Tragédie aux Bergeronnes : le drame, tel que rapporté il y a 60 ans

Par Shirley Kennedy 3:30 PM - 6 mai 2020
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Jean-François Desbiens a hérité de la passion de l’histoire de sa famille et des Bergeronnes de son oncle Romey, qui lui a également légué toutes ses archives, dont les cartes mortuaires de ses oncles Roy et Léo Desbiens. Courtoisie

La Tragédie à Bergeronnes

Deux frères se noient dans la Rivière des Petites-Bergeronnes. C’est en voulant tirer son frère Roy d’une position dangeureuse que Léo Desbiens perd la vie entraîné par un rapide courant. Roy ne pouvant être rescapé est à son tour entraîné. Près de 50 personnes participent aux recherches qui n’ont pas encore donné de résultats.

Roy Desbiens, 27 ans et Joseph Léo Desbiens, 23 ans, deux fils de M. Émile Desbiens, demeurant aux Petites-Bergeronnes, agglomération d’une dizaine de familles à environ 110 milles à l’ouest de Baie-Comeau, ont connu une fin tragique lundi alors que travaillant tous deux pour la Coopérative d’électricité, au nettoyage d’un bassin d’alimentation du pouvoir, ils ont été entraînés par un violent courant par dessus l’écluse pour ensuite dévaler de chute en chute, sur une hauteur de plus de 200 pieds.

Voici comment s’est produit la tragédie. Roy Desbiens qui travaillait sur un radeau au-dessus de la deuxième écluse de la rivière des Petites-Bergeronnes, était à enlever des chablis et des arbres, ainsi que différents déchets flottants ou accrochés à l’écluse. C’est alors que le radeau sur lequel il se tenait a été entraîné par le courant et a basculé par-dessus l’écluse. Réussissant à s’accrocher à un câble d’acier suspendu d’un côté à l’autre de la rivière quelque 5 ou 8 pieds en aval de l’écluse il a tenu dans cette précaire position pendant près d’une heure, ballotté par la poussée de l’eau qui lui coulait dans le dos.

Les témoins de l’accident, qui s’est produit vers 5 heures de l’après-midi, se sont alors efforcés de lui lancer un câble qu’il n’a pu saisir, probablement de peur de lâcher prise ou encore ne croyant pas pouvoir s’attacher solidement.

Voyant l’inutilité des efforts, Léo Desbiens s’est alors embarqué dans une chaloupe pour essayer d’aller recueillir son frère. Un câble tenu par des camarades sur la berge, servait à retenir l’embarcation, qui sous la poussée du courant et ballottée par la violence des efforts de son occupant, s’est remplie d’eau et a sombré, projetant ainsi le jeune Desbiens dans l’eau où il a instantanément été entraîné en bas de l’écluse et dans la chute.

C’est alors que Roy, après avoir tenu encore quelques minutes dans sa position, a vu ses forces le trahir et a été à son tour entraîné par le courant de la rivière, qui est en cru par suite du dégel et de la fonte des neiges.

Les recherches pour retrouver les deux victimes commencèrent aussitôt sous la direction de M. Hervé Bélanger, de Bergeronnes, ingénieur de district pour l’office de l’électrification rurale.

On a tenté de tendre des filets sous un pont situé à environ deux milles du lieu de la tragédie, mais la violence du courant a empêché la mise en place de ces filets, dans lesquels on espérait récupérer les corps des victimes. Les recherches se sont poursuivies jusqu’à 10 heures lundi soir et ont été reprises dès le lendemain matin, alors que près de 50 hommes fouillent la rivière tout le long des deux ou trois milles qu’il y a entre le pouvoir en l’embouchure de la rivière au fleuve.

On devrait essayer de barrer la rivière dans une section où le courant est moindre, dans l’espoir que les corps des victimes puissent être arrêtés là.

Au moment d’aller sous presse, les victimes n’avaient pas encore été retrouvées.

Lorsque l’article paru dans l’Aquilon de Baie-Comeau (VOl.X-No 19), les deux frères furent retrouvés cette même journée du 11 mai 1960.

Roy et Léo étaient les enfants d’Émile Desbiens et Lauretta Gauthier et les frères d’Émilienne, Claire, Rita, Ruth, Marie-Paule, Romey et Gabriel.

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