Le Front commun à la rencontre des élus de Forestville

Par Johannie Gaudreault 9:12 AM - 10 mai 2023
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Une vingtaine de membres du Front commun étaient présents à l’hôtel de ville de Forestville le 9 mai.

« Les gens quittent et vont travailler dans le secteur privé ou dans d’autres secteurs d’activités parce que les conditions de travail ne sont pas au rendez-vous et que c’est exigeant de travailler dans le réseau de la santé et de l’éducation. Pour la vitalité d’une municipalité comme Forestville, quand on a pas de services en santé ou en éducation, il y a des conséquences. »

C’est le message qu’a lancé le président du Conseil central CSN Côte-Nord, Guillaume Tremblay, le 9 mai à la séance du conseil municipal de Forestville. « On profite de cette tribune pour vous sensibiliser parce qu’on est à la croisée des chemins. Le secteur public, c’est l’ensemble des services en santé, en éducation, dans la fonction publique. Quand le CLSC de Forestville a des coupures de services, il faut faire un lien », a-t-il ajouté. 

La CSN est un des syndicats qui forment le Front commun. Il s’est réuni avec la CSQ, la FTQ et l’APTS, qui représentent en tout et pour tout 420 000 travailleurs au Québec dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur, pour négocier la nouvelle convention collective échue depuis le 31 mars. 

Les représentants syndicaux sont bien au fait que les élus municipaux n’ont pas de pouvoir sur les négociations. « Dans les responsabilités que vous avez comme conseil municipal, ce n’est pas à vous de négocier et de vous mêler des négociations de la convention collective. Ça appartient au Conseil du Trésor. Cependant, c’est vous qui allez vivre les conséquences comme représentants d’une municipalité », a soutenu M. Tremblay.

Ce que le groupe demande aux représentants des citoyens : « à chaque fois que vous allez faire des interventions politiques, d’en parler un petit peu des enjeux que ça peut avoir pour une municipalité comme la vôtre. On a aussi préparé une résolution que vous pouvez adopter pour nous donner votre appui », a transmis Guillaume Tremblay. 

Le Front commun se déplacera dans les cinq villes les plus importantes de la Côte-Nord afin de sensibiliser les élus, un à la fois. La veille, il rencontrait le conseil municipal de Sept-Îles. Il militera également à Havre-St-Pierre, Baie-Comeau et Port-Cartier. « On va peut-être en faire d’autres ou on va peut-être revenir les voir, plus nombreux, plus bruyants, on verra », a dévoilé le co-porte-parole du regroupement. 

Revendications

Les enjeux du Front commun pour les négociations touchent les salaires, les fonds de retraite, les disparités régionales, les droits parentaux et les assurances collectives. « On a entendu parler très souvent dans les derniers mois d’inflation, tous les gens du front commun de la fonction publique sont touchés par cette inflation », a témoigné Rémi Therriault, président du Syndicat de l’enseignement de la Haute-Côte-Nord. 

« Actuellement, ce que le gouvernement nous offre, vise à nous appauvrir au lieu de nous permettre d’au moins rester au même niveau », a-t-il poursuivi en précisant que les demandes salariales du Front commun sont des augmentations, soit de 100 $ par semaine pour les bas salariés ou encore l’IPC + 2 % pour la 1re année, l’IPC + 3 % pour la 2e année, ainsi que l’IPC + 4 % pour la 3e année.

« Présentement, ce qu’on voit, c’est l’exode de nos collègues, se désole M. Therriault. Les gens partent à la retraite plus rapidement que ce qui est prévu. On va donc  toucher l’accessibilité et la qualité des soins ou des services qui sont offerts, que ce soit en éducation ou en santé et services sociaux. »

Pour l’instant, les négociations n’avancent pas suffisamment rapidement au goût du Front commun. « À date, il ne se passe pas grand-chose aux tables de négociations. L’information que l’on a, c’est que ça traîne en longueur. Malheureusement, c’est un classique. Chaque fois que l’on renouvelle une convention collective avec le secteur public, c’est toujours très long. Celle d’avant, on l’a signée ça fait environ un an », a constaté Guillaume Tremblay. 

Les syndicalistes ne peuvent que désespérer de signer une convention collective dans des délais raisonnables. « On voudrait être positifs. Le gouvernement nous dit qu’il veut négocier rapidement et que ça se fasse avant le congé estival. Par contre, il ne se présente pas aux tables de négociations, il donne une rencontre par semaine, ça prend du temps avant qu’il explique ces offres patronales. Il veut faire ça rapidement, mais ça ne paraît pas », a soupiré Rémi Therriault. 

Réponse favorable

La mairesse de Forestville Micheline Anctil s’est faite rassurante concernant son appui au Front commun. « Vous savez que j’ai travaillé dans le domaine de la santé et des services sociaux pendant 33 ans. Je me souviens. C’est très vrai que comme communauté, on est une ville de services, quand il y a des ruptures de services, c’est fort inquiétant. C’est 100 km une ambulance pour aller à Baie-Comeau. Ça pourrait être des pertes de vie », a-t-elle admis devant la salle comble. 

L’instance municipale a d’ailleurs offert son aide au CISSS de la Côte-Nord, notamment pour l’accueil de travailleurs. « Au niveau de la Ville, on a offert au CISSS Côte-Nord de travailler avec lui, à l’accueil de nouveaux travailleurs qui s’amènent, de faire connaître nos services, aider les gens en accueil et en accompagnement, pas seulement leur serrer la main », a divulgué Mme Anctil. 

Celle-ci se dit d’ailleurs favorable à la demande du ministre Christian Dubé qui souhaite que les élus s’impliquent plus pour la santé. « À quoi ça peut ressembler? Il faudra poursuivre les démarches. Je pense que le monde municipal est déjà sensible. Ça fait partie de nos services aux citoyens. C’est un tout qui fait qu’une communauté est dynamique et vivante. C’est certain qu’on a à cœur le domaine de la santé et des services sociaux ainsi que de l’éducation », a conclu l’élue forestvilloise. 

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