Cueilleurs de « bourgots » de père en fils 

Par Shirley Kennedy 7:05 AM - 13 mars 2024
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Rénald Tremblay montre fièrement une photographie datant de 50 ans illustrant son père Gabriel lors d’une cueillette de « bourgots » sur la Pointe à Émile à Pointe-à-Boisvert.  Photo courtoisie Louise Lavoie

Rénald Tremblay a été en quelque sorte la bougie d’allumage ayant mené à la mise en place du projet-pilote du ministère des Pêches et Océans en 2016.

Natif de Longue-Rive secteur Pointe-à-Boisvert, monsieur Tremblay connaît les battures de son village de fond en comble.

Initié dès son jeune âge par son père Gabriel, la cueillette des mollusques est pour lui, à l’instar de nombreux de natifs de la Côte-Nord, une activité culturelle qui fait partie des mœurs et coutumes.

« Ça m’a pris cinq ans avant de réussir à faire sortir ce projet-là. Entre 2011 et 2016, j’ai remis une pétition de 112 signatures ainsi qu’une lettre d’appui de la Municipalité pour les convaincre du bien-fondé de cette autorisation-là. J’ai vu mon père et les gens du village aller aux bourgots (appellation donnée aux buccins dans certaines régions) pendant 50 ans, donc je ne voyais pas pourquoi cela nous était interdit », raconte le sympathique retraité.

Depuis 2016, bon an mal an, moyennant une somme d’environ 11 $ par demande, le MPO région Côte-Nord attribue quelque 75 permis de cueillette de buccins à des résidents du secteur de Longue-Rive.

De la fin mars à la mi-mai, le temps d’une vingtaine de marées, sceaux et pelles à la main, les amateurs cueillent avant de déguster ou mettre en pot, ce petit mollusque gastéropode marin indigène de son nom scientifique, qui peut être apprêté de différentes façons.  

Outre cette courte période d’environ six semaines, il est strictement interdit de cueillir le buccin sur les rives sous peine d’une amende salée délivrée par les agents du MPO.

Avec le souci d’assurer une pérennité au projet-pilote, Rénald Tremblay collabore avec la responsable du dossier basée à Sept-Îles. Il se charge tous les ans, avant le début de la saison, de lui transmettre l’horaire des marées et toute autre information pertinente.

L’affabilité de Rénald Tremblay est telle, qu’en août 2023, il accompagne deux biologistes du MPO dépêchés sur les bancs de sable afin de prélever des échantillons qui serviront à déterminer l’état de la ressource. Pendant deux semaines, les scientifiques récolteront des œufs et différents organismes pour dresser un portrait de la situation.

Sans nouvelle depuis, monsieur Tremblay a donné un coup de fil il y a quelques semaines, à son contact au MPO, comme il le fait tous les mois de février depuis 2016. Quelle ne fut pas sa surprise d’apprendre que le projet-pilote ne serait pas reconduit, en raison d’une baisse importante de la ressource constatée au terme des analyses effectuées à partir des échantillons prélevés au cours des dernières années par les scientifiques.

« Elle m’a dit que le crabe commun et le homard se nourrissent du buccin et qu’il n’en y a plus. Paraît-il que le gros crabe mange même le petit crabe. Donc le buccin n’approche plus le rivage et reste au large selon ce qu’on m’a expliqué », raconte M. Tremblay.

Très déçu de cette décision, le Longue-Rivois estime que le MPO devrait procéder de la même manière qu’avec la mye (clam), et ouvrir des secteurs à tous par période, afin de permettre aux amateurs de mollusques de récolter leur petit butin personnel, question de se saler le bec, comme de coutume.

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