Audiences du BAPE sur le projet GNL Québec : la Haute-Côte-Nord se fait entendre

Par Johannie Gaudreault 3:00 PM - 3 novembre 2020
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Lilas Lamontagne Carpin et Geneviève Dick ont représenté le Mouvement citoyen littoralement inacceptable. Photo : Caputure d’écran

Du 26 au 30 octobre se tenait la première semaine des audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) concernant la portion Énergie Saguenay du projet GNL Québec. En tout et partout, une quinzaine d’intervenants de la Haute-Côte-Nord se sont faits entendre par les commissaires durant ce deuxième volet de l’étude du BAPE.

Le Mouvement citoyen littoralement inacceptable (MCLI) a commencé le bal lors de la première journée des audiences martelant que le projet contrevient aux 16 principes du développement durable tels que la santé et qualité de vie, la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité, entre autres.

« Le trafic quotidien de méthaniers est contraire à cette volonté de mettre en valeur nos paysages et nos aires protégées dans le parc marin et les parcs provinciaux. Nous ne voulons pas de ce projet GNL, ni de ses retombées, ni de son trafic, ni de ses déchets », ont affirmé Lilas Lamontagne Carpin et Geneviève Dick lors de la présentation du résumé du mémoire du MCLI.

Le 27 octobre, le président du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), Robert Michaud a réitéré que le bruit sous-marin est une des principales menaces au rétablissement de la population du béluga du Saint-Laurent, « une espèce en voie de disparition imminente au Québec ».

« Le Saguenay est le seul endroit où les bélugas peuvent trouver un refuge au bruit. L’existence de refuge acoustique nous offre une option importante pour la protection à long terme des mammifères marins », a-t-il expliqué aux commissaires.

La Société du Pont sur le Saguenay, représentée par Pierre Breton, s’est adressée au BAPE quelques minutes plus tard sans prendre position pour ou contre le projet GNL Québec. « Cependant, à la lumière de ce qu’on a entendu depuis quelques semaines, il est apparu évident que l’on devait intervenir pour solutionner les problématiques qu’on retrouve dans le Saguenay », a d’abord lancé l’intervenant.

Selon M. Breton, l’accélération du processus en cours pour la construction d’un pont sur le Saguenay permettrait de sécuriser et faciliter la navigation maritime en plus d’aider au rétablissement du béluga du Saint-Laurent. « Si demain matin le pont est construit, le nombre de passages quotidiens de navires va passer de 106 à 1,2 », a-t-il soutenu.

À la fin de l’après-midi, le maire de Tadoussac, Charles Breton, a fait mention de son inquiétude face à la nuisance du projet GNL Québec sur l’industrie touristique de sa municipalité et de la région. « La présence quotidienne des méthaniers affectera l’expérience du contact avec la nature, ça, c’est clair », a mentionné l’élu, questionné par le commissaire Denis Bergeron.

« C’est le côté écotourisme de notre offre qui motive des milliers de touristes de toutes les provenances à choisir notre destination. Les croisières aux baleines sont un incontournable pour la majorité des visiteurs et le paysage naturel presque intouché est également une de nos forces », a tenu à faire savoir Charles Breton, précisant que des milliers d’emplois dépendent de l’industrie touristique.

Le jeudi 29 octobre en soirée, le conseil de la Première Nation des Innus Essipit et le conseil des Innus de Pessamit, en collaboration avec Mashteuiatsh, ont pris le temps d’exposer leur opinion face au projet.

« Le projet Énergie Saguenay, s’il voit le jour, aura une incidence majeure sur nos droits ancestraux et notre titre ancestral également », a déclaré le représentant de Mashteuiatsh, Charles-Édouard Verreault.

Même si une entente a été conclue avec le promoteur GNL Québec, les conseils innus préfèrent ne pas se positionner sur le projet.

« Premièrement, les processus d’évaluation environnementale ne sont pas finis pour le projet d’Énergie Saguenay. Celui-ci aura notre consentement seulement si le projet de gazoduc l’obtient également. Deuxièmement, deux enjeux importants persistent : l’impact sur les bélugas et une réelle substitution énergétique », a conclu le chef d’Essipit, Martin Dufour.

Globalement, le BAPE a reçu plus de 3 000 mémoires pour ses travaux dans le dossier GNL Québec. Il s’agit d’un record pour l’organisme gouvernemental fondé en 1978. C’était le projet Rabaska qui détenait le plus grand volume de mémoires reçus auparavant avec un total de 699.

Rappelons que le projet d’Énergie Saguenay de GNL Québec s’inscrit dans le cadre d’un projet d’exportation de gaz naturel liquéfié de 14 G$ à partir de l’Ouest canadien. Un gazoduc de 750 kilomètres relirait l’usine de liquéfaction située sur la zone industrialo-portuaire du port de Grande-Anse, à La Baie, au nord-est de l’Ontario.

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