Un premier vaccin destiné aux abeilles mellifères a été approuvé pour le Canada

Par Nicole Ireland 4:00 PM - 21 octobre 2023 La Presse Canadienne
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L’Agence canadienne d’inspection des aliments a autorisé sous conditions un vaccin oral destiné à protéger les abeilles domestiques contre une maladie appelée loque américaine, qui peut anéantir des colonies entières si elle n’est pas traitée. Photo La Presse Canadienne/Alvaro De la Mora-Université de Guelph

Le premier vaccin destiné aux abeilles a été approuvé pour une utilisation au Canada.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments a autorisé sous conditions un vaccin oral destiné à protéger les abeilles mellifères contre une maladie appelée loque américaine, qui peut anéantir des colonies entières si elle n’est pas traitée.

Le fabricant, Dalan Animal Health, établi aux États-Unis, a annoncé l’approbation canadienne dans un communiqué de presse le 16 octobre.

Le vaccin peut être utilisé au Canada «sous surveillance vétérinaire», a indiqué l’agence d’inspection des aliments dans un courriel.

La loque américaine est causée par la bactérie Paenibacillus larvae qui produit des spores résistantes à l’environnement et qui peuvent persister pendant des années dans une ruche, a indiqué Ernesto Guzman, directeur du Honey Bee Research Center de l’Université de Guelph.

Les abeilles ouvrières dans la ruche peuvent transporter les spores et propager la maladie, mais ce sont les abeilles au stade larvaire qui présentent des symptômes cliniques d’infection, a expliqué M. Guzman.

«Si elles ingèrent suffisamment de ces spores, elles se décomposeront et pourriront dans la ruche», a ajouté Stephen Pernal, responsable national de la recherche sur les abeilles mellifères à Agriculture et Agroalimentaire Canada.

«Quand elles font cela, la bactérie se multiplie et produit des milliards de spores supplémentaires. Et ces spores peuvent en fait infecter d’autres abeilles en développement», a déclaré M. Pernal, qui est également responsable de la ferme de recherche Beaverlodge dans le nord de l’Alberta.

Les larves en décomposition prennent une couleur foncée et dégagent une odeur de poisson, a-t-il souligné.

Réduire l’utilisation d’antibiotiques

La loque américaine est souvent traitée «très judicieusement» avec des antibiotiques en Amérique du Nord, mais il existe des cas où des ruches contenant des dizaines de milliers d’abeilles doivent être brûlées, a rappelé M. Pernal.

Avoir un vaccin est «un autre élément dans notre boîte à outils» pour lutter contre la maladie, a-t-il fait valoir.

Selon M. Guzman, protéger les abeilles contre les maladies est «extrêmement important» pour la production alimentaire humaine.

«On estime qu’un tiers de la nourriture que nous consommons dans les sociétés occidentales est produite grâce aux services de pollinisation des abeilles», a-t-il relevé.

Si le vaccin est efficace, il peut réduire l’utilisation d’antibiotiques, ce qui «diminue la possibilité qu’un antibiotique puisse être transporté dans le miel et entrer dans la chaîne alimentaire humaine», a ajouté M. Pernal.

«Le miel est certainement un produit qui est testé pour diverses choses, y compris les antibiotiques, mais chaque fois que vous réduisez cet apport dans le système — qu’il s’agisse des abeilles mellifères ou de la production d’autres animaux au Canada — c’est une chose souhaitable», a-t-il déclaré.

Le vaccin contient des bactéries mortes Paenibacillus larvae et agit en amenant la reine des abeilles, qui pond les œufs, à l’ingérer. La protection immunitaire du vaccin est transmise aux larves d’abeilles en développement.

Le vaccin est mélangé à une pâte de sucre en poudre et de sirop de glucose que les abeilles ouvrières mangent et leurs sécrétions sont données à la reine des abeilles.

Du laboratoire au monde réel

Des essais de recherche financés par Dalan Animal Health ont montré une diminution de 30 à 50 pour cent de l’infection par la loque américaine parmi les larves d’abeilles mellifères dont la reine a reçu le vaccin par rapport aux ruches placebo.

La clé, ont déclaré MM. Guzman et Pernal, sera de voir si le vaccin a le même effet dans le monde réel, notant que les essais ont été menés dans des environnements contrôlés en laboratoire.

«Si cela finit par fonctionner lorsque davantage d’essais seront menés sur le terrain, ce sera un excellent outil pour contrôler cette maladie particulière, a dit M. Guzman. (Cela) pourrait également ouvrir la voie au développement d’autres vaccins qui pourraient être utiles à l’apiculture et à l’industrie des insectes.»

Le vaccin devrait être «distribué sur une base limitée aux apiculteurs commerciaux au Canada… à partir du printemps 2024», a indiqué Dalan Animal Health dans un communiqué de presse.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments a approuvé le vaccin fin septembre, a déclaré un porte-parole de l’organisation dans un courriel.

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