Les élèves immigrants plus nombreux et mieux accueillis

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 10 octobre 2023
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L’enseignante de la classe d’accueil, Marie-Pierre Morency, accompagnée de ses élèves. Photo : CSS de l’Estuaire

Depuis les deux dernières années, le nombre d’élèves issus de l’immigration monte en flèche dans les établissements du Centre de services scolaire (CSS) de l’Estuaire. Actuellement, on en compte 19 dans les classes et ce nombre sera revu à la hausse au cours de l’année scolaire. 

« Ça se maintient, l’an passé et cette année, on n’a pas d’augmentation. Ils arrivent durant toute l’année scolaire. On en a trois qui vont arriver prochainement. On peut seulement les inscrire une fois qu’ils sont arrivés ici », explique la directrice adjointe des services éducatifs, responsable du dossier des étudiants immigrants, Diane Pardiac. 

Les trois nouveaux venus porteront donc le nombre à 22 et « on en a d’autres en attente ». « C’est toujours comme ça. Tant qu’ils ne sont pas arrivés, on ne peut pas les calculer dans notre clientèle », ajoute Mme Pardiac.

Des élèves en provenance d’autres pays ont déjà été accueillis au sein du CSS de l’Estuaire par le passé, mais « à moins grande échelle que les deux dernières années ». Selon la directrice adjointe, on retrouve des immigrants dans presque chaque école du territoire. 

Les enfants à accueillir proviennent de différents pays. Présentement, la majorité est en provenance des Philippines. « On en a aussi un peu de la Russie et de l’Ukraine. Ça varie. Les Philippines, on en a plusieurs », dévoile Diane Pardiac. 

À l’école St-Luc de Forestville, trois élèves originaires des Philippines ont d’ailleurs été accueillis au préscolaire cette année. 

« On travaille en étroite collaboration avec Manicouagan Interculturelle et le Carrefour jeunesse-emploi de la Haute-Côte-Nord », précise la responsable. 

Le CSS de l’Estuaire prévoit un accueil personnalisé pour tous ses élèves issus de l’immigration afin de faciliter leur intégration. La nouvelle classe d’accueil, ajoutée à l’école Bois-du-Nord de Baie-Comeau, fait aussi partie des moyens d’intégration utilisés par l’institution.

« Cette année, on fait de la sensibilisation auprès de l’ensemble du personnel des écoles qui accueillent ces élèves. On travaille aussi avec la direction interlinguistique du ministère qui vient nous chapeauter et nous alimenter dans ce qu’on peut faire », divulgue la gestionnaire.

À Bois-du-Nord, par exemple, un des projets est d’inclure les parents, ainsi que les enfants, dans notre monde scolaire, dans la culture québécoise. « Mais, on veut qu’ils viennent eux aussi nous teinter de leur culture. Il y a des activités qui sont en train de se mettre en branle à ce niveau-là », de faire savoir Mme Pardiac. 

Chaque école est responsable des activités d’accueil de ses élèves immigrants. Le CSS de l’Estuaire apporte du soutien à celles qui le demandent. 

Une classe adaptée

La classe d’accueil, que fréquentent 7 élèves issus de l’immigration, a été instaurée à la suite de constatations survenues l’an dernier, notamment au niveau de la barrière de la langue. 

« L’année passée, les enfants étaient intégrés dans des classes ordinaires. Le souci qu’on avait c’était vraiment de venir permettre aux élèves qui sont issus de l’immigration d’acquérir la langue française à un niveau suffisant pour poursuivre leurs études », témoigne Diane Pardiac.

Comme les recherches le démontrent, les élèves doivent être en immersion pour apprendre la langue.
« On est dans la période embryonnaire, donc c’est difficile de voir comment ça se présente. On va attendre un peu avant de nommer les effets de cette classe-là. Mais, nous on la régule pour voir comment les élèves se sont intégrés », poursuit Mme Pardiac. 

