Un Centre d’amitié autochtone s’installe à Baie-Comeau

Par Karianne Nepton-Philippe 2:00 PM - 2 octobre 2023 Initiative de journalisme local
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Jessica Nanipou devant le grand shaputuan, qui se situe en face des bureaux d’Homme Aide Manicouagan. 

Le rassemblement, le partage, l’aide et l’accès aux services sont les principaux objectifs du Centre d’amitié autochtone de Baie-Comeau, maintenant ouvert pour les membres des communautés autochtones habitant la ville, mais aussi pour ceux qui sont de passage. 

L’organisme à but non lucratif a déjà commencé à offrir des services. Présentement, les locaux d’Homme Aide Manicouagan, partenaire dans le projet, servent pour organiser des activités. Un grand shaputuan a aussi été érigé juste en face pour valoriser la symbolique de l’initiative. Cependant, l’organisme est en démarche pour acquérir des locaux adaptés à ses besoins. 

Répondre aux besoins

C’est le 2 octobre que le Centre d’amitié autochtone de Baie-Comeau a été officiellement inauguré. 

« Le besoin de rassemblement est déjà de l’avant. Ce sera aussi d’offrir des services adaptés à tous les niveaux, comme en santé, services sociaux, culturels, selon les besoins de la communauté autochtone citoyens de Baie-Comeau, mais aussi ceux qui sont de passage ici », explique Jessica Nanipou, investigatrice et chargée de projet du projet de Centre d’amitié autochtone.

L’objectif est de desservir le plus de monde possible pour les besoins qui seront spécifiques à chacun.

Celle qui a travaillé 10 ans pour le Centre d’amitié autochtone Saguenay, où des services ont été développés, comme en éducation ou en santé, est déménagée dans la région il y a un an. « Moi-même, étant nouvellement résidente de Baie-Comeau, je trouvais qu’il manquait énormément de services adaptés pour nous », indique-t-elle. 

« C’est important l’accompagnement […] pour intégrer plus facilement les services autour. J’ai déjà organisé des activités pour les étudiants et des personnes ici, comme des cuisines collectives », poursuit-elle. 

Patrick Desbiens, codirecteur chez Homme Aide Manicouagan, note pour sa part : « J’en suis à ma 14e année à Homme Aide Manicouagan. Au niveau des besoins de tout ce qui touche les réalités autochtones, au départ c’était entre 25 et 30 Innus et aujourd’hui, c’est entre 200 et 250 Innus qui viennent chercher des services. »

Grégoire Canape a offert une courte cérémonie avant la partie protocolaire.

Besoin de subventions 

Une subvention du CISSS Côte-Nord de 65 000 $ pour adapter les services d’Homme Aide Manicouagan aux réalités autochtone aura finalement déclenché un processus qui aboutit aujourd’hui. « Au départ, c’était surtout de la formation sur les réalités autochtones, sur la sécurisation culturelle et l’intervention », explique M. Desbiens. 

Concrètement, cette première étape d’adaptation a donné l’idée d’aller de l’avant avec la création du Centre d’amitié autochtone. 

Présentement, Jessica Nanipou s’occupe seule de tout ce qui touche le centre. « C’est certain qu’avec le financement qu’on attend, ça va vraiment venir bonifier les services. Les gens sont motivés, ils sont prêts à donner de leur implication. Il nous faudrait à peu près un 300 000 $ pour vraiment tout déployer et avoir des employés », précise-t-elle. 

L’équipe de Centraide Haute-Côte-Nord Manicouagan, présente à l’inauguration, a dévoilé une aide financière de 20 000 $.

Yves Montigny, Marcel Furlong et Michel Desbiens ont pu repartir avec une plume d’outarde.

Lieu de rassemblement 

La directrice générale du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ), Tanya Sirois, explique qu’à travers les services qu’offre un Centre d’amitié autochtone, le but est de permettre aux gens de se rassembler de façon sécuritaire. 

« On peut venir de différents milieux, les populations autochtones. On peut avoir eu une enfance plus difficile ou plus facile, mais le dénominateur commun, c’est d’avoir vécu du racisme et de la discrimination », lance la Baie-Comoise d’origine. 

« Les centres d’amitiés dans les années 1950 ont été créés pour faire ce lieu de rassemblement là […], pour améliorer la qualité de vie des populations autochtones dans les villes, promouvoir nos cultures et favoriser le rapprochement entre les peuples », explique-t-elle. 

Mme Sirois mentionne que le centre de Baie-Comeau est le 12e à ouvrir au Québec. De plus, elle en dénombre 120 partout au Canada.  « Donc vous n’êtes pas seuls, on fait partie d’une famille et ça, c’est important. On essaie aussi toujours de respecter nos valeurs », souligne-t-elle en s’adressant aux personnes présentes à l’inauguration.

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