Effectifs infirmiers : le syndicat nuance le portrait de l’OIIQ

Par Charlotte Paquet 1:26 PM - 24 octobre 2020
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Présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois, Nathalie Savard, dénonce les périodes de garde obligatoires imposées. Photo : Archives

Les chiffres publiés ces derniers jours par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) voulant que la main-d’œuvre se stabilise sur la Côte-Nord après des années de décroissance en ont fait bondir plusieurs, mais du côté syndical, Nathalie Savard ne se dit pas nécessairement surprise.

Le dernier portrait de l’OIIQ révèle que 880 infirmières et infirmiers étaient en poste dans la région au 31 mars 2020, soit sensiblement le même nombre qu’un an plus tôt.

« Ils (les chiffres) ne me surprennent pas. On a plus de monde, mais notre monde quitte pour le privé et ils reviennent travailler pour les agences. Les gens sont rendus à dire c’est ma peau, je vais sauver ma peau », explique la présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois, en notant les conditions de travail plus avantageuses pour ces infirmières d’agence.

Il y a aussi toutes les personnes qui tombent au combat et vont grossir les rangs des employés en congé de maladie. Pendant ce temps-là, le recours à la main-d’œuvre indépendante continue d’augmenter avec l’impact sur le budget du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS). « On n’est pas bons en main-d’œuvre indépendante et on n’est pas bons en assurance salaire », laisse tomber la présidente.

Nathalie Savard rappelle que 80 % des membres de l’OIIQ dans la région travaillent dans des établissements du réseau de la santé. Les autres oeuvrent dans le privé, notamment pour Hydro-Québec ou de grandes entreprises.

La fusion de 2015

« Il manque des infirmières sur la Côte-Nord présentement. On le voit avec les gens qui font du temps supplémentaire obligatoire, qui travaillent avec des équipes incomplètes. Tout ça, ces problèmes-là viennent avec la fusion du CISSS », souligne la présidente. Rappelons que selon des données obtenues par Radio-Canada auprès du CISSS, il manquerait 300 infirmières et infirmières auxiliaires dans la région.

Nathalie Savard affirme que depuis la réforme de 2015, qui a entraîné la fusion de neuf établissements et la création du CISSS, « on n’a jamais été capables de se sortir la tête de l’eau ». Elle considère que c’est devenu ingérable. « Il faut savoir patiner sur une patinoire avec beaucoup d’obstacles et je me demande si le CISSS Côte-Nord se comprend lui-même. »

À temps complet

Le portrait de l’effectif infirmier produit par l’OIIQ révèle que 70 % des membres occupent un poste à temps complet sur la Côte-Nord, soit le taux le plus élevé au Québec après le Nord-du-Québec.

« J’ai été contente de voir cette nouvelle-là. Lors des dernières négociations, on avait signé une entente pour le rehaussement des postes avec l’employeur », rappelle la présidente.