La réserve de biodiversité d’Essipit étudiée pour un projet de maîtrise

Par Johannie Gaudreault 10:33 AM - 11 mai 2022
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Pour son projet de maîtrise, Rosalie Champagne-Côté a choisi d’étudier la réserve de biodiversité de la Première Nation des Innus Essipit. Photo : Antoine Perrone

L’étudiante à la maîtrise en sciences forestières, Rosalie Champagne-Côté a terminé son programme d’études en publiant un mémoire visant à comprendre comment la Première Nation des Innus Essipit s’est approprié le concept d’aire protégée.

Intitulé « Visions et aspirations autochtones dans la mise en place d’aires protégées : le projet de la réserve de biodiversité Akumunan de la Première Nation des Innus Essipit », le mémoire de 66 pages se veut une étude de cas.

« Nous avons voulu savoir quels moyens ont été utilisés par la communauté d’Essipit pour contribuer à la mise en œuvre de la réserve de biodiversité Akumunan, quelle vision mène le projet et quel rôle souhaite avoir Essipit dans la gouvernance d’Akumunan? », précise la principale auteure, qui a été soutenue par les directeurs de recherche, Jean-Michel Beaudoin et Louis Bélanger.

Pour répondre à ces questions, Mme Champagne-Côté et son équipe ont mené une recherche documentaire et ont réalisé six groupes de discussion pendant lesquels 22 membres d’Essipit ont été rencontrés. Malgré la situation entourant la COVID-19, les groupes de discussion se sont déroulés en personne, dans le respect des normes sanitaires en vigueur et des directives émises.

Les groupes de discussion ont duré en moyenne trois heures et ont tous eu lieu au Centre culturel Manakashun, à Essipit. Les participants ont interrogés « sur leur vision générale des aires protégées, puis sur les valeurs, les menaces et les besoins des Essipiunnuat par rapport à Akumunan de même que sur les enjeux de gouvernance de celle-ci ».

« Cette étude montre qu’historiquement, la mise en place des premiers parcs a mené à la dépossession de plusieurs peuples autochtones de leurs terres ancestrales. Cependant, ceux-ci s’approprient maintenant le concept des aires protégées afin de protéger leur patrimoine naturel et culturel », de résumer l’étudiante originaire de Québec.

Un « tout » qui doit être protégé

Lors de ses recherches, Rosalie Champagne-Côté a démontré que les Innus d’Essipit voient le territoire à protéger comme un « tout » afin d’assurer une pérennité des ressources naturelles, ce qui permet la pratique des activités traditionnelles, qui constituent les fondements de la culture innue.

« La communauté souhaite jouer un rôle de premier plan dans la gouvernance de l’aire protégée », déclare-t-elle.
Peu de littérature a été recensée sur la vision et les démarches menées par les communautés autochtones québécoises en lien avec la mise en place d’une aire protégée.

« Cette étude pourra inspirer et favoriser la réussite d’autres projets de conservation autochtones en plus d’éclairer les gouvernements qui désirent reconnaître un statut d’aire protégée autochtone en s’inspirant d’un modèle proposé par une communauté », selon l’élève qui a consacré deux ans et demi à la production de son mémoire.

Documentaire

En plus du document final produit par l’étudiante universitaire, quatre capsules vidéos seront diffusées sur le sujet puisque celle-ci voulait documenter en image sa maîtrise et ainsi, exposer tout ce qui est fait par la communauté sur le territoire.

« Avec des amis et grâce au support d’Essipit, nous avons développé un premier clip que nous avons montré aux participants lors des entrevues. Celui-ci a tellement été bien accueilli et apprécié que nous avons poursuivi le processus, avec cette fois plus de financement et de figurants », commente Rosalie Champagne-Côté.

L’équipe documentariste est dans les dernières semaines de production. Le résultat devrait être dévoilé d’ici la fin du mois de mai. « Le lancement se fera lors de la première Table de concertation que nous tiendrons à Essipit le 20 mai », de divulguer Mme Champagne-Côté qui se dit très fière du travail accompli.

Alors que l’universitaire s’est rendue pour la première fois sur la Côte-Nord au printemps 2019 pour rencontrer la communauté autochtone, elle a été charmée par la région.

Elle devait n’effectuer que deux stages d’été à Essipit, mais « cela s’est transformé en long séjour qui n’est d’ailleurs pas terminé », admet celle qui n’est pas retournée vivre à Québec depuis mars 2020 et qui s’est portée acquéreuse de sa première maison à Tadoussac.

Ayant terminé ses études et ne pensant pas accomplir un doctorat, Rosalie Champagne-Côté aimerait « travailler dans le domaine de la conservation, avec les communautés locales et autochtones idéalement ».

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