Les collectes de données de Pêches et Océans Canada sont critiquées dans un rapport

Par Michael MacDonald 5:00 PM - 7 novembre 2023 La Presse Canadienne
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Le commissaire fédéral à l’environnement, Jerry DeMarco. Photo Adrian Wyld/La Presse Canadienne

L’incapacité de Pêches et Océans Canada à surveiller correctement l’industrie de la pêche commerciale du pays pourrait conduire à la surpêche, selon un nouvel audit du commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada.

Le rapport de Jerry DeMarco, publié mardi, affirme que le ministère n’a pas la capacité de recueillir des données opportunes et fiables sur le nombre de prises et les caractéristiques biologiques des poissons capturés. 

«Un grand nombre d’exigences importantes de surveillance qui accroîtraient la pertinence et la fiabilité des données sur les prises demeurent absentes ou incomplètes», indique le rapport.

Les responsables du ministère n’ont pas pu être contactés dans l’immédiat pour commenter.

Sans données de capture fiables, le ministère ne sera pas en mesure de fixer des limites de capture saisonnières qui garantiront une industrie durable, précise le rapport de M. DeMarco.

«L’effondrement de la population de morue franche dans les années 1990, ainsi que ses répercussions profondes sur l’économie et la société, a démontré que le rétablissement des stocks de poissons est beaucoup plus difficile et exige bien plus de ressources que le maintien de la population d’une espèce à des niveaux sains», peut-on lire dans le document.

La morue franche constituait autrefois l’épine dorsale de l’industrie de la pêche de Terre-Neuve-et-Labrador, vieille de 400 ans. Cependant, sa population s’est effondrée au début des années 1990 en raison de la surpêche, d’une mauvaise gestion et de l’évolution des conditions environnementales.

Un moratoire sur la pêche imposé en 1992, qui a finalement été étendu à d’autres espèces de poisson de fond, a supprimé plus de 30 000 emplois, marquant ainsi le plus grand licenciement massif de l’histoire du Canada. En un an, l’entreprise de 700 millions $ – et le mode de vie qui venait avec elle– avait disparu.

« Il est important de surveiller les prises de pêche pour ne pas répéter les erreurs du passé», indique le rapport de M. DeMarco.

«L’effondrement de la pêche à la morue a eu une incidence bien au‑delà des enjeux environnementaux : des milliers d’emplois ont été perdus, ce qui a créé de l’instabilité sur le plan social et culturel sur la côte est du Canada.»

Le problème persistant, dit-il, est que Pêches et Océans Canada n’a pas réussi à mettre en œuvre la plupart des mesures correctives qu’il s’était engagé à prendre il y a sept ans, lorsqu’un autre audit appelait à des changements pour garantir une gestion durable de l’industrie.

L’audit de M. DeMarco détaille que le ministère a réagi en créant une nouvelle politique de surveillance des pêches, mais il affirme que cette politique n’a pas encore été implantée. Depuis cette année, aucune des 156 espèces de poissons commerciaux gérées par le gouvernement fédéral n’a fait l’objet d’une évaluation permettant d’assurer une surveillance adéquate, indique le rapport.

De plus, l’audit a révélé que le ministère a mis du temps à moderniser ses systèmes d’information, même s’il a dépensé environ 31 millions $ pour intégrer l’information dans toutes les régions afin de donner accès aux données de capture.

La mise en place de ce nouveau système accuse désormais 10 ans de retard et ne sera pas disponible dans toutes les régions avant 2030, indique le rapport du commissaire DeMarco. 

«Par conséquent, le ministère n’a toujours pas de vue d’ensemble exacte sur la quantité de poissons capturés et leurs caractéristiques biologiques lui permettant de prendre des décisions éclairées.»

Le ministère utilise une variété d’outils de surveillance au courant de chaque saison de pêche, notamment des journaux de bord de pêche, des appareils électroniques et des données recueillies par des observateurs tiers.

M. DeMarco recommande à Pêches et Océans Canada de mettre en œuvre sa politique de surveillance des pêches, d’accélérer le déploiement de son système d’information intégré et de revoir ses programmes d’observateurs tiers pour traiter les problèmes de conformité, y compris le manque de divulgation des conflits d’intérêts.

En 2021, environ 72 000 Canadiens gagnaient leur vie directement de la pêche et d’activités connexes, générant environ 4,6 milliards $ de revenus, précise le rapport.

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