À la recherche de données scientifiques

Par Renaud Cyr 10:00 AM - 22 février 2023
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L’équipe de plongée d’Explos-Nature effectue depuis 2018 un contrat de recherche scientifique avec le ministère des Pêches et Océans Canada. Cet inventaire permettra d’en connaître davantage sur la nature de la biodiversité présente dans le fond marin près de la base de plongée des Escoumins. Photo: Explos-Nature

Explos-Nature des Bergeronnes entreprend depuis 2018 un contrat de recherche scientifique avec le ministère des Pêches et Océans Canada (MPO). L’organisme a le mandat de recenser le fond marin afin d’établir un inventaire des multiples espèces qui le peuplent adjacent à la base de plongée des Escoumins, attachée au Centre de découverte du milieu marin (CDMM).

Le fond marin situé dans une petite baie aux abords des Escoumins entre la rue des Pilotes et la rue de l’Anse est un endroit reconnu mondialement pour la plongée sous-marine.

Faisant partie de l’aire protégée du Parc marin Saguenay-St-Laurent, la base de plongée de la Fédération québécoise des activités subaquatiques qui accueille les plongeurs se trouve à même le CDMM, l’établissement d’interprétation de Parcs Canada.

Depuis plusieurs années, Parcs Canada s’associe à l’organisme Explos-Nature pour la réalisation de contrat d’interprétation, consistant à éduquer le public sur place en ramenant des espèces à la surface afin de leur présenter.

Contrat de recherche scientifique

Le MPO peut également bénéficier des services d’Explos-Nature. En effet, un contrat de plongée scientifique dédiée à la recherche est en vigueur depuis 2018.

« À ce jour, nous n’avons pas de données scientifiques de référence pour affirmer que les fonds marins du parc marin Saguenay-Saint-Laurent se portent bien ou non. D’où l’intérêt du contrat de recherche qui nous permettra de comparer nos données en cas de changement », explique Sandrine Vigneron, directrice aux opérations maritimes chez Explos-Nature.

À la place de remonter les espèces sur la terre ferme, l’équipe de plongeurs d’Explos-Nature recense au calepin les types d’espèces et leur nombre là où la profondeur le permet.

« Le MPO est intéressé à caractériser des milieux aquatiques côtiers partout au Canada pour savoir ce qui s’y trouve. Ça peut se faire dans un esprit d’inventaire ou de protection, ou pour connaître ce qui s’y trouve en vue d’un éventuel projet économique sur ces sites », estime François Gagnon, directeur général d’Explos-Nature.

Deux crabes se prêtent à l’exercice d’inventaire scientifique avec enthousiasme. Photo Explos-Nature

Feux d’artifice de vie

Le fond marin à cet endroit est caractérisé par un plateau rocheux qui regorge de vie. Il est possible de voir la majorité des éléments qui composent la chaîne alimentaire sous-marine.

Après les organismes invisibles à l’œil nu, on y décèle la présence le zooplancton et de phytoplancton, qui attire les invertébrés comme le krill, qui à leur tour attirent les poissons et les baleines.

Il s’agit de véritables feux d’artifice biologiques, dont le public sur la terre ferme et les plongeurs peuvent observer de près ou de loin.

Des oursins, proches cousins des concombres de mer. Photo Explos-Nature

« Ça ressemble aux Jardins des floralies : des champs d’anémones, de concombres de mer, de psolus écarlates. C’est de toute beauté, et c’est plein de couleurs et plein de vie », illustre Jean-Sébastien Naud, directeur de la base de plongée des Escoumins.

« Nous avons des techniques scientifiques d’inventaire des communautés benthiques, qui peuvent également inclure les gastéropodes, comme les escargots ou les coquillages », rapporte François Gagnon.

Le fond marin se porte bien

Pour le directeur de la base de plongée des Escoumins, les changements qui surviennent dans le fond marin observable par les pêcheurs ne sont pas dus à des phénomènes dommageables.

« Il y a des changements périodiques. Il y a des espèces qui migrent ailleurs, qui disparaissent ou qui sont moins fréquentes », constate-t-il.

« Il y a 40 ans, le fond marin près de la base de plongée était rempli d’anémones rouges du nord. Maintenant il y en a nettement moins, et il y a plus d’anémones plumeuses », conclut-il.

« Il y a de plus en plus de homards également. Avant, on pouvait en repérer un de manière très épisodique. On disait qu’il s’était échappé du restaurant », observe le directeur avec humour.

Le directeur de la base plongée note également que le site, de par sa configuration, n’est pas touché par la pollution de contaminants comme les bactéries du rejet des eaux usées ou les microplastiques.

Le site « se porte bien », évalue Jean-Sébastien Naud. « Il n’y a pas de grosses différences depuis une quinzaine d’années sur le site », complète-t-il.

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