En attente d’une chirurgie, Jocelyne Émond garde espoir

Par Shirley Kennedy 12:00 PM - 26 janvier 2022
Temps de lecture :

Mme Émond a bien hâte de retrouver une qualité de vie qui lui permettra de voyager, comme ici en 2017. Photo : Courtoisie

Jocelyne Émond de Longue-Rive fait partie des gens en attente de chirurgie dont les interventions sont reportées. Victime du délestage de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus-CHU de Québec-Université Laval, madame Émond et son mari Daniel Bouchard, espèrent l’appel qui changera leur vie, devenue plus fragile depuis que la maladie s’est immiscée dans leur quotidien à l’été 2019.

En entrevue au Journal Haute-Côte-Nord, le couple précise qu’il ne désire pas critiquer le gouvernement ou le système de santé dans sa gestion de la pandémie.

« Nous comprenons la situation du Québec au complet », affirme M. Bouchard. Il n’en demeure pas moins que l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, a reporté à deux reprises l’opération au cerveau que doit subir son épouse pour un anévrisme, découvert après un accident vasculaire cérébral (AVC) survenu le 30 mai 2021.

Historique

La dame âgée de 65 ans souffre de douleurs chroniques au dos depuis un peu plus de deux ans. Pour la soulager, des infiltrations lombaires sont pratiquées lorsque la douleur devient insupportable.

Celles-ci consistent en l’injection locale à faible dose, d’un traitement anti-inflammatoire, le plus souvent à base de cortisone, afin de diminuer l’inflammation et la douleur.

« D’une infiltration à l’autre, elle n’a plus aucune qualité de vie, tous les médecins disaient qu’il n’y avait rien à faire », déplore son conjoint et proche aidant.

Pour cette dame jadis très active, qui adore le jardinage et les voyages, l’acceptation de sa condition est très difficile, mais la maladie récidive.

En effet, en mai 2021, Jocelyne Émond est victime d’un AVC qui fort heureusement, ne lui laisse aucune séquelle. Mais le scanner réalisé par la suite révèle un anévrisme important au cerveau et pour lequel une intervention crânienne doit être envisagée.

L’opération d’une durée estimée entre 6 et 7 heures est cédulée le 10 décembre à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus-CHU de Québec-Université Laval.

En parallèle avec ce nouveau problème de santé, les maux de dos persistent toujours et le couple décide de se tourner vers le secteur privé.

Automne 2021, madame Émond rencontre le docteur Jean-François Roy de la Clinique du dos à Québec, un spécialiste en la matière dont la renommée ne fait aucun doute.

Enfin, le professionnel de la santé annonce une bonne nouvelle à sa patiente nord-côtière: une opération dans le système public est possible, à l’Hôpital Saint-François d’Assise-CHU de Québec en l’occurrence, et permettra d’enrayer 90 % de ses douleurs.

Celle-ci consiste à installer une vis entre le bassin et la colonne vertébrale de madame Émond. Seule ombre au tableau: son anévrisme qui représente trop de risques pendant l’opération et qui pourrait lui être fatal en cas de hausse de pression artérielle par exemple.

« L’opération au dos ne peut avoir lieu avant celle au cerveau selon le Dr. Roy, et idéalement au moins quelques mois après », précise monsieur Bouchard.

Comble de malchance, ce qu’appréhende la famille Émond-Bouchard se concrétise le 9 décembre, alors qu’un appel de la centrale de rendez-vous de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec leur annonce que l’opération est retardée au 18 janvier 2022.

« On ne nous a pas dit que c’était nécessairement lié au délestage, peut-être pas non plus », tient à préciser M. Bouchard.

Solidarité familiale

Malgré les écueils, le couple plus soudé que jamais, garde espoir, encouragé par l’amour et le soutien de leurs enfants Ken et Caroline, et les frères et sœurs Émond et Bouchard qui assurent un appui moral constant.

« Lorsque mon mari doit s’absenter, ma sœur vient me trouver. Je ne suis jamais laissée seule et c’est mon mari qui se charge de tout », raconte la dame, gorgée d’espoir et de reconnaissance envers son entourage.

Le 10 janvier, pour une seconde fois, le téléphone sonne pour annoncer l’annulation de l’opération mais cette fois, aucune date n’est déterminée.

« On nous a dit qu’on nous appellerait d’ici un mois. On attend », se résigne le couple.

Jocelyne Émond et Daniel Bouchard ne désirent pas lancer une polémique concernant la situation à laquelle ils sont confrontés. Ils se permettent tout de même d’inciter les gens à se faire vacciner, ne serait-ce que par compassion envers les gens malades qui sont en attente de chirurgie.

« C’est sûr que s’il y avait plus de monde vaccinés, ce serait moins pire dans les hôpitaux », estime M. Bouchard.

Le fils du couple, Ken, partage la déception de la famille qui entrevoyait un retour à la qualité de vie de sa mère.

« Nous comprenons bien le contexte exceptionnel dans lequel nous sommes. Ce qui est frustrant, c’est de réaliser que les choix de certains ont un tel impact sur des personnes vulnérables et c’est désolant de constater que c’est encore une fois repoussé… Et jusqu’à quand? »

Bien au chaud dans le cocon familial, madame Émond demeure courageuse et optimiste malgré tout. « C’est sûr que ça affecte le moral, je suis tellement tannée de ne pouvoir rien faire, mais j’ai bon espoir. »

Partager cet article