Du linge à la mer plutôt qu’en terre

Par Renaud Cyr 6:30 AM - 18 janvier 2023
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Les curieux ont été nombreux au premier événement de la friperie Du linge à la mer, au café-bar le Gibard de Tadoussac. Photo Facebook.

La première édition de la friperie éphémère Du linge à la mer, avait lieu le 8 janvier au café-bar le Gibard de Tadoussac. Organisé par Alexandre Phily, valoriste à l’écocentre des Bergeronnes et l’équipe du Noyau communautaire de Tadoussac, l’événement a attiré de nombreux curieux durant toute la journée.

C’est lors de ses quarts de travail qu’Alexandre Phily découvre la quantité ahurissante de textile qui termine sa vie dans les conteneurs de l’écocentre des Bergeronnes.

« Lorsque j’avais le temps, je regardais ce qu’il y avait en termes de textiles dans les sacs destinés à l’enfouissement », explique-t-il. « Je n’en dormais pas tellement il y en avait », lance-t-il.

C’est de ce constat qu’a germé l’idée de tenir un événement visant à réutiliser le textile destiné à l’élimination. « Mon but, c’est de réduire les poubelles et trouver une solution pour les réutiliser », précise Alexandre Philly.

Au Gibard jusqu’en février

Le café-bar le Gibard a généreusement prêté son plancher au valoriste, qui a organisé la friperie ce premier dimanche de janvier.

« Je suis content de la journée, j’ai l’impression de faire quelque chose d’utile », raconte Alexandre Phily. « Il y avait toujours de l’achalandage durant la journée, les gens essayaient des morceaux, et parlaient entre eux, le côté social de l’événement m’a beaucoup plu », détaille-t-il.

La friperie d’hiver aura lieu de nouveau tous les dimanches jusqu’à l’avant-dernière fin de semaine de février.

Pour la coordonnatrice du Noyau communautaire de Tadoussac Stéphanie Thibault, qui était également sur les lieux, cet événement sert d’ancrage à la vie de village.

« Durant l’hiver, Tadoussac ne compte pas beaucoup d’événements. C’est pour cela que c’est plaisant d’avoir une activité de friperie à chaque semaine, ça permet aux gens de se rassembler et d’échanger », rapporte-t-elle.

Textiles sous toutes ses coutures

Selon un rapport publié en 2020 par le Centre de transfert technologique en écologie industrielle, le Québec consommerait environ 343 000 tonnes de produits textiles neufs par année, soit 40 kg par habitant annuellement.

Cette quantité colossale doublée d’un problème de débouchés pour écouler le surplus et les vêtements passés de mode, créent des enjeux de récupération.

Le Centre de dépannage des Nord-Côtiers des Escoumins et le Centre d’action bénévole le Nordest de Forestville sont les deux sorties majeures, qui disposent d’un espace de rangement et de vente limité.

« Les gens nous font d’importants dons, on reçoit des tonnes de vêtements. De notre côté, nous gardons uniquement ce qui n’est pas abîmé, taché ou endommagé », précise Marie-Eve Boivin, directrice générale du Centre d’action bénévole le Nordest de Forestville.

Les friperies manquent d’espace et remettent les surplus à la MRC, qui quant à elle, doit procéder à son enfouissement. Le tout a une portée directe sur le portefeuille des citoyens.

« Ce n’est pas un manque de volonté de notre côté, mais plutôt un manque d’espace. Si on avait le double de la superficie, nous mettrions les dons en vêtements des gens sur notre plancher », explique madame Boivin.

Les événements comme la friperie du Gibard servent ainsi à faire circuler et écouler le textile en trop, qui souvent est en état très acceptable. Selon Alexandre Phily, près de la moitié du textile présent le jour de l’événement avait été écoulé.

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