Lutte contre la pauvreté en Haute-Côte-Nord : le milieu veut plus de mobilisation

Par Renaud Cyr 4:30 PM - 29 janvier 2024
Temps de lecture :

La conseillère en développement des communautés à la MRC de La Haute-Côte-Nord, Geneviève Dick, a pris les rênes de l’animation de la journée.

Le regroupement des partenaires régionaux unis dans la lutte contre la pauvreté est arrivé à un constat. Les personnes en situation de pauvreté en Haute-Côte-Nord bénéficient de différents programmes, mais ne sont pas consultées ou impliquées dans les réflexions et démarches pour lutter contre la pauvreté.

« C’est quelque chose qui nous manque beaucoup en Haute-Côte-Nord et généralement sur toute la Côte-Nord. Il y a très peu de participation citoyenne dans pas mal tous les projets et les instances existantes », indique Geneviève Dick, conseillère en développement des communautés à la MRC de La Haute-Côte-Nord en marge de la journée « Luttons contre la pauvreté en Haute-Côte-Nord » du 23 janvier.

Tout cela survient en fin d’entente de l’alliance pour la solidarité de la région de la Côte-Nord, qui finance le Fonds québécois d’initiatives sociales (FQIS). Celui-ci soutient diverses initiatives concernant la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

« Comme l’entente n’était pas prête pour être renouvelée, elle a été prolongée jusqu’au 31 mars 2024 et bonifiée avec environ 600 000 $ pour toutes les MRC de la région », explique Geneviève Dick.

« Comme ça découle d’une loi, il va avoir une autre enveloppe qui va s’en venir. On sait qu’elle sera renouvelée, mais on ne sait pas exactement quand », ajoute-t-elle.

« Ça change la game »

C’est dans ces termes que Annie Fréchette de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) décrit le brassage d’idées qui arrive lorsque l’on inclut des personnes vivant avec des problématiques de pauvreté et d’exclusion sociale dans les projets.

« Au départ, les groupes communautaires étaient tous des groupes formés par des citoyens qui se sont mis ensemble pour régler des problèmes », a raconté la chercheuse qui œuvre au Collectif de recherche participative sur la pauvreté en milieu rural de l’UQAR.

« Ensuite, il y a eu des diplômés qui sont arrivés et il y avait de moins en moins de citoyens. Mais quand on consulte les gens visés par les programmes et qu’on les inclut dans les décisions, on le voit, ça change la game », a-t-elle soutenu.

Dans le même état d’esprit, Geneviève Dick affirme que cette démarche bénéficierait aux citoyens de notre région qui sont dans le besoin.

« On a beaucoup d’organismes qui se penchent sur la sécurité alimentaire, mais pas avec des gens en situation d’insécurité alimentaire. Ils pourraient faire partie d’un comité et faire en sorte qu’ils soient écoutés et représentés », a-t-elle illustré en entrevue avec le Journal.

Travailler ensemble

Pour Michel Savard, directeur de la Table des groupes populaires de la Côte-Nord, il est important pour la suite des choses que tous les partenaires agissent conjointement pour assurer une lutte efficace contre la pauvreté.

« Ça coûte plus cher la pauvreté que de lutter contre la pauvreté », a-t-il rappelé.

« Il faut continuer de se mobiliser, car souvent on cire juste la roue qui crie », a poursuivi M. Savard.

Pour sa part, le panéliste Guillaume Boily de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) a fait valoir que ce n’était pas le manque de ressources qui faisait en sorte qu’il y ait encore des gens en situation de pauvreté sur tout le territoire.

« Ce n’est pas qu’au Québec, on manque d’argent. C’est que l’argent est souvent au mauvais endroit et dans les mauvaises poches », a-t-il indiqué.

Pour Geneviève Dick, la journée a été une opportunité de se « remettre sur les rails pour la prochaine entente, afin que l’on prenne le réflexe d’impliquer les personnes dans les processus », a-t-elle conclu.

Partager cet article