“D’ici un an nous pourrons prendre en charge nos enfants”, dit le chef Mckenzie

Par Sylvie Ambroise 3:50 PM - 9 février 2024 Initiative de journalisme local
Temps de lecture :

Ghislain Picard, (troisième à partir de la gauche) Chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) prend la parole lors d’une conférence de presse au cours de laquelle les dirigeants des Premières Nations ont répondu à la décision de la Cour suprême du Canada sur la loi fédérale sur la protection de l’enfance autochtone, à Ottawa vendredi, 9 février 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

“Nous allons pouvoir garder nos enfants dans la communauté”, a dit le chef de Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam, Mike Mckenzie. Il y a 17 ans que la communauté travaille sur sa loi sur la bienveillance qu’elle sera désormais libre de mettre en application.

La décision est tombée vendredi matin à la Cour Suprême. Québec a perdu à la Cour suprême, les Premières Nations au Canada pourront se doter d’une loi sur la prestation de services aux enfants.

« Je suis très content que l’on va pouvoir, non seulement, faire une prise en charge de notre jeunesse, mais aussi d’en décider les issues. Créer nos propres lois, selon ce que nous sommes et y intégrer notre culture » a dit le chef de Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam, Mike Mckenzie.

Depuis plusieurs années ITUM travaille sur Tshisheuatshitau ou en français — la loi sur la bienveillance. Sa propre DPJ, autrement dit.

« Nous allons mettre de l’avant cette loi que nous travaillons depuis plus de 17 ans et la proposer à notre population. Des comités, des chercheurs et les travailleurs sociaux ont été consultés pour en venir à cette loi », a expliqué le chef. « Nous allons pouvoir garder nos enfants dans la communauté. Souvent, nos enfants sont placés jusqu’à majorité et hors de la communauté. » 

Pour le chef, la décision représente aussi une grande avancée pour l’autonomie gouvernementale.

« Avec cette décision, nous allons pouvoir avoir le contrôle sur notre santé, notre éducation par exemple. ITUM est très avancée au niveau de l’Éducation », assure-t-il.

Pour le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, cette décision est l’aboutissement de plusieurs années de bataille devant les tribunaux, en compagnie de plusieurs organismes.

« On vient de loin, cette décision a du poids, c’est important puisque nous dépassons les gouvernements provinciaux. Ils vont alors coopérer dorénavant et s’impliquer plus en ce qui a trait à la prise en charge de nos enfants, car nous sommes les mieux placés pour en décider ce qui convient », a-t-il dit. 

En fin de journée, vendredi, il attendait toujours la réaction de Québec.

« Je n’ai rien eu avec le gouvernement du Québec depuis la décision, un retour. On a hâte de savoir comment y vont prendre cette décision de la Cour suprême, car c’est là que nous avions de grandes contraintes » a-t-il dit. 

Contrer la surreprésentation

Nadine Vollant, aujourd’hui directrice générale du Regroupement Mamit Innuat, a travaillé plusieurs années pour la Loi sur la bienveillance de ITUM. 

« L’objectif de la loi C-92 est de protéger le bien-être des enfants et des familles des Premières Nations. C’est aussi dans une perspective de réconciliation. C’est dans une optique de contrer la surreprésentation, dans les DPJ provinciales, des Autochtones à travers le Canada », a-t-elle expliqué.

Le Regroupement Mamit Innuat s’est prévalu de son avis d’intention, en vue d’un projet de gouvernance en matière de protection de l’enfance.  

« Une communication avec nos membres et une loi est en voie d’être finalisée », assure Mme Vollant.

Beaucoup de travail reste encore à faire, note-t-elle. Il y aura des normes à statuer à travers le Canada.

« Il va falloir former les travailleurs dans le réseau de la protection de l’enfance. Il va falloir statuer sur les normes nationales, les normes minimales comme les placements, la primauté des placements, dans la famille, dans la communauté, le maintien de la préservation culturelle de l’enfant, entre autres. »

La communauté d’Obedjiwan, une communauté atikamekw au nord de La Tuque opère sa propre DPJ depuis deux ans, selon la loi C-92. 

Partager cet article