Jardiner pour mieux manger et économiser

Par Renaud Cyr 11:45 AM - 7 Décembre 2022
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Le jardin communautaire de Tadoussac. Photo Jane Chambers Evans.

Forestville a reçu une aide financière de 18 216 $ de la MRC de la Haute-Côte-Nord pour l’implantation d’un jardin communautaire dans la municipalité. Avec son implantation, la plupart des municipalités de la région auront leur propre jardin communautaire.

De plus, Hydro-Québec a octroyé à la Ville de Forestville une somme de 217 800 $ dans le cadre du Programme de mise en valeur intégrée (PMVI) pour compenser les kilométrages occupés par la ligne sur le territoire de la ville. Une partie de ce montant sera utilisé pour apporter l’eau de l’aqueduc au jardin.

L’emplacement du jardin communautaire de Forestville, qui verra le jour en été 2023, n’est pas encore déterminé. « Nous sommes en réflexion à propos de l’endroit où nous allons ériger le jardin, car nous voulons l’implanter pour qu’il reste sans que l’on ait à le déplacer ailleurs », soutient Micheline Anctil, maire de la municipalité de Forestville.

« Nous voulons que le jardin soit accessible pour les gens qui n’ont pas d’automobile, et nous prévoyons construire des plate formes surélevées afin que les gens aux prises avec des problèmes de mobilité ne soient pas toujours à genoux pour jardiner », explique l’élue Forestvilloise.

La MRC de la Haute-Côte-Nord développe depuis 2021 son plan de développement de la zone agricole (PDZA), qui prévoit l’implantation de plusieurs mesures dont l’implantation et l’entretien de jardins communautaires, afin de favoriser un accès à des aliments frais et sains à ses résidents.

Implication grandissante

Le premier jardin communautaire de la région se trouve à Tadoussac, près de la ferme Hovington. « Au début il y a 8 ans, nous étions 6 familles dans un champ de foin », observe avec humour la conseillère municipale de Tadoussac Jane Chambers Evans, qui jardine sur sa parcelle depuis 2013. « Maintenant nous sommes 15 familles », ajoute-t-elle.

« La plupart des terrains du village ne se prêtent pas bien au jardinage. Les gens qui viennent ici sont des retraités, des étudiants et des familles qui apportent leur expertise et socialisent l’un avec l’autre. C’est très intéressant », explique la conseillère.

Depuis, plusieurs municipalités ont emboité le pas en créant leur propre espace de jardinage. Aux Escoumins, plus d’une dizaine de parcelles sont occupées chaque été depuis plus de 5 ans.

Une citoyenne des Escoumins, Kathleen Goulet, a joint le jardin en 2018 : « J’ai commencé à faire mes propres semis pour faire pousser des choux, des patates et des carottes », se rappelle-t-elle.

« Il y a de plus en plus de gens qui s’impliquent chaque été, et les parcelles sont remplies », détaille-t-elle. Même son de cloche du côté de Portneuf-sur-Mer, où le jardin communautaire a été créé en 2018.

« Nous avions 12 espaces de jardinage au début en 2018, et maintenant nous en avons 21 », déclare Henriette Émond, animatrice communautaire à la municipalité. « Il y a de la demande pour participer, il nous faudrait même plus de parcelles pour combler tous nos besoins », rapporte-t-elle.

Produits frais

Un avantage considérable de jardiner est la récolte de produits frais et biologiques, souvent incomparables à ce que l’on peut trouver en épicerie.

Malgré son climat nordique, la Haute-Côte-Nord permet la culture extérieure de presque tous les types de légumes, fruits, fleurs et fines herbes avec des semis, avec quelques exceptions qui doivent être réalisées en serre.

« Je crois qu’avec la COVID-19 et l’inflation, les gens commencent à penser différemment », soutient Micheline Anctil. « Faire pousser ses propres carottes ou ses propres oignons, ça fait une différence », ajoute-t-elle.

« Les bonnes années, je n’achète presque aucun légume », observe Kathleen Goulet. « Je me suis rendue au mois de mars avec mes carottes l’an dernier, et j’ai eu beaucoup de patates pour l’hiver l’an dernier », conclut-elle.

Des outils de sociabilisation

« Les jardins communautaires ça fait socialiser les gens », explique Lilianne Tremblay, conseillère municipale de Portneuf-sur-Mer. « Ils se donnent des trucs et s’entraident », ajoute-t-elle.

« Ça fait un réseau de jardiniers à qui parler. On arrive à déjouer les années où il y a des insectes ou des maladies de plantes en s’entraidant », souligne Kathleen Goulet.

En plus de renforcir le tissu villageois, certaines initiatives de jardiniers permettent à la collectivité de profiter des produits du jardin. À Portneuf-sur-Mer, le surplus de tomates d’un utilisateur a permis au frigo communautaire de la municipalité d’en bénéficier, en plus d’être distribuées à la Halte 138.

Aux Escoumins, un poulailler communautaire a vu le jour il y a 3 ans grâce à la volonté des utilisateurs du jardin, en collaboration avec le camp de jour Les Escoumins.

« Nous sommes très contents d’offrir ce service-là à la population. Les gens sont très respectueux, et tout le monde est satisfait », assure Henriette Émond.

« Je suis fille d’agricultrice, et pour moi un jardin communautaire est une belle activité, que l’on peut réaliser avec les enfants, et même les petits-enfants », conclut Micheline Anctil.

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