Grèves à venir dans le secteur public: le PQ anticipe une «crise sociale majeure»

Par Caroline Plante 12:30 PM - 3 novembre 2023 La Presse Canadienne
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Le député Pascal Paradis à l’Assemblée nationale. Photo La Presse Canadienne/ Jacques Boissinot

Québec doit s’entendre rapidement avec les employés du secteur public s’il veut éviter une «crise sociale majeure», estime le député péquiste de Jean-Talon, Pascal Paradis.

Il participait vendredi à une interpellation au Salon bleu avec la ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, sur le thème de la pénurie de main-d’oeuvre.

M. Paradis a plaidé qu’on pouvait la juguler, et que tout était une question de choix politiques. Il a critiqué la décision du gouvernement Legault de baisser les impôts au coût de 9,2 milliards $. 

«L’argent est là où le gouvernement choisit de le mettre, a soutenu M. Paradis. Les Québécois disent il y a une pénurie de main-d’oeuvre particulièrement dans le secteur de l’éducation, réglez-la!»

Les 420 000 membres du front commun intersyndical tiendront une journée de grève lundi prochain. Les infirmières de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) vont débrayer les 8 et 9 novembre.

À moins d’une entente avec le gouvernement, les 65 000 enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) déclencheront une grève générale illimitée le 23 novembre.

«Est-ce que les (travailleurs) comptent assez pour (…) qu’on leur offre les conditions qu’ils méritent afin de juguler le problème de pénurie de main-d’oeuvre?», a demandé M. Paradis, vendredi.

Selon lui, une «crise sociale majeure» se prépare, alors qu’un demi-million de travailleurs de l’État partiront en grève la semaine prochaine. «La balle est dans le camp du gouvernement», a-t-il insisté.

La ministre Champagne Jourdain, qui n’est pas responsable de la négociation avec le secteur public, lui a répondu qu’elle allait «faire le message» à sa collègue, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

L’offre que celle-ci a déposée dimanche dernier a été qualifiée par les syndicats de «nettement insuffisante».

Mme LeBel propose 10,3 % d’augmentation salariale sur cinq ans, en plus d’un montant forfaitaire de 1000 $ la première année.

À cela s’ajoute une somme équivalant à 3 % réservée à des «priorités gouvernementales», ce qui fait que le gouvernement présente son offre comme valant 14,8 % sur cinq ans.

Vendredi, M. Paradis a dit vouloir «déboulonner certains mythes quant à l’offre du gouvernement».

«Nos fonctionnaires sont moins rémunérés que les comparables. L’écart du salaire global des travailleurs québécois avec les travailleurs d’entreprise de 200 employés et plus est de 9,4 % en 2021.

«Si on compare avec les autres travailleurs fédéraux et municipaux, c’est un écart de 27,5 %», a martelé le député péquiste.

Par ailleurs, «le gouvernement dit toujours que l’offre est de 14,8 % en moyenne. (…) Or, seulement 26 % des travailleurs concernés actuellement vont avoir des offres différenciées jusqu’à 14,8 %.

«La vérité, c’est que 74 % des travailleurs concernés vont avoir une augmentation de 10,3 %. Ça veut dire 2,06 % par année en dessous du taux d’inflation», a poursuivi M. Paradis.

Le gouvernement propose «d’appauvrir» les employés du secteur public, ce qui «ne permet pas de les attirer, ni de les retenir», soutient-il.

Le front commun réclame un contrat de trois ans, soit l’Indice des prix à la consommation (IPC) plus 2 % pour la première année, ou bien 100 $ par semaine, selon la formule la plus avantageuse pour les travailleurs.

Puis, il réclame l’IPC plus 3 % pour la deuxième année, et l’IPC plus 4 % pour la troisième année.

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