Une caméra dans le fond marin des Escoumins

Par Renaud Cyr 6:30 AM - 22 février 2023
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Antoine Lala-Beaufils, qui passe la saison estivale dans le fond marin près du Centre de découverte du milieu marin des Escoumins dans sa combinaison de plongée, remonte des espèces marines à la surface ou recense leur nombre. Capture d’écran de la série Portraits

Le plongeur scientifique naturaliste Antoine Lala-Beaufils, à l’emploi d’Explos-Nature des Bergeronnes, est la vedette d’une nouvelle capsule vidéo réalisée par le cinéaste Valentine Belleville. La série Portraits dans laquelle il apparait révèle les dessous du lieu de travail du plongeur, les fonds marins près de la base de plongée des Escoumins.

Valentin Belleville, originaire de la région des Alpes en France, réside maintenant à Montréal et accumule les projets cinématographiques depuis sa diplomation en réalisation en 2020 à l’École de la Cité à Saint-Denis près de Paris.

À l’automne 2022, il prend la route des Escoumins afin de réaliser un court-métrage documentaire avec Antoine Lala-Beaufils, plongeur à l’emploi d’Explos-Nature des Bergeronnes. Sa série Portraits présente différents intervenants qui œuvrent dans les sciences de l’environnement.

« Je désirais collaborer avec des gens en contact avec la faune et la flore, afin d’exposer des métiers peu connus au public et de leur faire comprendre qu’il est possible de gagner sa vie en œuvrant pour la nature et l’environnement », raconte-t-il.

Une caméra attachée à même la combinaison de sa collègue plongeuse Margot Morilhat, capture des images saisissantes du fond marin près de la base de plongée des Escoumins, reconnue mondialement pour sa biodiversité marquante et son fond marin coloré.

« Souvent dans les productions documentaires, on sait à l’avance ce que l’on veut dire et ce que l’on veut faire dire aux gens. J’avais envie de me confronter à quelque chose qui m’oblige à créer sur l’instant, et j’espérais documenter le plus naturellement le quotidien des gens », explique le cinéaste.

Concours de circonstances

Finissant d’une maîtrise dans le domaine de la biologie évolutive à l’université de Toulouse, Antoine Lala-Beaufils atterri à Montréal en janvier 2022 dans le cadre d’un stage de fin d’étude.

Antérieurement à son arrivée, le plongeur réalise ses faits d’armes à l’Île de la Réunion et dans la mer Méditerranée. Armé d’un brevet de plongée de niveau 2 français qui permet d’aller jusqu’à 40 mètres de profondeur, il déniche un emploi à Explos-Nature qui lui dispense une formation de plongée scientifique sur place.

« Le contrat était parfait. Nous avons été bien accueillis, le personnel d’Explos-Nature est génial et tout le monde devient rapidement ami. Les Nord-Côtiers sont adorables », explique-t-il. « Je reviens y travailler cet été, et sûrement en 2024 », conclut-il avec enthousiasme.

C’est alors que le cinéaste l’approche pour réaliser un court-métrage documentaire. « Il est entré en contact avec la colocataire de mon ex-copine pour un hébergement, qui est également réalisatrice. C’est elle qui l’a dirigé vers moi », raconte Antoine Lala-Beaufils.

Valentin Belleville en compagnie d’Antoine Lala-Beaufils sur les plateaux rocheux près de la base de plongée des Escoumins. Photo Valentin Belleville

Une journée de tournage

L’équipe de plongée d’Explos-Nature offre des services d’interprétation sur le site du Centre de découverte du milieu marin des Escoumins pour Parcs Canada.

« Nos plongeurs vont chercher des espèces invertébrées comme des crabes ou des étoiles de mer au fond de l’eau et les remontent à la surface », fait savoir François Gagnon, directeur-général d’Explos-Nature.

« Ensuite nos employés les présentent au public, notamment leur alimentation, leur biologie et leur histoire naturelle », conclut-il.

« J’ai suivi Antoine durant toute sa journée de travail, il courait d’un bord à l’autre en plus d’avoir des jeunes à encadrer », raconte Valentin Belleville. « C’était quand même sportif », avoue-t-il avec humour.

Une série à compléter

Questionné à savoir s’il y a d’autres portraits éventuels en chantier, Valentin Belleville ne cherche pas ses mots : « Même si les derniers se sont déroulés rapidement, je suis ouvert à en faire d’autres et il ne manque que les intervenants », explique-t-il.

Le réalisateur s’est rendu du côté de Rivière-du-Loup, où il a pu s’entretenir avec un spécialiste de l’observation acoustique. « Il étudie le chant des baleines et des mammifères marins. C’était assez exceptionnel comme rencontre », confie-t-il au Journal.

Le cinéaste, qui s’est concentré sur des productions de fiction durant ses études, cherche à parfaire ses compétences en réalisation d’œuvres documentaires.

« C’est vers la fin de mes études que j’ai réalisé l’énorme potentiel du format documentaire. Il reste énormément de choses à dire et de sujets à traiter », déclare-t-il.

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