Au final, le but est de diriger les élèves de la classe d’accueil vers les classes régulières, selon leur degré.
Un maximum de 16 à 17 élèves peut y étudier en même temps. 

Recommencer à zéro

Les élèves issus de l’immigration doivent recommencer à zéro quand ils s’assoient à leur pupitre. La barrière de la langue les oblige à revoir des notions de base pour qu’ils puissent évoluer dans leur cheminement scolaire, mais rien d’insurmontable, preuves à l’appui.

La directrice de l’école Bois-du-Nord, Sandy Loiselle, voit déjà des progrès chez les 7 élèves qui fréquentent maintenant la classe d’accueil. « Ils apprennent vite et maintenant, ils sont capables de nous faire de petites phrases en français », observe-t-elle. 

L’enseignante Marie-Pierre Morency en témoigne également, elle qui suit de près les progrès de ses nouveaux amis en provenance de Colombie, des Philippines, du Maroc et de Cuba. 

« Ils apprennent très rapidement. Ç’a commencé avec de petits mots et maintenant, ils me demandent » est-ce que je pourrais aller aux toilettes s’il vous plaît ? », dévoile celle qui parle de plus en plus en français dans sa classe. 

Au départ, Mme Morency a dû utiliser ses connaissances en anglais et espagnol pour pouvoir aider ses élèves à comprendre les notions.

Google Translate a également été un outil important pour briser la barrière de la langue, au départ. 

« C’est de recommencer à la base pour qu’ils apprennent les mots en français, souligne la directrice. Ils ne connaissent pas l’alphabet, les lettres, les sons. Marie-Pierre en connaissant très bien la première année, ça nous permet de repartir avec eux en première année et ils vont évoluer beaucoup plus rapidement, c’est sûr. » 

En plus du français, les enfants doivent acquérir des notions de mathématiques, selon leur niveau scolaire respectif.

« Je dois toucher un peu aux sciences, on fait de l’art dramatique également pour apprendre le français. Ils ont de la musique, de l’éducation physique et de l’art plastique », ajoute Marie-Pierre Morency.

Pour les sciences et les autres matières, les élèves de la classe d’accueil sont intégrés dans les groupes réguliers « pour apprendre à se faire des amis de leur âge et jouer dans la cour avec eux ».

« On les intègre dans certaines classes et dans certains projets », confirme l’enseignante. 

Peu de difficultés

Outre l’apprentissage d’une nouvelle langue, la directrice de l’école ne voit pas d’autres difficultés qui se mettent en travers du chemin des élèves et de l’enseignante. « À part la barrière de la langue, je ne vois pas de cultures différentes. Je ne le sens pas comme ça », affirme-t-elle. 

Selon Mme Morency, « les parents sont très ouverts ». « Ils veulent que leur enfant apprenne le français. Les parents aussi apprennent le français de leur côté donc ça leur permet vraiment de pratiquer ensemble à la maison. »

La professeure de 24 ans d’expérience mentionne toutefois qu’il soit issu de l’immigration ou non, un enfant reste un enfant.

« Les enfants viennent peut-être d’autres pays, mais ce sont des enfants. Ils ont besoin d’un temps d’adaptation. Les règles de notre école sont peut-être différentes des leurs. On doit les répéter aux Québécois francophones, donc c’est la même chose pour eux », divulgue-t-elle. 

En ce qui concerne leur intégration dans l’école, les étudiants étrangers sont très bien accueillis par leurs pairs baie-comois aux dires des professionnelles de l’enseignement. 

« Les enfants sont très généreux. Ils sont curieux, ils veulent apprendre leur langue et ils veulent leur en montrer aussi. Ils vont les chercher pour jouer au ballon. Ils les intègrent dans leur jeu. Quand ils sont arrivés, ç’a été naturel d’aller vers eux. C’est vraiment beau de voir ça », commente Mme Loiselle. 

Marie-Pierre Morency, enseignante de la classe d’accueil, et Sandy Loiselle, directrice de l’école Bois-du-Nord. Photo courtoisie

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