Environnement: quoi suivre en 2024?

Par Émélie Bernier 6:30 AM - 11 janvier 2024 Initiative de journalisme local
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On connaîtra enfin les tenants et aboutissants de la stratégie de protection du caribou forestier et montagnard. Courtoisie: Peuple Loup

De quoi sera faite l’actualité environnementale cette année? Voici quelques chantiers à surveiller.

Le Plan Nature 2030 de la CAQ : la barre des 30 %

Le Plan Nature 2030 de la Coalition avenir Québec doit permettre d’atteindre les cibles de conservation de 30 % des milieux naturels de la province, suivant le Cadre mondial de Kunming — Montréal pour la biodiversité. Une vaste consultation publique a été menée en 2023 et les résultats sont attendus cette année. Les mesures du Plan se déclineront selon trois axes : donner davantage accès aux Québécois à la nature et atteindre la cible de conservation de 30 % du territoire d’ici 2030 ; agir sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité et protéger nos espèces menacées et vulnérables ; appuyer le leadership autochtone en matière de conservation de la biodiversité. Un budget de 650 M$ sur sept ans lui est alloué. Le compte à rebours est commencé. Quelles seront les actions concrètes de ce plan en 2024 ? À suivre.

La Stratégie de protection du caribou forestier et montagnard : enfin

Québec devait dévoiler la stratégie « caribou », maintes fois reportée, avant la fin de l’année 2023. Le 19 décembre, le ministre Benoît Charette déclarait qu’il reportait le dévoilement à la « mi-janvier ou à peu près ». Rappelons que la raison invoquée pour justifier les plus récents reports est l’ampleur des feux de forêt qui ont ravagé le Québec l’été dernier, dont une partie de l’habitat de l’animal emblématique des Innus, Atik. La patience du fédéral s’étiole dans ce dossier.

Mi-décembre, la stratégie était « en consultation auprès des ministères » et « pour ainsi dire prête » selon les propos du ministre Charette. Début janvier, elle devrait être soumise au conseil des ministres avant de faire l’objet d’une consultation auprès des communautés des Premières Nations.

Rappelons que les communautés d’Essipit et Mashteuiasth ont avisé qu’elles intenteraient un procès pour manquement en matière de consultation et d’accommodement entourant les enjeux de leur animal emblématique en 2024, si le Québec « persiste à ne pas les inclure davantage dans la démarche ». Reste à voir si les consultations prévues suffiront pour renverser le processus judiciaire.

Le ministre a avisé que la stratégie ne fera pas l’affaire des groupes « qui sont campés », qu’ils soient environnementalistes, autochtones et industriels.

Deux projets d’aires protégées d’initiative autochtone sont sur la table, soit celle de Pessamit pour protéger un territoire incluant une partie du réservoir Pipmuacan et le projet du Conseil de la nation innue d’Essipit (Essipiunnu-meshkanau), une aire protégée de plus de 1 200 km qui permettrait à la nation d’atteindre un objectif de protection de 30 % de son Nitassinan.

Anticosti et l’UNESCO, la suite

Consacrée Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2023 après un processus qui a duré 7 ans, l’île d’Anticosti doit maintenant prendre cette nomination prestigieuse par les cornes. Comme l’a si bien dit l’ex-maire John Pineault, ce titre est un « coffre à outils ». Comment Anticosti bâtira-t-elle son futur ? La capacité d’accueil insulaire, le projet de navette fluviale mené par le Port de Havre-Saint-Pierre et la création d’un parc marin Anticosti-Mingan en cogestion par Parcs Canada et la Sépaq ne sont que quelques-uns des sujets qui feront sans aucun doute les manchettes. Un dossier à suivre en 2024, mais également pour plusieurs années à venir.  

Parlant de parc marin…

Les gouvernements québécois et canadien ont annoncé en mars 2023 un important projet d’agrandissement pour le parc marin Saguenay–Saint-Laurent, premier parc du genre opéré en cogestion par les deux paliers. L’agrandissement contribuerait à protéger les écosystèmes d’une partie de l’estuaire du Saint‑Laurent et ferait passer de 37 % à 100 % la proportion de l’habitat essentiel du béluga intégrée dans le parc. Une consultation conjointe est prévue à l’automne 2024.

Le Québec, appuyé par le BAPE, a toutefois autorisé la Société des traversiers du Québec à effectuer des travaux de dragage au port de Rivière-du-Loup, et ce, pour les 10 prochaines années. La zone de travaux se situe dans l’habitat essentiel du béluga.

La crevette dans l’eau chaude

Alors que le homard profite des variations à la hausse de la température de son habitat, tout indique que la crevette nordique en pâtit. La plus récente revue scientifique de Pêches et Océans Canada (MPO) conclut que la biomasse du petit crustacé a atteint ses valeurs les plus faibles des 30 dernières années dans les zones de pêche de la Côte-Nord. Et un revirement de la situation ne semble pas probable. La refonte de l’approche de précaution, qui oriente les décisions du ministère des Pêches et Océans en matière de quotas de pêche, pourrait avoir une incidence importante sur une industrie déjà fragilisée dès 2024.

La mobilité durable sous la loupe à Baie-Comeau

Une chargée de projets en mobilité durable est à pied d’œuvre depuis septembre à Baie-Comeau et la Ville souhaite que l’année 2024 soit celle du lancement de son Laboratoire de mobilité durable. Ce laboratoire, dont on espère attacher le financement en début d’année, aura pour mission de tester diverses options sur le territoire. Un sondage mené en 2023 a permis de cerner certains enjeux et d’autres consultations sont prévues afin de développer une offre cohérente… et dont le fardeau financier pourra être supporté à long terme.

Protéger l’eau potable à la source

La Ville de Baie-Comeau procédera en 2024 à l’élaboration d’un plan de protection de sa source d’eau potable. Celui-ci permettra de « tenir compte des menaces identifiées dans l’analyse de vulnérabilité pour définir et planifier la mise en œuvre de mesures de protection », indique la coordonnatrice environnement et développement durable de la Ville, Julie Malouin. La démarche consultative et collaborative identifiera les orientations, objectifs et mesures de protection concrètes et de suivi pour s’assurer de la préservation de la qualité de l’eau qui abreuve les Baie-Comois.

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