Le prix du crabe des neiges en déclin

Par Johannie Gaudreault 5:00 AM - 25 mars 2024
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Le marché du crabe des neiges vogue au gré des conjonctures, selon les chercheurs. Photo Pixabay

La rentabilité des crabiers apparaît de nouveau compromise cette année en raison du déclin du prix du crabe. Deux chercheurs de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) se sont penchés sur la question dans une fiche publiée le 25 mars.

À la veille de l’ouverture de la saison 2024 de pêche au crabe des neiges dans le Saint-Laurent, les prix au débarquement offerts par les transformateurs s’annoncent bas. Léonard Marcoux et Gabriel Bourgault-Faucher se sont interrogés à savoir s’il s’agit d’une tendance qui est à l’horizon.

Selon les chercheurs, malgré le déclin du prix du crabe, « les quotas généralement élevés permettront vraisemblablement [aux crabiers] de compenser en partie leurs pertes de profit par les quantités vendues, comme ils l’ont fait en 2023 ».

« En effet, le volume des débarquements est en hausse depuis quelques années et la saison de pêche actuelle devrait une fois de plus donner des captures abondantes, malgré un total autorisé plus modeste », affirment-ils. 

Baisse de revenus

En 2023, les pêcheurs ont connu une baisse vertigineuse de leurs revenus globaux, et ce, malgré l’accroissement des quotas et des volumes pêchés, dévoile la fiche technique. 

« Et pour cause : le prix moyen au débarquement est passé de 15,56 $ le kilogramme en 2022 à 5,05 $ en 2023, soit un déclin de 67,5 % », apprend-on. 

Ajusté à l’inflation, le prix au débarquement observé l’an dernier s’approche ainsi d’un creux qui n’avait pas été atteint depuis plus de douze ans, replongeant les crabiers québécois dans une situation similaire à la stagnation vécue entre 2005 et 2010.

« Au cours de cette période, le prix au débarquement a atteint une moyenne de 4,83 $ le kilogramme, c’est-à-dire un prix qui compromettait la rentabilité des activités de plusieurs entreprises », rappellent MM. Marcoux et Bourgault-Faucher. 

La crise avait été telle qu’un plan de rationalisation (rachat de permis pour en diminuer le nombre) avait été instauré afin de rétablir des conditions viables pour le futur de cette pêcherie.

Une économie vulnérable

Les auteurs de la fiche relativisent tout de même l’ampleur de la chute actuelle de l’économie du crabe des neiges soutenant qu’elle a « toujours vogué au gré des conjonctures et aux dépens des pêcheurs et transformateurs ». 

De leur avis, cette pêcherie, dépendante des marchés d’exportation, principalement de celui des États-Unis (93 %), n’a que peu d’emprise sur les contextes économique et écologique globaux dans lesquels elle se situe. 

Comme ils le font savoir, même les outils de négociation collective des conditions de mise en marché dont se dotent certains pêcheurs (ex. : le plan conjoint des crabiers de la zone 16 sur la Côte-Nord) afin de bénéficier d’une certaine stabilité et prévisibilité dans les prix au débarquement, ne parviennent plus à jouer leur rôle.

« En avril 2023, malgré la décision de la Cour supérieure du Québec qui tranchait en faveur des crabiers afin de faire respecter le prix fixé par la convention de mise en marché, les transformateurs, captifs des conditions du marché de Boston, sont parvenus à faire plier les pêcheurs pour qu’ils acceptent un prix inférieur », se justifient-ils. 

Finalement, les deux chercheurs croient qu’en l’état actuel, « le poids de la concurrence étrangère semble donc l’emporter sur tout mécanisme institutionnel dont disposent les pêcheurs pour encadrer les forces du marché et assurer la viabilité de leurs entreprises ».

Évolution du prix moyen au débarquement du crabe des neiges au Québec. Source : IRÉC

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