Les régions manquent de dentistes

Par Vincent Rioux-Berrouard 5:00 AM - 23 novembre 2023
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Il y a 47 dentistes sur la Côte-Nord, selon les données de l’Ordre des dentistes du Québec.

La Côte-Nord n’est pas la seule région confrontée à un manque de dentistes. Il s’agit d’une problématique à la grandeur du Québec, constate le Dr Carl Tremblay, président de l’Association des chirurgiens dentistes du Québec (ACDQ).

Ce dernier est bien au courant de cet enjeu. Il a lui-même exercé sa pratique toute sa vie en région éloignée, soit l’Abitibi-Témiscamingue et le manque de dentistes y est une problématique aussi.

Selon l’ACDQ, le nombre de dentistes au Québec est suffisant, mais ils sont mal répartis sur le territoire.

« Il y a beaucoup de dentistes dans les régions métropolitaines comme Montréal et Québec, à proximité des facultés. Mais dès qu’on s’éloigne un peu, on remarque que c’est un peu plus difficile pour le recrutement », affirme le président de l’ACDQ.

Pour lui, le gouvernement doit non seulement prendre acte du problème, mais aussi agir pour inciter les dentistes à aller en région éloignée, parce que « c’est là que les problèmes sont les plus criants ».

Plusieurs mesures sont suggérées par l’Association à cet effet. Le ministère de l’Éducation pourrait exiger que des places dans les facultés de médecine dentaire soient conservées pour les étudiants provenant de régions éloignées. 

« On sait pertinemment que quelqu’un qui vient de Sept-Îles a beaucoup plus de chance de retourner à Sept-Îles après ses études et y faire l’entièreté de sa carrière. Tandis que quelqu’un qui a grandi à Montréal pourrait venir faire quelques années à Sept-Îles, avant de repartir », souligne le Dr Carl Tremblay.

Une autre solution serait d’augmenter les facultés de médecine dentaire de quelques places, mais les personnes admises avec ces places supplémentaires devraient signer un contrat s’engageant à aller travailler en région éloignée durant un certain nombre d’années.

Ces deux solutions sont plus à long terme, admet le Dr Tremblay. Dans l’immédiat, pour attirer de jeunes dentistes en région, une option serait de pardonner une partie de la dette étudiante d’un dentiste s’engageant à aller travailler en région éloignée.

« On parle d’incitatif qui pourrait encourager les jeunes dentistes à aller essayer des régions éloignées. Ils réaliseraient que dans nos régions, on a de belles cliniques qui offrent des soins modernes comme en ville et que c’est très intéressant de pratiquer la dentisterie en région éloignée. Peut-être tomberont-ils en amour avec nos régions et passeront l’ensemble de leur carrière là », dit le président de l’ACDQ.

Pour le Dr Tremblay, il faut agir, parce que la situation pourrait s’empirer dans les années à venir. Il ajoute que l’accès à des soins dentaires est un service qui est essentiel.

« Vous savez, si on veut attirer des gens à Sept-Îles en leur promettant un bon salaire dans l’industrie minière par exemple, mais qu’ils n’ont pas accès à un dentiste et qu’ils devront faire des centaines de kilomètres de route pour avoir des soins dentaires, ça va être difficile d’attirer des familles », dit-il.

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