Faire revivre le goût de l’improvisation

Par Renaud Cyr 5:15 PM - 22 mars 2023
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Robert Bouchard lors d’un match de la Ligue régionale d’improvisation à la polyvalente des Rivières en 1994, dont faisaient partie Forestville et Baie-Comeau. Photo Robert Bouchard

Robert Bouchard tente un pari audacieux : faire revivre la pratique de l’improvisation en Haute-Côte-Nord. L’ex-enseignant en art dramatique à la polyvalente des Rivières de Forestville tiendra une deuxième soirée d’improvisation à la salle de quilles des Bergeronnes le 31 mars en soirée pour raviver une discipline qui attirait autrefois les foules.

Pour Robert Bouchard, l’improvisation n’a plus de secret. Féru d’art dramatique et d’art de la scène, l’ex-professeur a touché à tous les aspects de la production artistique.

Revenu dans ses Bergeronnes natales après un long exil et au terme d’une brillante carrière en enseignement, M. Bouchard n’a jamais cessé de s’intéresser à tous les éléments qui gravitent autour d’une scène.

C’est dans cet esprit qu’il a mis sur pied la Ligue d’Improvisation Amicale (LIA), qui donne rendez-vous aux joueurs de tous calibres à la salle de quilles des Bergeronnes.

« Ce que je veux faire avec la LIA, c’est de la pédagogie. J’arbitre et j’arrive avec des thèmes, et les participants s’occupent du reste », précise le Bergeronnais.

Une première soirée avait déjà réuni une vingtaine de curieux durant la semaine de relâche.

Redonner le goût de l’impro

« J’ai arrêté de me dire que nous allions organiser des équipes et jouer les unes contre les autres, car les gens que je tentais de joindre pour participer n’étaient jamais disponibles sur le long terme », explique Robert Bouchard.

L’ex-professeur compte donc sur la participation spontanée des amateurs d’improvisation.

« Je donne rendez-vous aux gens, et on organise quelque chose de similaire au hockey de rue auquel on joue plus jeune. On se divise en deux équipes et on joue », rapporte l’organisateur de la ligue.

« Il faut commencer à recréer le goût de l’improvisation. Ça fait 45 ans que ça existe, c’est étendu dans 40 pays et ça se joue dans une dizaine de langues partout dans le monde. »

« Il y a plus de 300 ligues avec le scolaire et le civil. Si on extrapole, il doit y avoir 10 000 joueurs partout dans la province, mais ici nous sommes à zéro », conclut-il.

Favoriser la production

La scène culturelle en Haute-Côte-Nord est fortement marquée par la saison estivale, qui lui donne un coup de pouce et génère beaucoup d’activités d’art de la scène.

« Il y a peu de production culturelle et davantage de diffusion. Ce n’est pas nécessairement mauvais, mais le nombre d’activités est limité », observe Robert Bouchard.

« Le créneau de la diffusion est déjà pris en charge par Tadoussac, Les Bergeronnes, Les Escoumins et Forestville à l’année, mais au niveau production, les événements sont plus
sporadiques, comme le Sentier de Noël de Portneuf-sur-Mer par exemple », souffle-t-il.

L’organisateur de la LIA veut redonner le goût au public de sortir et de s’amuser et participer à une expérience de production culturelle positive. « On repart à zéro. C’est du travail, mais ça en vaut la peine », tranche l’organisateur.

Soirées d’antan

Le matériel nécessaire pour tenir une soirée d’improvisation est assez sommaire : des bandes comme au hockey, un espace avec un toit et des participants.

C’est cette simplicité qui attirait les curieux nombreux, suivant les années après sa création par Robert Gravel en 1977.

« Dans les années 1980, nous jouions au Manoir du Pont des Bergeronnes et au bar CCM d’Essipit et la salle était pleine à craquer », se rappelle Robert Bouchard. « Il y avait près de 200 personnes. »

Avant d’être organisée en ligue, l’improvisation servait aux dramaturges pour bonifier leur texte et la performance des acteurs d’une pièce.

En plus d’être divertissante pour l’audience, les participants développent des qualités comme l’esprit d’équipe, l’écoute et leur confiance en soi.

« L’improvisation, c’est la même chose qu’écrire. La seule différence, c’est sa nature éphémère », explique Robert Bouchard.

« Ça permet de s’exprimer, et d’entrer en contact avec d’autres joueurs et leur imaginaire. C’est magique dans le sens où ça détend », conclut-il.

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