Industrie saisonnière et trou noir – Des employeurs demandent des mesures immédiates

Par Shirley Kennedy 14 mars 2018
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Martin Landry, président du Centre sylvicole de Forestville. Photo courtoisie

Martin Landry, président du Centre sylvicole de Forestville. Photo courtoisie

Forestville – Le président du Centre sylvicole de Forestville Martin Landry, s’inquiète de l’avenir des entreprises saisonnières, si le gouvernement fédéral ne rectifie pas le tir, quant aux mesures appropriées pour contrer le fameux trou noir auquel font face actuellement, des centaines de travailleurs de l’industrie saisonnière.

Propriété de la Société d’Exploitation des Ressources de la Vallée (SERV), le Centre sylvicole de Forestville compte entre 35 et 40 employés saisonniers qui possèdent une expertise indéniable dans leur domaine. « Ce sont des spécialistes de leur secteur et de précieux collaborateurs dont le travail accompli permet de produire 8 millions de plants forestiers destinés au reboisement de la forêt québécoise. Il serait impensable de les remplacer chaque année. Le recrutement est difficile et retenir cette main-d’œuvre qualifiée est un défi », dit M. Landry.

Le président de la Société d’Exploitation des Ressources de la Vallée (SERV), coopérative de solidarité propriétaire depuis plus de 20 ans du Centre Sylvicole de Forestville, craint le pire à l’analyse du récent budget fédéral. Alors que le gouvernement prévoit offrir un soutien financier et de la formation aux travailleurs saisonniers victimes du « trou noir » de l’assurance-emploi, la coopérative craint de perdre sa main-d’œuvre qualifiée et de la voir quitter la région.

« Il est primordial que le gouvernement trouve des stratégies qui permettent de maintenir ces travailleurs qualifiés dans leur région et non pas, comme le dit si bien l’adage, « de déshabiller Pierre pour habiller Paul », en les formant à un autre métier, au risque qu’ils quittent la région et n’y reviennent plus » ajoute Martin Landry.

Cette année, 30 des 34 employés de l’entreprise feront face au « trou noir » de l’assurance-emploi. Pour certains, cela représente jusqu’à 16 semaines sans revenu. « C’est une situation catastrophique pour eux. Nous croyons qu’il existe des solutions propres à notre milieu, notamment l’assouplissement des règles de l’assurance-emploi comme ce qui a été accordé à la Gaspésie et dans la région du Bas-Saint-Laurent », estime l’homme d’affaires dont l’entreprise possède une autre pépinière à Lac-au-Saumon dans la Vallée de la Matapédia. « Les conditions sont semblables mais pas tout à fait les mêmes. Le nombre de semaines de prestations est un peu plus élevé. Sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, le trou noir y est moins profond », confirme-t-il.

Concrètement, le président du Centre sylvicole de Forestville demande que le gouvernement fédéral reconnaisse les particularités d’une région comme la Haute-Côte-Nord et des entreprises saisonnières qui font rouler l’économie.

« Est-ce qu’il y a lieu de reconnaître ces entreprises- là, reconnaître leur travail, leur apport dans l’économie. La clé est là. Et pour les gens qui vivent le trou noir, ça prend une décision rapide. Ce n’est pas l’an prochain, c’est maintenant », dit-il.

Monsieur Landry confirme que de nouvelles représentations sont prévues dont une rencontre cette semaine avec le député de Matane-Matapédia, Rémi Massé. Il salue l’excellent travail d’Action Chômage Côte-Nord et espère un dénouement positif pour les travailleurs qui sont sans revenus ou le seront très bientôt.

« La réalité de l’emploi saisonnier et de la Côte-Nord et de ses travailleurs doit être entendue et surtout, comprise. Il en va de la pérennité des entreprises et de tous ses habitants qui ont le désir d’y vivre et d’y croire », réitère Martin Landry.

Un frein au développement

Pour Patrice Jean, contrôleur financier au Crabiers du Nord de Portneuf-sur-Mer, les nouvelles mesures annoncées dans le budget fédéral ne sont pas adaptées et ne feront qu’empirer la situation des entreprises saisonnières. « Ces gens-là vont suivre des formations et iront travailler dans des entreprises autres. Alors que nous avons déjà de la difficulté à recruter, ceci n’améliorera en rien la situation des entreprises et des travailleurs ».

Alors que son entreprise ne cesse d’innover et de développer de nouveaux marchés, Monsieur Jean ne voit pas d’un bon œil l’avenir à court terme face à cette problématique. « C’est un frein au développement des entreprises saisonnières comme la nôtre. Le gouvernement doit adapter les critères de l’assurance-emploi à la Haute-Côte-Nord, il en va de la survie de toute une région ».

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