Boisaco ne pourra récolter le bois brûlé du feu 353

Par Émélie Bernier 10:47 AM - 14 novembre 2023 Initiative de journalisme local
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Le Groupe Boisaco déplore la décision du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) qui interdit toute récolte de bois brûlé sur le territoire de 16700 hectares ravagé par le feu 353 au nord du réservoir Pipmuacan.

Le volume de bois commercial brut affecté par cet incendie est d’environ 460 000 m3. 20% de ce total, soit plus ou moins 3500 hectares, étaient récupérables, selon les estimations de Boisaco, soit un volume évalué à environ 350 000 m3 de bois, « non négligeable » dans le contexte.

La surprise a été totale pour l’équipe du Groupe Boisaco puisque la décision du MRNF a été rendue après 4 mois de consultation. « Cette décision pour le moins déconcertante et inusitée va à l’encontre de l’esprit de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier au Québec, particulièrement en regard des dispositions prévues à l’article 60 de cette dernière », estime Steeve St-Gelais, président de Boisaco. L’article 60 indique « qu’en cas de perturbations d’origine naturelle ou anthropique causant une destruction importante de massifs forestiers, un plan d’aménagement spécial en vue d’assurer la récupération des bois et la réalisation des traitements sylvicoles appropriés » peut être autorisé par le MRNF.

« De notre point de vue, ne pas récolter ce bois brûlé nous apparaît comme un non-sens sur tous les plans, que ce soit au niveau de la biodiversité, du développement durable des communautés ou encore des changements climatiques », évoque M. St-Gelais.

En se dégradant, le bois relâchera inévitablement du CO2 dans l’atmosphère.  « Si l’on considère que 1 m3 de bois stocke 1 tonne d’équivalent CO2, le calcul des possibilités de stockage de carbone par la récupération de 350 000 m3 de bois est vite fait», illustre le porte-parole.

Les travaux sylvicoles auraient également permis, toujours selon Groupe Boisaco, d’accélérer la régénération d’une zone lourdement affectée par le feu.

«Au lieu de cela, les phénomènes de chablis et d’enfeuillement qui caractériseront les superficies non-récupérées, retarderont de plusieurs décennies l’établissement d’un peuplement forestier digne de ce nom», renchérit-on. Cette façon de faire, ou plutôt de ne pas faire, serait même défavorable au caribou forestier, présent dans le territoire touché par le feu 353. « D’autre part, cette décision n’aidera en rien les possibilités forestières car ce volume non récupéré va forcer la récolte d’un volume de bois équivalent issu de forêt vivante pour l’approvisionnement normal des usines », conclut Steeve St-Gelais.

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