Explos-Nature : des plongeurs au service de la science

Par Renaud Cyr 6:45 AM - 20 septembre 2023
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Les membres du centre des sciences de la mer Huntsman ont été accompagnés dans leur rechercher par l’équipe d’Explos-Nature. Photo Explos-Nature

Les plongeurs d’Explos-Nature n’ont pas chômé cet été : en plus d’être sur le terrain avec des contrats d’interprétation sur les sites de Parcs Canada, ils participent activement à la recherche scientifique dans l’estuaire de fleuve, comme ce fut le cas pendant 2 semaines avec un organisme du Nouveau-Brunswick.

Le centre des sciences de la mer Huntsman  à Saint-Andrews au Nouveau-Brunswick a pu compter sur l’aide de l’équipe de plongeurs d’Explos-Nature des Bergeronnes dans le cadre d’un recensement d’espèces d’invertébrés dans l’Estuaire du fleuve Saint-Laurent au début du mois de septembre.

« Le projet vise à effectuer une collecte de données sur les invertébrés marins du Canada Atlantique et les répertorier », résume Sandrine Vigneron, directrice aux opérations maritimes chez Explos-Nature.

L’identification se déroule au niveau visuel et génétique, et les plongeurs ont récupéré des spécimens d’invertébrés « comme des bryozoaires ou les éponges de mer », explique-t-elle.

Des spécialistes de l’institut Huntsman étaient sur le terrain pour recueillir des échantillons à bord d’un navire, qui a parcouru l’estuaire du fleuve Saint-Laurent à différents endroits à proximité des Bergeronnes, des Escoumins, mais aussi dans le Fjord du Saguenay près de la baie Sainte-Marguerite.

Cataloguer les espèces

Bien que les données recueillies seront analysées et décryptées pendant la période hivernale, la responsable d’Explos-Nature assure qu’il est toutefois possible d’effectuer un inventaire relativement précis puisque les invertébrés « sont des animaux qui bougent très peu, et ils ne couvrent pas beaucoup de distance lorsqu’ils le font ».

« On connait encore peu les invertébrés, et ils pourraient être des bons indicateurs de la santé des écosystèmes aquatiques », indique Sandrine Vigneron.

« D’où l’intérêt d’aller échantillonner », ajoute-t-elle.

Les plongeurs sont descendus à une profondeur d’environ 25 mètres, et leur travail permet de compléter un inventaire qui « avait été fait il y a longtemps » afin de voir s’il y a un changement dans les espèces qui résident dans les eaux du fleuve, rapporte la responsable.

Projets de conservation

Le ministère des Pêches et Océans Canada (MPO) garde un œil sur les eaux de l’Atlantique, puisque le réchauffement global de la température des eaux amène son lot d’espèces envahissantes et chamboule des habitats que fréquentent les espèces d’invertébrés et de poissons, dont certains ont une grande importance commerciale.

C’est dans cette optique que le MPO chercher à mieux comprendre l’impact des disparitions de certaines espèces dans la chaîne alimentaire marine et la venue des espèces envahissantes provoquée par les changements climatiques.

Dans son dernier rapport de synthèse sur l’état de l’océan Atlantique datant de 2018, le MPO rapporte que la présence des couches de glace sur la surface de l’océan est de plus en plus variable, comme la présence nombreuse de bancs de petits poissons qui nourrissent le sommet de la chaîne alimentaire.

« Si les poissons fourrages ne sont pas présents en quantité suffisante dans l’écosystème, de nombreuses espèces dont dépendent les pêches déclineraient en raison du manque de nourriture », peut-on y lire.

Les organismes recueillis par l’équipe conjointe dans le fleuve Saint-Laurent occupent une place dans ce vaste écosystème, et leur présence sera adéquatement cartographiée suite à la compilation de données par l’institut Huntsman.

Expertise locale

Revêtus de leur combinaison étanche, descendants en mer avec des bennes et des caméras, les plongeurs d’Explos-Nature se déplacent avec aisance dans les eaux de l’estuaire du Saint-Laurent.

« C’est plaisant que les gens d’Huntsman viennent nous voir », se réjouit Sandrine Vigneron. « Ils se sentent vraiment en sécurité, et on a eu une belle expérience avec eux », conclut-elle.

Les espèces observées serviront à garnir la bibliothèque de référence pour élargir les connaissances sur les espèces qui occupent les eaux marines de l’est du Canada, et l’expertise d’Explos-Nature risque d’être au cœur des efforts de protection et de conservation futurs dans l’estuaire du fleuve.

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