Le PQ offre de «nationaliser» les écoles privées

Par Patrice Bergeron 7:45 AM - 28 octobre 2023 La Presse Canadienne
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Le chef du Parti québécois à l’Assemblée nationale la semaine dernière. Photo La Presse Canadienen /Jacques Boissinot

Un gouvernement péquiste interdirait à toutes les écoles financées par l’État, publiques ou privées, de sélectionner en fonction des notes ou du comportement les élèves des programmes particuliers.

Cette proposition fait partie d’un cahier de résolutions étoffé sur l’éducation obtenu par La Presse Canadienne qui sera débattu en fin de semaine au Conseil national du Parti québécois (PQ), à Saint-Hyacinthe. 

Ce rassemblement comportera des ateliers à la fois sur l’égalité des chances, sur la revalorisation du rôle de l’enseignant, ainsi que sur le développement préscolaire et le soutien aux adolescents.

Le PQ en a même profité pour faire un clin d’œil à son option dans son cahier de propositions en citant l’ancien ministre Jacques-Yvan Morin: «l’éducation est la clé de la souveraineté».

Écoles privées

En outre, le PQ, qui s’était déjà positionné pour la fin des subventions aux écoles privées, nuance cette fois sa position en proposant de les «nationaliser». 

Ainsi, s’il prend le pouvoir en 2026, il offrirait à toutes les écoles privées subventionnées d’être financées à 100 % et de devenir alors «conventionnées», ou encore, de rester non conventionnées et de perdre progressivement leur financement – un peu comme les CHSLD conventionnés ou non.

Le modèle actuel des écoles privées subventionnées «creuse les inégalités, divise notre société et va à l’encontre des valeurs fondamentales d’équité et d’égalité des chances du Parti québécois», peut-on lire. 

En complément, un gouvernement péquiste s’engagerait à ce que toutes les écoles financées par l’État offrent un choix de projets particuliers. Par contre, on ne pourrait plus donc exclure des élèves en fonction de leurs résultats scolaires ou leur comportement. 

Avec ce bouquet de mesures, le PQ vise à assurer l’égalité des chances et veut mettre fin à ce qu’on surnomme «l’école à trois vitesses»: une école qui reproduit les inégalités, où «les élèves reçoivent une éducation différenciée en fonction de leur origine sociale ou leur rendement scolaire», peut-on lire.

Par école à trois vitesses, on entend soit une école publique avec un programme régulier, soit une école publique sélective avec des programmes particuliers, ou encore une école privée.

Dans un bulletin en mai 2023, l’Observatoire québécois des inégalités affirmait: «si les familles ne se soucient pas au passage du primaire au secondaire du choix de l’école et du programme de leur enfant, elles risquent de le voir être confronté à des difficultés d’accès et de réussite au postsecondaire.»

Le Conseil supérieur de l’éducation avait conclu dans un rapport que l’école québécoise était la plus inégalitaire au pays. 

Même l’ONU demande désormais au Canada de l’informer «sur les mesures prises pour assurer aux élèves un accès égal à l’éducation dans le cadre du système scolaire à trois vitesses au Québec».

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a toutefois déjà tranché qu’il n’avait pas l’intention de mettre fin à l’école à trois vitesses.

Revaloriser la profession 

Pour revaloriser la profession d’enseignant, le PQ propose notamment d’améliorer les conditions de travail en diminuant les ratios élèves/enseignant, mais aussi en mettant sur pied un comité indépendant pour solutionner la pénurie d’enseignants en proposant des mesures.

Enfin, dans l’atelier sur le développement préscolaire et le soutien aux adolescents, le PQ veut entre autres améliorer la détection des problèmes de santé mentale et leur traitement. 

Outre l’interdiction des dispositifs électroniques personnels en classe qu’il défend depuis longtemps, le parti propose veut mieux analyser les connaissances sur l’usage des écrans en milieu scolaire, et produire des directives ministérielles sur cet enjeu, pour mieux outiller les jeunes et les familles.  

Le PQ est galvanisé actuellement par les sondages et sa récente victoire contre la Coalition avenir Québec (CAQ) dans l’élection complémentaire de la circonscription de Jean-Talon.  

Le parti a déposé cette semaine le portait des finances d’un Québec souverain qui a été amplement débattu dans l’actualité.  

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