Quatre timbres pour la Vérité

Par Sylvie Ambroise ǀ Initiative de journalisme local 4:00 PM - 4 octobre 2023
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Jean-Guy Pinette, ex-pensionnaire participant à la semaine de guérison organisée par le centre de santé de Uashat mak Mani-utenam, pour souligner la Journée de Vérité et Réconciliation. Photo Sylvie Ambroise

Postes Canada a lancé, le 28 septembre, une planche de quatre timbres représentant les pensionnats de Kamloops en Colombie-Britannique, le pensionnat de l’Île-à-la-Crosse en Saskatchewan, le pensionnat de Grollier Hall à Inuvik et le pensionnat de Sept-Îles à Maliotenam. 

Le lancement de ces quatre timbres est pour souligner la Journée nationale de la Vérité et de la Réconciliation, le 30 septembre. On veut amener le public canadien à réfléchir à la vérité au sujet des pensionnats.

Jean-Guy Pinette est un ex-pensionnaire. Il a fréquenté le Pensionnat de Notre-Dame situé à Maliotenam et fermé en 1971. Il est originaire de Lac-John, à Schefferville. Il avait 7 ans.

Lorsqu’on lui a montré la planche de timbres lancée par Postes Canada, il y a eu un long et lourd silence. Ses yeux étaient semi-fermés et ses lèvres ont commencé à trembler. 

« Je ressens de la tristesse » a-t-il finalement dit, brisant le silence. 

Monsieur Pinette parle beaucoup de la fracture entre ses parents et lui. 

« Le plus dur, c’est au niveau du mental. On ne venait pas d’ici. On s’ennuyait de nos parents et de notre communauté. Cela a eu de graves répercussions », dit-il. 

Les habiletés parentales n’ont pas été transmises. 

« Les enfants rentraient là à 4 ans. Ce sont encore des bébés… Moi, j’ai travaillé dans le milieu scolaire. Et je regardais ces enfants-là, à la maternelle, cela m’a frappé. Je n’ai pas pu continuer à travailler dans ce secteur, parce que cela a réveillé beaucoup de choses. »

Un dortoir qui fait peur

Jean-Guy Pinette souligne le fait que les enfants qui étaient malades étaient dans le dortoir, seuls et qu’on ne s’occupait pas d’eux.

« On lui donnait une aspirine, et on le laissait là, une journée, deux jours, trois semaines… quand tu es jeune, c’est épeurant dans le grand dortoir. Il n’y avait pas d’infirmières ni de médecins », ajoute-t-il. 

Même aujourd’hui âgé de 62 ans, M. Pinette n’est pas encore complètement remis de cette période. « Je suis toujours dans un processus de guérison. »

Il participe d’ailleurs à la Semaine de guérison, organisée par la communauté de Uashat mak Mani-utenam, spécialement pour souligner la Journée nationale de la Vérité et Réconciliation de samedi. 

Cette journée pour lui c’est « de parler et de raconter son histoire, son vécu, ce qui amène à s’aimer plus, tu as plus confiance en toi et tu vas chercher ton autonomie. Ce n’est pas se réconcilier avec d’autres personnes, c’est se réconcilier avec toi-même en premier. Le reste, on verra cela plus tard. » 

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