Suivre la mort de près

Par Shirley Kennedy 11 mai 2016
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C’est dans cette courbe, à l’est des Escoumins qu’est survenue la collision frontale mortelle.

Forestville – Julie Duguay a été le témoin impuissant du drame qui se jouait sur la route 138 le 29 avril alors qu’une collision frontale a fait deux victimes à l’est des Escoumins vers 7 h 54. Pendant une vingtaine de kilomètres, elle a suivi celui qu’on allait identifier plus tard comme étant Dany Gingras, 54 ans de Tadoussac, le chauffeur qui a provoqué cette collision frontale, entraînant dans la mort Marlène Michaud, 51 ans de Forestville.

Julie Duguay désire, par ce témoignage, inciter les gens à ne pas hésiter à dénoncer ou d’intervenir dans pareille situation. « Nous  n’avons pas réussi à désamorcer le drame qui se tramait devant nous, mais au moins nous avons essayé ».

De retour d’un séjour dans Charlevoix, Mme Duguay et son ami se dirigeaient vers Sept-Îles vendredi, leur lieu de résidence. Un peu avant d’entrer sur le territoire des Bergeronnes, ils constatent que le véhicule qui les précède louvoie dangereusement.

Pendant ce qu’elle estime une douzaine de minutes, Julie et son ami au volant, ont suivi avec effroi le conducteur qui se dirigeait vers l’est. « J’ai appelé le 911 assez rapidement. Nous l’avons suivi sur plusieurs kilomètres. Il zigzaguait d’un côté à l’autre de la route, il allait sur l’autre voie alors qu’il y avait des voitures qui s’en venaient,  il frôlait les garde-fous. Une chose est sûre, ça ne semblait pas être un manque d’attention temporaire de sa part».

En ligne pendant près de 9 minutes avec la répartitrice du 911, Mme Duguay retiendra son souffle plus d’une fois en suivant le chauffard. « La première grosse frousse, c’est lorsqu’il  a frôlé un cycliste. En fait, c’est arrivé quelques fois que j’ai arrêté de respirer. Il avait une conduite très erratique.  Il y avait des écoliers sur le bord de la route. J’avais hâte de voir une police arriver ».

Mme Duguay a livré toutes les infos à son interlocutrice du 911. « Par chance que j’étais la passagère, cela a été plus facile pour moi à me concentrer sur l’appel.  Il a fallu qu’on se rapproche de lui pour prendre le numéro de plaque et ce n’était pas très rassurant puisque pour nous deux, il était clair que ça allait mal finir ».
Faisant un arrêt dans un restaurant aux Escoumins, Julie informe la répartitrice qu’elle aperçoit ce qui semble être un véhicule banalisé de la Sûreté du Québec. Elle entre dans le restaurant en espérant rencontrer le policier en question afin que la répartitrice puisse le diriger vers le chauffard. Malheureusement, aucun policier ne se trouve dans la salle à manger du restaurant.

Puisque toutes les infos sont données et que les policiers sont sûrement en route, Julie interrompt sa conversation avec le 911 et repart presqu’aussitôt. Quelques minutes plus tard, Julie et son ami constatent ce qu’ils redoutent depuis plusieurs minutes.

Une enquête du coroner

L’agente aux communications à la Sûreté du Québec, Nathalie Girard,  a refusé de  confirmer les informations de Mme Duguay, alléguant qu’elle ne peut le faire puisque l’enquête appartient désormais au coroner qui émettra son rapport dans quelques mois à la suite des faits qui ont mené à ce triste constat. Celui-ci pourra alors répondre à plusieurs interrogations du public, notamment  pourquoi il a été impossible d’intercepter le chauffard avant le drame, malgré l’intervention rapide de Mme Duguay.

 

 

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