Le cannabis médical, le grand oublié du débat

Par Charlotte Paquet 26 octobre 2017
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Le cannabis médical est le grand oublié du débat actuel axé sur le volet récréatif de la consommation, selon l’Association québécoise des intervenants en cannabis médical. Photo GettyImages

Le cannabis médical est le grand oublié du débat actuel axé sur le volet récréatif de la consommation, selon l’Association québécoise des intervenants en cannabis médical. Photo GettyImages

Baie-Comeau – « C’est déjà assez compliqué présentement et ça va le devenir encore plus. C’est ça qui nous inquiète », souligne la porte-parole de l’Association québécoise des intervenants en cannabis médical (AQICM), Shantal Arroyo, en référence aux discussions entourant les mesures d’encadrement de la légalisation du cannabis prévue pour juillet 2018.

Propriétaire de la Croix verte, une clinique spécialisée en cannabis médical à Montréal membre de l’AQICM, Shantal Arroyo se promène dans les régions du Québec depuis le 1er octobre afin d’informer les gens sur la réalité du cannabis médical, exclue du débat actuel au grand dam des patients qui risquent d’en payer le prix.

L’association déplore que le volet récréatif de la consommation avive les discussions entourant la légalisation du cannabis au Canada, pendant que l’aspect médical est complètement écarté. Pourtant, ceux qui devraient être les premiers bénéficiaires de la légalisation, selon elle, c’est justement ceux qui la consomment pour atténuer des douleurs.

Depuis 2001, la consommation de cannabis à des fins médicales est pourtant permise au Canada. « C’est disponible, mais personne ne l’encadre vraiment », déplore Shantal Arroyo. Et au Québec, les médecins se font tirer l’oreille pour le prescrire. « Dans tout le Canada, on est peut-être ceux qui l’utilisent le moins, car les médecins ne le prescrivent pas. Au Québec, les gens (les patients) sont laissés à eux-mêmes », ajoute-t-elle.

L’éducation au débat

L’éducation de la population sur le cannabis médical doit être mise à l’avant-plan. « Le cannabis, ce n’est pas de l’alcool », insiste-t-elle, complètement défavorable à ce que l’encadrement de sa vente relève de dépanneurs ou d’une société d’État comme la Société des alcools du Québec (SAQ).

Si l’aspect éducation est tellement cher à Shantal Arroyo, c’est qu’elle considère que le gouvernement provincial, qui est présentement en consultation sur la meilleure méthode d’encadrement, se dirige allègrement vers un monopole destiné premièrement à l’usage récréatif du cannabis. Or, selon la dame, on n’a qu’à regarder ce qui se passe avec la SAQ et Loto-Québec pour constater que les deux sociétés d’État encouragent les gens à boire et à jouer aux jeux de hasard. Elle ne veut pas que ça en vienne là avec le cannabis, d’où l’importance de l’éducation, insiste-t-elle.

Pendant que l’aspect récréatif de la consommation prédomine le discours, son aspect médical est relégué à l’arrière-plan, déplore l’AQICM. Elle recommande que l’encadrement de la vente de cannabis à des fins médicinales soit assuré par des petits joueurs de l’entreprise privée qui, tout naturellement, assureront la mise en place d’une saine compétition entre eux.

Noyées dans le récréatif

Si l’encadrement du cannabis doit être assuré par une société d’État, Shantal Arroyo se dit convaincue que les particularités entourant le cannabis médical « seront noyées dans une mer récréative ».

Le cannabis demeure la plante la plus puissante au niveau anti-inflammatoire et antidouleur, précise la porte-parole. Des microdosages permettent de soulager bien des patients atteints de fibromyalgie et de sclérose en plaques, entre autres. Le cannabis médical se présente sous différentes formes. En crème ou en suppositoires, il n’entraine pas d’effet euphorique. Même chose s’il est vapoté.

Shantal Arroyo note également que le cannabis médical est un bon moyen de régler le problème avec le recours aux opiacés. « Il n’y a pas de danger d’et souvent, ça fonctionne plus que la morphine », indique-t-elle.

 

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