Le chemin du Banc-des-Blancs suscite des questionnements

Par Shirley Kennedy 12:00 PM - 25 mai 2021
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Le Banc des Blancs à Colombier appartient à l’homme d’affaires Jean Fournier.

Symbole de la colonisation, considéré comme un chemin historique donnant accès à l’ancien village de St-Élysée de Bersimis, le chemin du Banc-des-Blancs qui mène bien évidemment au Banc des Blancs sur le territoire de Colombier, fait l’objet de propos controversés quant à son droit de propriété.

Le propriétaire du Banc des Blancs, l’homme d’affaires baie-comois Jean Fournier, y autorise depuis quelques années, l’installation d’un camping rustique où bien avant son acquisition, avaient déjà l’habitude de s’installer des résidents du secteur St-Marc-de-Latour-Colombier pendant la belle saison.

Bon an mal an, un maximum de 30 roulottes occupent ce hameau de sable paradisiaque, niché entre le fleuve Saint-Laurent et la rivière Bersimis, intimement lié à l’histoire de la famille Miller, où se trouve un cimetière dans lequel furent inhumés les membres des familles colonisatrices.

Cette année, les campeurs du Banc des Blancs ne seront pas au rendez-vous pour la cueillette de petits fruits, les feux de camp, la baignade et la pêche au capelan. Telle est la décision de Jean-Pierre Fournier qui a pris la relève de son père dans la gestion du domaine familial.

Pour l’instant, M. Fournier est en attente de divers avis juridiques afin de confirmer le titre de propriété du chemin du Banc-des-Blancs et son droit d’y installer une barrière qui est déjà en place. D’autres barrières ont été érigées sur les chemins attenants et certaines ont été vandalisées dernièrement.

« J’ai reçu des avis d’infraction et des mises en demeure, donc j’ai dit aux utilisateurs, principalement les gens du camping, que pour cette année, il n’y aura pas de camping, le temps que la polémique autour du chemin du Banc-des-Blanc soit élucidée une fois pour toutes », a-t-il affirmé en entrevue au Journal Haute-Côte-Nord.

Jean-Pierre Fournier réfute l’information à l’effet qu’il interdit l’accès au sentier de 6,4 km. « Oui la barrière a été installée mais elle n’est pas fermée. Et je n’ai jamais limité l’accès, c’est totalement faux ».

Préservation

Aussi, M. Fournier invoque les efforts sylvicoles qu’il met afin de préserver son vaste domaine. « Une équipe du Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB) est sur place et fait partie des utilisateurs puisqu’ils ont aménagé des sites de recherche qui sont protégés » explique-t-il.

Interpellée par ses citoyens, la Municipalité de Colombier a effectué la démarche et obtenu réponse à la question qui est sur toutes les lèvres.

« Le chemin du Banc-des-Blancs n’appartient pas à la Municipalité ni à M. Fournier, il appartient au ministère des Transports », a précisé au Journal la mairesse de la localité, Marie-France Imbeault.

Une information que le propriétaire terrien refuse de confirmer puisqu’il est en attente de réponses de la part de « son équipe sur le dossier ».

Selon lui, la loi sur les chemins de la colonisation a été amendée en 1993 par la loi de la voirie. « Si le chemin n’est pas à moi je ne peux pas le barrer c’est indéniable, mais tous les terrains autour sont à moi », ajoute l’homme d’affaires qui se garde bien de vouloir expulser qui que ce soit du Banc des Blancs.

« Il y a des propriétaires qui sont au bout du terrain depuis des décennies et je vais les respecter. J’ai parlé à tous les propriétaires de maisons et de terrains et ils sont d’accord avec ça (limiter l’accès). Eux aussi ont été vandalisés. Je ne veux pas interdire l’accès au Banc des Blancs mais je veux le limiter », assure-t-il.

L’avenir du camping

Concernant l’éventualité que le camping ne soit plus autorisé sur le terrain, M. Fournier affirme que ce n’est pas ce qu’il souhaite, malgré qu’il ait des comptes à rendre à certaines institutions comme l’environnement, et aussi que « plusieurs espèrent que ça (le camping) ne fonctionne pas ».

Jean-Pierre Fournier estime que ses intentions sont nobles et espère que les utilisateurs les comprendront. « J’essaie juste de préserver la propriété et de m’assurer que les autres propriétaires de terrains ou de maison du Banc des Blancs puissent être respectés et avoir la paix. », résume-t-il.

Utilisation harmonieuse

Un utilisateur qui a tenu à garder l’anonymat par « crainte de représailles », a mentionné au Journal Haute-Côte-Nord, « que par les usages anciens du chemin du Banc-des-Blancs, les gens ont acquis en quelque sorte un droit de passage qui désormais serait retiré sans aucune considération pour le propriétaire terrien ».

Selon cette personne, une entente entre la Municipalité de Colombier, le voisinage et le propriétaire en l’occurrence M. Fournier, devrait être encouragée pour que tous soient « garants d’une utilisation harmonieuse et solidaire du chemin, tout en respectant le droit du propriétaire terrien ».

Il ajoute que les Nord-Côtiers dont les Innus de Pessamit, ont tissé des liens avec ce lieu historique qui fait partie de « l’imaginaire collectif de la Côte-Nord » et que ceux-ci doivent être pris en considération, d’autant plus qu’avec l’installation des barrières, « la paix sociale semble être désormais en péril ».

À suivre.

Pour se rendre au cimetière du Banc des Blancs, les visiteurs doivent obligatoirement emprunter le chemin du Banc-des-Blancs.

Pour se rendre au cimetière du Banc des Blancs, les visiteurs doivent obligatoirement emprunter le chemin du Banc-des-Blancs.


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