il y en a, les gens ne sont pas nécessairement qualifiés ou ils sont trop loin », plaide Line Sirois. 

« On a une réalité différente. On a 1 400 kilomètres le long du littoral. Ce n’est pas vrai que s’ils demandent du monde à Sept-Îles que les gens de Tadoussac vont y aller », poursuit-elle. 

Pour la directrice, le gouvernement doit aussi « reconnaître l’industrie saisonnière ». « Il faut arrêter la pensée magique qu’il y a du monde qui va prendre les postes disponibles en courant, clame-t-elle. Les travailleurs de l’industrie saisonnière, ils en ont des jobs. Ce n’est pas avec eux qu’on va régler la pénurie de main-d’œuvre. »

De quoi sera fait l’avenir d’Action-Chômage Côte-Nord ? Line Sirois et son équipe ne lâcheront pas le morceau pour obtenir ce qu’elles martèlent depuis des lustres : une réforme de l’assurance-emploi. 

« On va faire pour que ça arrive. Tant et aussi longtemps que ça n’arrivera pas, on va être là parce que c’est un besoin essentiel. On en paye des cotisations. Les entreprises saisonnières, le tourisme, c’est dont beau, mais en arrière, il y a des travailleurs. Quand il n’y en aura plus, on va fermer les régions », se désole la directrice. 

Faits marquants

Durant ses 20 années d’existence, Action-Chômage Côte-Nord a marqué les esprits par ses différents moyens de pression sur le gouvernement fédéral. Mme Sirois garde en tête quelques moments précis qui ont changé l’histoire. 

« En 2004, on a fait une grande marche dans les rues de Forestville. Les entreprises ont fermé leurs portes un peu partout en Haute-Côte-Nord. Les députés, les maires sont venus marcher avec nous. C’était du jamais vu et on n’a jamais revu ça après. 3 000 personnes, les enfants, les écoles, tout le monde était dans la rue pour dénoncer l’injustice qui venait de se passer », rappelle-t-elle. 

Ce qui a marqué encore plus Action-Chômage, selon la porte-parole, c’est la réforme Harper. « Si on est si vivant, si on a des partenaires comme aujourd’hui, c’est vraiment arrivé en 2011 avec la réforme Harper qui nous a fait extrêmement mal. Elle s’attaquait directement à l’industrie saisonnière, à ses travailleurs, aux régions. »

Ce n’est pas pour rien que la centaine de personnes présentes à la célébration du 3 novembre avait le cœur à la fête. « On peut fêter, on peut être fier de ce qu’on a fait », conclut Line Sirois, soulignant la création de l’Alliance interprovinciale pour l’assurance-emploi « qui est un peu partout au Canada ».

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