Deux sauvetages en 12 heures

Par Shirley Kennedy 22 mars 2017
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Portneuf-sur-Mer – Patrice Émond et Gino Martel ont sauvé Daniel Jean d’une mort certaine. Par une température glaciale de -40 degrés celsius, M. Jean n’aurait pu tenir encore longtemps, lui qui par miracle s’en est tiré avec une bonne frousse et quelques engelures au visage.

Alerté vers 19 h par sa sœur Danie qui lui confirme que Daniel n’est toujours pas arrivé chez sa mère à Portneuf-sur-Mer, Patrice n’hésite pas longtemps. Même s’ils reviennent d’une longue randonnée – ils ont effectué le trajet Forestville-Les Escoumins aller-retour – Patrice Émond et Gino Martel enfilent leurs vêtements de motoneige et repartent à la recherche de Daniel.

Par chance, ce dernier a publié son trajet sur la page Facebook de . L’itinéraire de son beau-frère en poche, Patrice et son beau-frère Gino font deux arrêts en chemin. Le premier dans un chalet de motoneigistes rencontrés en route, qui leur offrent d’utiliser leur téléphone satellite. Patrice joint sa conjointe Maryse qui l’informe que Daniel n’a toujours pas été retrouvé. Au lac Pitre, les deux sauveurs réussissent à sortir un homme de son sommeil qui leur prête son appareil. Toujours la même réponse de Maryse, aucune nouvelle de Daniel. « Il était 21 h 30 et je savais que nous en avions encore pour un bon deux heures avant d’arriver en haut, raconte Patrice. Il y avait de grosses lames de neige, j’étais debout sur mon ski-doo tellement la visibilité était mauvaise. Par chance que je savais où j’allais ».

Au moment où Patrice commence à désespérer de retrouver son beau-frère encore vivant et qu’il espère de toutes ses forces qu’il a réussi à s’allumer un feu, il aperçoit une tête lorsqu’il arrive sur le dessus d’une lame. « Ensuite j’ai vu son ski-doo. Nous étions à 60 km de l’Auberge du km 31. Je suis arrivé à côté de lui. J’ai dit : embarque, on s’en va au 31. Nous sommes arrivés à l’Auberge il était 1 h 15 du matin ».

Avec l’aide d’étrangers campés pas très loin de l’Auberge, Patrice et ses acolytes réussissent à réveiller le propriétaire de l’Auberge qui les accueille pour la nuit. Ce dernier contacte immédiatement la Sûreté du Québec pour confirmer que Daniel a été retrouvé. Les agents discutent avec Daniel au téléphone pour s’assurer de son état. Ce dernier confirme qu’il n’a pas besoin de l’équipe médicale. « Le propriétaire de l’Auberge nous a raconté que les policiers se sont rendus à l’Auberge plus tôt en soirée et lui ont demandé s’il avait vu un chauve. Le propriétaire a dit : nous avons servi 600 personnes aujourd’hui et des chauves il y en avait pas mal ».

Un cas prioritaire

La porte-parole de la Sûreté du Québec, le sergent Marie-Josée Ouellet, a confirmé que deux agents de la Sûreté du Québec sont partis en motoneige des Escoumins un peu après 21 h afin de localiser Monsieur Jean, guidés par les informations obtenues grâce à la triangulation des ondes de son cellulaire. Daniel Jean demeurait une priorité pour la Sûreté du Québec, précise Mme Ouellet, qui s’apprêtait à dépêcher l’hélicoptère de la SQ ou celle des Forces armées canadiennes en support à l’équipe sur le terrain, au moment où le propriétaire de l’Auberge du km 31 a signalé qu’il avait été retrouvé.

Un autre rescapé

Le dimanche, après avoir récupéré la motoneige de Daniel qui est reparti à St-Félicien en compagnie de son fils Cédric et Denis Sirois en camion, Patrice et Gino repartent de la chapelle en direction de Forestville vers 15 h. À quelque 6 kilomètres de la route 138 à la hauteur du Halte 138 à Portneuf-sur-Mer, Gino aperçoit une grosse tache brune dans le sentier. Il constate que c’est un homme qui rampe en plein milieu du sentier. « C’est un gars qui est handicapé, il ne marche plus. Sa motoneige était tombée en panne et il essayait de se rendre à Pointe-à-Boisvert en rampant, raconte Patrice. On n’en revenait pas! À -40 degrés, tout seul en motoneige et handicapé en plus. Gino l’a embarqué et laissé au Halte 138 où quelqu’un est venu le chercher ».

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