Pessamit exige la fin du rehaussement du réservoir Manicouagan

Par Steeve Paradis 4 juillet 2017
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Pessamit – Le Conseil des Innus de Pessamit prend la voie des tribunaux pour tenter de mettre fin au rehaussement du niveau d’eau du réservoir Manicouagan. Il a déposé mercredi une injonction afin que la société d’État stoppe cette hausse sur-le-champ, ce que cette dernière ne compte pas faire.

Pour le chef René Simon, d’entrée de jeu, le fait qu’Hydro-Québec n’ait pas consulté son conseil avant de procéder est déjà un grave manquement puisqu’elle est mandataire de l’État et qu’en agissant ainsi, (Hydro) « a manqué à l’obligation constitutionnelle relativement aux droits des nations autochtones ».

Les Innus font aussi valoir que le rehaussement du réservoir, qui était de 350 mètres entre 1984 et l’an dernier et qui pourrait grimper jusqu’à 359,6 mètres au-dessus du niveau de la mer, inondera un milieu régénéré depuis quatre décennies, « provoquant la mort de plusieurs milliers d’hectares de forêt qui bordent le réservoir ainsi que de nombreuses espèces fauniques et plus de détruire les frayères de diverses espèces de poissons ».

Pessamit craint particulièrement la pollution du réservoir Manicouagan par le méthylmercure, une substance provoquée après l’ennoiement d’un milieu forestier. Le méthylmercure, la forme organique la plus toxique du mercure, se concentre dans la chair des poissons et remonte ainsi la chaine alimentaire.

«Hydro-Québec ne détient aucune autorisation lui permettant de contaminer les eaux du réservoir Manicouagan et elle ne possède aucun droit acquis de polluer», a clamé le chef, qui soutient qu’une partie du mal est déjà fait et qui dit simplement vouloir «le respect des lois promulguées par le gouvernement du Québec».

De façon discrète

On se rappellera que ce rehaussement du réservoir s’est amorcé de façon plutôt discrète l’an dernier. Au début septembre, soit quelques semaines avant le début de la hausse, la société d’État avait fait part à la MRC de Manicouagan qu’une cinquantaine de détenteurs de baux de villégiature du secteur allaient voir leur chalet se retrouver sous l’eau.

Ces villégiateurs ne recevront au passage aucun dédommagement pour cette hausse puisqu’ils savaient qu’ils étaient sous la ligne des hautes eaux du réservoir, même si ce maximum n’a pas été atteint depuis le début des années 80.

Évidemment, les installations de plusieurs Innus autour du réservoir, qui ne sont pas répertoriées comme celles des «Blancs», sont aussi touchées. « Une partie du mal est déjà fait », a clamé le chef, qui n’exclut pas la possibilité de s’allier dans ses revendications avec les non- autochtones touchés.

De son côté, la société d’État rappelle que le remplissage du réservoir «se fait en conformité avec nos autorisations», aux dires de la porte-parole Kathy Hamel. Depuis la fin des années 60, Hydro dispose d’un décret gouvernemental autorisant un niveau d’eau maximal de 359,6 mètres au-dessus du niveau de la mer pour le réservoir Manicouagan et elle entend bien se rapprocher de cette limite.

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