Profession: infirmière clinicienne au parcours inspirant

Par Shirley Kennedy 18 février 2016
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Forestville – Louise Canuel est infirmière de profession depuis 37 ans. Au fil des années, sa passion pour son métier ne s’est jamais altérée, jamais démentie. Aux yeux de la population qui fréquente le CLSC de Forestville, elle agit comme une présence médicale rassurante, comme tous ses collègues d’ailleurs. Entrevue avec une passionnée au parcours inspirant.

Depuis le 11 janvier, les infirmiers et infirmières du Québec, qui ont fait leurs études universitaires ou collégiales dans certains cas, ont l’autorisation d’offrir certains soins de santé jusqu’à maintenant réservés aux médecins.  La prescription infirmière est une contribution importante au système de santé. Pour les infirmières ayant une formation collégiale, un minimum de  8 400 heures en santé communautaire ou en soins de longue durée doivent avoir été complétées au cours des 7 dernières années, et ce en date du 10 janvier 2016. Elles doivent aussi avoir suivi, pour certains cas, des formations spécifiques, notamment concernant les soins de plaies. Les infirmières et infirmiers admissibles ont jusqu’au 10 janvier 2017 pour recevoir une formation en ligne de deux heures dispensée par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec afin d’obtenir l’attestation du droit de prescrire.

La mise en place de ces nouveaux services se fera progressivement. « Nous avons quand  même nos champs de pratique de par le poste que nous occupons, précise Louise Canuel, infirmière clinicienne spécialisée en soins critiques et assistante supérieur immédiat au CISS Côte-Nord pavillon Forestville. Ces nouvelles responsabilités instaurées dans le but d’alléger le système de santé vont nous donner une certaine autonomie ».

Le changement

Les changements n’effraient pas notre super infirmière. Elle fait avec depuis plus de 35 ans. « On s’adapte. C’est la vie ». Ayant côtoyé plusieurs générations d’infirmières, Louise  sait y faire. « Elles arrivent une à la fois gonflées à bloc avec la fougue de la jeunesse. Nous partageons notre expérience et c’est agréable.  Nous apprenons à nous connaitre et à nous respecter. Je me sens respectée par l’équipe avec laquelle je travaille ».

Une feuille de route impressionnante

Louise Canuel a débuté comme infirmière auxiliaire à l’âge de 17 ans au CLSC avec le Dr Guy Ouellet après avoir obtenu son diplôme en 1976. « J’y ai travaillé l’été et je suis retournée à l’école tout de suite pour obtenir mon DEC en soins infirmiers en 1979 », dit-elle. De 1979 à 1991, Louise travaille à titre d’infirmière de chantier à la Daishowa et agit aussi comme superviseur santé et sécurité au travail. De 1984 jusqu’en 1991, Louise cumulera deux emplois. Le chantier la semaine et le Centre de santé les fins de semaine. Parallèlement à ses deux boulots, elle trouvera le temps de fonder une famille et d’être une mère dévouée pour ses trois enfants. « Cela a demandé beaucoup de compréhension de la part de ma famille », ajoute-t-elle simplement.

En 1992, Louise décroche un poste de trois soirs par semaine au Centre de santé. Elle abandonne la Daishowa pour cet emploi à temps partiel. En 1998, elle joint les rangs d’Hydro-Québec et poursuit son travail de fin de semaine au CLSC.

L’année 2010 sera une année charnière pour Louise. Elle décroche un poste à temps plein de soir, abandonne Hydro-Québec  et décide de retourner aux études pour compléter son baccalauréat en Sciences infirmières et un certificat en soins critiques, à l’âge de 51 ans. Depuis 2014, Louise occupe le poste de jour comme assistante supérieure immédiat pour le CHSLD et l’urgence. « J’assiste les chefs de ces départements.  Je suis responsable de la qualité de l’acte infirmier à l’urgence, je m’assure de la bonne marche des équipements. Je prête aussi assistance au personnel du CHSLD ».

Lorsqu’elle jette un regard dans le rétroviseur, Louise est fière du chemin parcouru et confortée dans son choix de carrière. « À mon époque, les filles devenaient institutrices, infirmières ou secrétaires. Si j’avais été plus d’audacieuse et si la médecine avait été accessible, je ne sais pas si j’aurais été jusque-là,  mais c’est certain que je serais encore dans le domaine de la santé ».

Un vent de changement

Les mesures d’austérité du Dr.  Barrette ne semblent pas décourager notre super infirmière. Elle aime toujours son métier et souhaite le pratiquer le plus longtemps possible. « Je sais que les répercussions des coupures en santé s’en viennent, mais de mon point de vue, le service à la population est toujours d’aussi bonne qualité même si on sent le vent de changement. Progressivement, les gens se sont habitués en prenant soin de leur santé.  La centralisation des postes de direction à Baie-Comeau, ça ne perturbe pas mon travail. Je vois ça positivement ».

Et côtoyer la maladie, après tant d’années, ça n’use pas son infirmière Louise? « Nous avons la chance de traverser le temps et d’acquérir beaucoup d’expérience. Cependant on devient plus émotive. Ce sont des gens avec qui nous avons grandi qui tombent malades. Il faut être capable de rester saine d’esprit dans ces situations. C’est difficile, mais on y parvient.  Nous savons qu’il est important de bien prendre soin de nos patients ».

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