Une navette fluviale entre Anticosti, la Côte-Nord et la Gaspésie « plus pertinente que jamais »

Par Émélie Bernier 11:11 AM - 21 septembre 2023 Initiative de journalisme local
Temps de lecture :

Une partie du Port de Havre-Saint-Pierre. Courtoisie Port du Havre-Saint-Pierre

L’équipe du Port de Havre-Saint-Pierre mise sur la récente nomination de l’île d’Anticosti à titre de site du patrimoine mondial de l’UNESCO pour mousser son projet de navette fluviale. Celle-ci relierait la Côte-Nord et la Gaspésie, non sans desservir à Anticosti, dans l’objectif premier d’en désenclaver la petite communauté de résidents et d’en favoriser l’accès aux visiteurs.

Parmi les arguments hypothétiques du projet déposé il y a un an, l’éventuelle accession de l’île au statut de patrimoine mondial est maintenant chose faite, se réjouit Odessa Thériault, directrice du Port. Elle estime que la navette est la « suite logique » de l’annonce de l’UNESCO. 

« C’est un gros dossier, de longue haleine, un peu comme la candidature à l’UNESCO ! On n’a pas décidé ça il y a trois mois. Il y a eu beaucoup d’étapes et on croit que la prochaine est extrêmement importante. » 

Cette étape, la réalisation d’une « vaste étude des retombées économiques, touristiques et sociales » d’un tel lien fluvial pour en évaluer les impacts sur les communautés concernées, permettra selon la directrice de « légitimer ce dossier ». « Dans un dossier de cette envergure, c’est important. On est en démarche avec des firmes et le gouvernement qui nous assiste pour voir dans le cadre de quel programme on pourrait faire financer cette étude. Ils ont besoin, eux aussi, de toutes ces données-là. Pour eux comme pour nous, c’est important », ajoute Mme Thériault.

L’éventuelle navette fluviale ne sera jamais une vache à lait pour l’État, concède-t-elle. « Dans le dépôt de projet, on prévoit un déficit opérationnel 7 et 8 millions $ annuellement. Il ne faut pas oublier qu’aucun service de traversier n’est rentable au Québec. »

Ce lien est cependant essentiel pour désenclaver la communauté d’Anticosti, estime-t-elle. « Quand on crée une route dont on a besoin, on ne regarde pas comment la rentabiliser, mais comment desservir une population ! »

Le Port agit à titre de « porteur de ballon » dans ce dossier depuis le début. « On est un OBNL qui travaille en concertation avec les partenaires concernés. On n’est ni une municipalité, ni un privé, ni une organisation gouvernementale », précise la directrice générale.  

Si le projet va de l’avant, d’importantes infrastructures devront être ajoutées au Port de Havre-Saint-Pierre. « Ça nous amènerait un développement complètement nouveau pour le port. On a déjà annoncé une subvention pour une étude de modernisation de nos installations et l’étude a commencé il y a quelques semaines. Disons que l’annonce de l’UNESCO arrive à un timing assez particulier ! »

La mise en place de la navette fluviale ne se ferait pas du jour au lendemain. Elle impliquerait notamment la construction d’un nouveau quai dans le port de Havre-Saint-Pierre. « L’annonce de l’entrée d’Anticosti, c’est un argument massue en faveur de notre projet ! Là, il faut vraiment bien faire les choses. C’est un projet de longue haleine qui implique la mise en place d’infrastructures aux trois pôles. On peut prévoir quelques années avant de voir accoster la navette, mais on croit que l’étude d’impact va venir justifier ce déploiement. »

Partager cet article