Témoignage : Le beau après un terrible drame

Par Anne-Sophie Paquet-T. 7:00 AM - 20 décembre 2023
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Nadia réussit à s’apaiser avec une activité de coloriage. Elle le fait aussi lorsqu’elle raconte son histoire afin d’être mieux concentrée. Photo Anne-Sophie Paquet-T

Nadia a vécu un terrible drame le soir du 16 novembre. Son conjoint des sept dernières années, un homme violent, aura laissé des ravages derrière lui. Les cinq âmes habitant cette maison auraient pu s’éteindre sous ses mains. La vie de Nadia et de ses quatre enfants y ont échappé belle. Aujourd’hui, elle livre un témoignage percutant remerciant sa nouvelle communauté pour l’amour, le soutient et demande de l’aide afin de survivre à cette terrible épreuve.

« Nous sommes privilégiés d’être encore en vie », confie Nadia en choc post-traumatique. L’homme incontrôlable n’a pas accepté que son amoureuse désire mettre fin à leur relation. 

En plus d’être violent physiquement avec elle, il l’a également été avec son propre fils de neuf ans autiste. 

« Il était fou, il cassait des objets, il a arraché les portes de chambre des enfants », se rappelle Nadia. 

L’homme accusé, qui aujourd’hui est derrière les barreaux, s’est fait surprendre par les policiers qui ont été appelés par une des filles de Nadia. Sans manteau ni chaussures, elle a eu le courage d’aller avertir les secours avec son propre cellulaire à l’extérieur de la maison pour ne pas que son beau-père puisse l’entendre. 

Selon Nadia, le policier qui lui a ordonné d’arrêter se tenait près des couteaux où il aurait pu commettre l’irréparable puisque celui-ci lui disait souvent que le jour où elle quitterait cette maison, ce serait « les pieds par en avant ». 

Le courage de dénoncer 

L’ancien conjoint de Nadia n’était pas à ses premières accusations pour violence conjugale. Malgré tout, elle désirait l’aider puisqu’elle était amoureuse de lui. « J’étais convaincue qu’à force d’être douce et compréhensive, ça changerait », avoue-t-elle. Elle espérait d’avoir la capacité de le rendre « meilleur ».

Nadia a déjà dénoncé son ancien amoureux il y a trois ans. Elle l’a fait parce qu’elle en avait assez. Par réflexe de protection, elle avait tout raconté aux policiers en plus de montrer les vingtaines de blessures qu’il lui avait infligées pendant les multiples périodes d’agression. 

Après que celui-ci soit allé chercher de l’aide, en plus de purger une peine, elle a cru qu’il était devenu « un filet de sécurité » et non une personne dangereuse. D’ailleurs, il n’aura pas seulement convaincu son amoureuse, mais tous les intervenants du dossier. Le second épisode de violence s’est justement produit le 16 novembre dernier.

Aujourd’hui, elle souhaite prendre parole publiquement pour les autres femmes et enfants victimes de violence conjugale. La femme de 41 ans est atteinte du trouble du spectre de l’autisme (TSA), diagnostiquée asperger.

Elle salue les organismes d’aide pour les familles qui ont vécu le même calvaire qu’elle et ses enfants, mais se désole du manque de ressources pour la clientèle TSA. « Je n’ai jamais vu ou lu une femme TSA dénoncer », exprime-t-elle. Elle souhaite être un exemple pour elles. 

GoFundMe pour voir la lumière 

Même si plusieurs personnes soutiennent la famille de Nadia, les dommages que son ancien conjoint a laissés sont physiques, psychologiques et financiers. 

La mère de famille a écrit son histoire en démarrant une campagne de sociofinancement afin de se sortir la tête de l’eau et prendre le temps de guérir des récents événements.

À quelques jours du temps des fêtes, elle souhaite être en mesure de survivre pour elle, mais surtout pour ses quatre enfants aussi en choc post-traumatique. 

Même si elle explique que cette demande d’aide est gênante pour elle, elle souhaite que la magie de Noël puisse rendre jusqu’à son foyer. Vous pouvez donner juste ici.

Adopter une région par le cœur

Résidente de la Haute-Côte-Nord depuis 18 mois, elle est encore étonnée par le soutien, l’amour et l’entraide qu’elle a reçus lorsqu’elle a levé un drapeau en guise d’aide.  Anonymement, six jours après les violents événements, Nadia a demandé de l’aide sur les réseaux sociaux. Les demandes étaient urgentes et primordiales. Elle devait chauffer adéquatement sa maison et faire réparer sa voiture.

Quelques minutes plus tard, des dizaines de personnes levaient la main pour combler ses demandes, mais également pour lui offrir de la nourriture, des vêtements ou tout ce qu’il pouvait être utile à sa famille. En plus d’une aide communautaire, Nadia est reconnaissante des organismes qui la soutiennent encore aujourd’hui dans cette épreuve difficile. 

Elle a pu ouvrir son réseau social et compter sur de nouvelles personnes qui étaient encore inconnues il y a à peine quelques mois. « Chaque matin quand je me lève, pis que je dois revivre les événements avec une barre dans le ventre, j’ai toujours quelqu’un que je peux appeler », soutient-elle. Cette personne est parfois une intervenante ou d’autres fois, une personne de la communauté.

« Ce qu’il y a de beau dans notre épreuve, c’est justement voir des inconnus nous soutenir de plusieurs manières, de voir de beaux et bons humains avoir de l’empathie pour nous », exprime-t-elle.