La carcasse d’un avion reprend son envol

Par Renaud Cyr 5:30 PM - 13 avril 2023
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L’entreprise d’aviation A.V. Roe & Co. Ltd fut l’une des premières à construire des avions au début du 20e siècle. Entre 1936 et 1945, la compagnie construit 3 197 modèles Anson, dont une modèle fut acquis par la compagnie d’aviation Charlevoix-Saguenay, vu ici au ancien hangar des Bergeronnes (gauche). Photo Courtoisie

L’avion de la compagnie d’aviation Charlevoix-Saguenay qui a pris feu lors de l’incendie du hangar en 1947 aux Bergeronnes, sera bientôt prêt à reprendre son envol. Le sculpteur bergeronnais Éric Maillet utilisera la carcasse de l’avion pour un nouveau projet artistique de taille intitulé Des ailes et des hommes.

Éric Maillet a reçu un appui financier de 19 000 $ issu d’une enveloppe totale de 160 390 $, remise par le Conseil des arts et des lettres du Québec, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, et les MRC de la Côte-Nord en collaboration avec Culture Côte-Nord pour le développement de projets artistiques.

L’objectif du projet est des plus originaux : déterrer l’avion de la compagnie Charlevoix-Saguenay pour lui donner une seconde vie et l’exposer près de l’actuel Hangar Festif à proximité de la piste d’atterrissage.

« Je désire avant tout souligner l’histoire de l’aviation aux Bergeronnes avec ce projet. L’engouement pour l’aviation date des années 1940 et la piste d’atterrissage accueille encore beaucoup de touristes », rapporte Éric Maillet.

Réalisation en deux temps

La réalisation du projet Des ailes et des hommes se fera en plusieurs étapes, mais il y aura deux fabrications distinctes dans sa forme finale.

La carcasse de l’avion située près de l’ancien hangar sera d’abord déterrée avec l’aide de la compagnie Les Constructions S.R.V. des Bergeronnes.

Ensuite, le réservoir d’essence entreposé dans l’ancien hangar sera intégré dans un projet interactif. « Le réservoir sera découpé, et je vais dessiner des images au plasma sur les morceaux. Ensuite nous allons installer des lumières interactives et des détecteurs de mouvement qui serviront à éclairer le terrain près du Hangar Festif », détaille Éric Maillet.

Pour le reste de l’ossature de l’avion, le sculpteur déterminera la forme finale qu’elle prendra lorsque l’avion sera déterré.

« Je n’ai aucune idée de l’état de l’avion lorsque nous allons le sortir. À partir du moment où il sera hors de terre, je vais interpréter et considérer les possibilités », explique le sculpteur. « On va faire du jazz », rigole-t-il.

Il est trop tôt pour dresser un échéancier, mais le sculpteur laisse entendre que le projet serait prêt vers la fin de l’année.

Éric Maillet s’affairera à travailler le métal de la carcasse de l’avion Avro Anson qui sera à terme installé près du Hangar Festif des Bergeronnes. Photo Éric Maillet

Démarche unique

« Le défi de cette création sera de trouver une harmonie entre l’ancien, le moderne et la technologie tout en accentuant la vocation culturelle et l’approche festive des événements qui se déroulent à son emplacement », raconte Éric Maillet.

Le processus de récupération de l’engin sera filmé par la cinéaste Lucie Lambert.
« Ce sera mon point de départ de ma réflexion portant sur la reconfiguration, la transformation et l’intégration de l’artéfact comme matériel de création. L’appropriation des matériaux tout comme l’ancrage historique constitueront le noyau de l’œuvre », laisse entendre le bergeronnais.

La récupération de la carcasse de l’avion ne manque d’ailleurs pas de susciter l’intérêt du public. « Dans un sens, ça va être comme faire des fouilles archéologiques. Il y a déjà des gens qui m’ont dit qu’ils voulaient venir assister à la sortie de terre de l’avion », dévoile le sculpteur.

L’amour de l’aviation

Le projet est en quelque sorte un retour aux vieilles amours d’Éric Maillet, autrefois pilote d’avion. « Je suis arrivé dans le coin par l’aviation », raconte-t-il.

« Je travaillais chez Aviation du Fjord à Tadoussac, et j’ai acheté le hangar en le baptisant Les Ailes du Nord, un nom qui existait depuis 53 ans et que je trouvais évocateur des grands espaces », précise le sculpteur.

L’Avro Anson des Bergeronnes fut acquis à la Central Maritimes Airlines par la compagnie Charlevoix-Saguenay fondée par le curé Joseph Thibault en 1937.

La compagnie transportait les malades et les femmes enceintes à Chicoutimi ou Rivière-du-Loup jusqu’au déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. L’entreprise reprit ses activités jusqu’en 1947, où un incendie décima le hangar et le bimoteur Avro Anson, aujourd’hui couvert de terre et de débris divers.

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